Le cheval a-t-il vraiment besoin d’une activité physique pour se sentir bien ?

Il y a une croyance qui perdure et qui dit que le cheval a besoin d’un certain niveau d’activité physique pour se sentir bien aussi bien physiquement que mentalement. J’aimerais tordre le cou une bonne fois pour toutes à cette croyance qui est pour moi le reflet d’un manque de connaissance du cheval ou d’une forme de déni…

Vous allez voir qu’en réalité cette croyance a pour racine l’environnement de vie du cheval et que si cet environnement correspond à ses besoins, il n’y a pas de raisons pour qu’un cheval ait besoin d’avoir un certain niveau de dépense physique pour être « bien ».

Contexte du cheval au box et désinhibition

Lorsque le cheval vit au box la plupart du temps ou dans un enclos assez restreint comme un petit paddock dans lequel il n’a clairement pas la place de s’élancer au galop. Au moment où vous allez le lâcher dans un plus grand espace il peut se produire un phénomène que l’on appelle la désinhibition.

Pour vous expliquer ce phénomène très simplement, disons que lorsque le cheval est au box, du fait de l’espace limité, il va inhiber tous ses comportements liés au mouvement. S’il ressent un stress, il n’aura pas le choix entre la fuite, l’agressivité et l’inhibition comme il l’a habituellement ; il sera forcé d’utiliser l’inhibition.

L’inhibition c’est le fait de rester statique et de ne pas réagir à un stimuli. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de stress pour autant, bien au contraire. C’est la stratégie de la grenouille qui fait la morte quand le serpent passe près d’elle, ou de la fille qui se cache dans un placard dans les films d’horreurs. Ainsi s’il se passe quelque chose d’effrayant et qu’il est au box, il ne pourra pas fuir ni agresser donc sa seule réaction possible sera l’inhibition.

Lorsque vous sortez votre cheval du box pour sa séance de travail, il va soudainement avoir la possibilité d’exprimer de façon spectaculaire toutes les réactions possibles au stress puisqu’il va se trouver dans un plus grand espace. De même il y a des chances aussi pour qu’il soit plus réactif aux éléments extérieurs : c’est la désinhibition.

Si en répétant les séances de travail tous les jours (ça peut ne pas être suffisant pour certains) ou en le mettant au pré, vous remarquez que votre cheval devient plus calme au quotidien, alors c’est que vous avez à faire à la désinhibition.

Dans ce cas là, ça veut également dire que dans les moments où votre cheval est vraiment terrible au travail, vous luttez contre des défenses qui sont causées par un environnement de vie inadapté. Vous vous retrouvez à avoir une relation conflictuelle avec votre cheval, à devoir reprendre inlassablement les mêmes choses, ce qui va évidemment détériorer son moral à long terme et abîmer la relation que vous avez avec lui ou au moins l’empêcher de s’améliorer.

Votre cheval n’a pas nécessairement besoin de travailler davantage pour être calme, il a surtout besoin d’un environnement de vie mieux adapté. Sachant que tous les chevaux ne réagissent pas de la même manière dans un même environnement, il faut vraiment faire vos propres observations et tests au cas par cas.

Contexte du cheval au pré

Dans le contexte d’un cheval vivant au pré intégral ou au pré la journée et au box la nuit, ce phénomène de désinhibition n’apparaît pas et on se rapproche de conditions de vie idéales surtout si le cheval est en troupeau autant que possible.

Je ne crois pas qu’un cheval qui vive au pré avec des congénères puisse avoir besoin d’une activité physique supplémentaire. C’est seulement quelque chose que l’on aime se faire croire pour se justifier de devoir monter son cheval. C’est vrai en tout cas pour les personnes qui ont une certaine culpabilité avec le fait de monter à cheval.

L’équitation n’a pas d’utilité en tant que tel pour les besoins du cheval étant donné qu’il peut subvenir par lui-même à son besoin de mouvement. En revanche elle devient nécessaire lorsque le cavalier se fixe certains objectifs.

Lorsque le cheval est d’un tempérament proche de l’homme et volontaire, qu’il a appris à interagir avec son cavalier, qu’une relation profonde s’est installée et qu’il prend plaisir dans ces moments là, alors il peut devenir véritablement demandeur pour travailler. Cela se remarque à l’accueil qu’il vous fait lorsque vous allez le chercher et à la volonté qu’il mettra dans le travail.

Contexte du cheval qui reprend le travail

Dans le contexte d’un cheval qui reprend le travail, on a souvent le cliché du cheval hystérique, fou furieux, en orbite autour de vous et il est acquis pour beaucoup que comme il n’a pas travaillé depuis longtemps, il faudra le dégazer.

En réalité, ce phénomène est assez rare et là aussi il témoigne de quelque chose qui ne convient pas soit dans l’environnement et qui entraîne la désinhibition, soit dans la méthode de travail et qui entraîne de fortes émotions et du stress.
Lorsque le travail est devenu pour le cheval une source de stress, d’inconfort et d’incompréhension, il est normal qu’il manifeste un certain mécontentement, désaccord ou qu’il soit très émotif à la reprise de celui-ci.
Si vous êtes dans ce cas de figure, vous devriez envisager de faire quelques changements.

Mais il y a aussi une deuxième catégorie de chevaux, ce sont ceux qui sont mieux après une période d’arrêt du travail. Et c’est ce qui devrait se produire chez tout cheval bien dans sa tête et bien dans son environnement.
On a alors le sentiment que le cheval a eu le temps d’assimiler et d’intégrer les apprentissages qu’il a fait dernièrement et il est entièrement disponible physiquement et mentalement pour la reprise.
Dans ce cas là, ne changez rien !

Le cheval n’a donc pas besoin d’une activité physique régulière, il a surtout besoin d’un environnement de vie adapté et qui lui permette de répondre à son besoin de mouvement.
Et si aujourd’hui vous constatez que votre cheval a effectivement besoin d’un certain niveau d’activité physique pour être bien, c’est que vous avez un vrai problème par rapport à ses conditions de vie et/ou de travail. Si vous n’y remédiez pas, vous allez devoir maintenir un certain niveau d’activité très régulier ou devoir faire face régulièrement aux phénomènes de désinhibition.

Tags:

2 Responses

  1. Bonjour,
    Je suis entièrement d’accord avec vous. J’ai racheté une jument à mon club quand il a fermé, elle vit depuis 18 mois au pré, on sort de temps en temps en balade. Bref, rien de bien fou !!
    Quand elle était au club, elle était éteinte, elle fuyait tout, le contact avec les humains, avec les autres chevaux, dès qu’elle stressait, autrement dit tous les jours !!
    Depuis, elle est zen, métamorphosée, elle vient me voir quand j’entre dans le pré, elle cherche les gratouilles et en balade, elle se contrefiche de tout également tracteurs, chiens qui aboient, bestioles qui déboulent dans ses jambes, rien ne la perturbe. Pour avoir passé des heures à observer mes chevaux, entre manger et faire la sieste, il ne se passe pas grand chose. Juste un peu d’excitation quand j’apporte un nouveau ballot de foin ! Et pour ce qui est des sorties après une longue période sans monter, bah…. rien non plus !
    Donc, oui, l’environnement et le mode de vie y compris les personnes qui s’occupent d’eux, conditionnent le comportement des loulous mais bon, c’est une évidence, enfin j’espère !

  2. Bonjour,
    Entièrement d’accord également; j’ai 6 chevaux qui vivent en troupeau ,1 poulinière,1 vieux retraité, 3 chevaux de sport, 1 poulain, ils ont accès à 3 prés de 2 hectares chacun en rotation pour éviter de les dégrader trop. Ils ont également un accès libre à leurs boxes dans lesquels je les enferme 1 heure matin et soir le temps d’une ration pour éviter les disputes, ils sont obligés de revenir vers les boxes pour boire. j’ai essayé de respecter la devise des 3 F des anglais, le cheval a besoin d’avoie accès à Food , Friends et Freedom . Je pense que les miens ont une vie assez relaxe et n’éprouvent à mon avis aucune envie de travailler, quand j’en sors un du troupeau il traîne un peu les pieds au début, mais une fois en selle tout va bien. Quand je traverse le pré, ils viennent au trot vers mois sans appréhension même si j’ai un licol à la main, sauf le vieux qui connaît la musique et reste en retrait. J’ai des objectifs de compétition en CSO amateur, c’est pourquoi j’en travaille trois, 40 minutes chacun tous les 2 jours, ils sont toujours disponibles et jamais de sauts de moutons ni de coups de cul.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Enregistrer mon nom, mon e-mail et mon site web dans le navigateur pour mon prochain commentaire.