Rendre son cheval heureux et tout faire pour son bien-être est l’une de nos préoccupations à partir du moment où l’on devient propriétaire. J’ai remarqué quelque chose d’assez intéressant à ce sujet et je voulais le partager avec vous.
Le bien-être du cheval avant tout
Bien sûr que le bien-être du cheval est essentiel si vous voulez avoir un cheval qui soit heureux, mais je pense qu‘il y a un juste milieu à trouver là-dedans car le mieux est aussi parfois l’ennemi du bien.
En vérité tout le monde n’a pas la même définition du bien-être du cheval et ça va de la définition la plus minimaliste qui prend en compte les besoins physiques du cheval en matière de nourriture, l’absence de douleur et la sécurité qui sont d’ailleurs définis en agriculture pour l’élevage et la détention d’animaux jusqu’à une liste de critères de plus en plus poussés.
Le mode de vie tient bien sûr une part importante pour le bien-être du cheval, il n’y a pas de débat là-dessus, mais on peut le pousser jusqu’à la la pratique de l’équitation. Ce qui se résume bien souvent par le choix des outils que l’on utilisera : cravache, éperons, mors, bride. Puis du type de méthode d’éducation que l’on choisira consciemment ou non d’ailleurs.
Ce qui est dommage c’est qu’en condamnant ces outils et ces méthodes, on ne s’attaque pas vraiment au coeur du problème. Car dans toutes les méthodes aussi naturelles et aussi peu contraignantes pour le cheval qu’elles puissent paraître, il y a toujours des abus et des dérives. Même chose pour les outils qui n’en restent pas moins tous douloureux si vous vous en servez mal. Et enfin, même quand la contrainte n’est pas visible et qu’elle ne s’exerce pas physiquement, ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas une contrainte morale.
Donc vous ne pouvez pas changer d’outils et de méthode en pensant que vous serez sauvé et que vous entrerez au paradis des cavaliers qui respectent leur chevaux. Car en réalité, tout cela n’est qu’une question de connaissances d’une part et de compétences d’autre part.
Ce que j’essaye de vous dire en fait, c’est qu’il ne devrait pas y avoir de jugements de valeurs en équitation.
La culpabilité véhiculée par les réseaux sociaux
Sur les réseaux sociaux, on se rend bien compte que tout ce qui touche au bien-être du cheval touche de plus en plus de monde, tant pour sensibiliser en dénonçant ce qui est encore jugé comme normal qu’en partageant du contenu visant à montrer l’exemple et conseiller.
Pour moi, ce qui en ressort c’est que ce qui est véhiculé sur les réseaux sociaux est à la fois révoltant et culpabilisant pour la simple et bonne raison qu’il y a majoritairement du négatif et de la critique. Comme si tout n’était jamais assez bien fait, jamais assez beau, jamais assez éthique. En gros il y a toujours quelque chose qui ne plaît pas, il y a toujours quelqu’un qui sera là pour mal interpréter et pour critiquer.
C’est comme si que pour être un bon cavalier il fallait absolument ne faire que des choses pour lesquelles on pourrait rajouter « parce que c’est pour le bien-être de mon cheval » car si ce n’était pas le cas alors vous seriez un méchant humain égoïste qui ne pense qu’à son propre plaisir avant le bien-être de son cheval (et qui mériterait d’aller en enfer). Bref chacun y va de son jugement et encore une fois, ce ne sera jamais assez bien aux yeux des autres…
Finalement en suivant ce raisonnement, comment ne pas trouver cela hypocrite venant de personnes dont le hobby est de monter sur le dos d’un cheval ?
A trop vouloir sensibiliser et imposer sa propre vision du bien-être du cheval, on en arrive à créer une pression sur les autres cavaliers qui se culpabilisent de plus en plus dans leur pratique juste parce que ce qu’ils ne sont pas capables de monter en cordelette ou d’apprendre des tours à pied à leur cheval.
Le danger avec ça, c’est de descendre dans une spirale de mal-être pour le cavalier car il doit alors faire un choix. Soit il pratique selon ses envies mais en ressentant une certaine culpabilité à le faire parce que c’est perçu comme quelque chose de mauvais, de pas respectueux pour le bien-être du cheval. Soit il renonce carrément à ce dont il avait initialement envie pour pratiquer autrement l’équitation et se rapprocher davantage de la vision du bien-être du cheval qu’on lui a inculqué malgré lui.
Ce qui est triste là-dedans c’est que dans les deux cas, vous ne pouvez pas vous épanouir et vous sentir heureux dans votre pratique. Soit parce que vous pratiquez ce qui vous fait plaisir mais avec cette culpabilité et cette anxiété au fond de vous, soit parce que vous vous êtes privé de ce qui vous faisait rêver initialement pour pratiquer l’équitation d’une manière que les autres approuvent mais qui ne vous motive pas, qui ne vous nourrit pas tant que ça au fond de vous.
C’est pour cela que j’aimerais attirer votre attention aujourd’hui sur ce qui vous fait plaisir en équitation.
Non pas ce que les autres veulent vous voir faire, non pas ce que vous pensez qui est le mieux de faire, mais juste ce que vous avez le plus envie de faire vous pour votre propre plaisir…
Est-ce que vous poursuivez vos envies à vous ? Ou est-ce que vous poursuivez les rêves de quelqu’un d’autre ?
Il y a une dualité qui est apparue entre la notion de plaisir que vous pouvez ressentir à pratiquer l’équitation et la notion de bien-être du cheval, comme si les deux ne pouvaient pas exister ensemble. Or il est totalement faux et caricatural de vouloir opposer ces deux notions qui pour moi ne peuvent pas exister l’une sans l’autre.
Suivez vos envies et votre cheval vous suivra
Maintenant j’aimerais vous donner une bonne raison pour laquelle vous devriez arrêter de vouloir faire comme les autres veulent que vous fassiez et de penser à ce qui vous fait plaisir à vous et ce qui fait plaisir à votre cheval et uniquement ça. Car malheureusement, les jugements des autres ne vous rendront jamais heureux.
On est d’accord pour dire que chaque cheval a son propre tempérament, sa personnalité et qu’il a donc aussi ses propres goûts et ses préférences tout comme nous.
Ce qu’il se passe certainement si vous culpabilisez de votre pratique, vous ne voulez pas imposer forcément vos envies à votre cheval parce que vous pensez que ce n’est pas quelque chose qui lui plaît de base, alors vous vous mettez à penser que ce sont les goûts de votre cheval qui vont dicter vos choix en matière d’équitation.
Mais il y a un autre constat que j’ai pu faire aussi à ce sujet, c’est que votre cheval aimera aussi faire avec vous ce qui vous plait et ce qui vous fait plaisir à condition de le lui proposer sans culpabiliser.
Prenons un exemple tout simple : Quand vous étiez à l’école, vous aviez vos matières préférées et vous aviez plus de facilités dans ces matières là. Ces préférences là sont liées à vos goûts et à votre personnalité.
Mais il vous est aussi sûrement déjà arrivé de tomber sur un prof passionné par sa matière et qui vous a appris à aimer sa matière même si ce n’était pas le cas pour vous au départ. Et bien ça c’est ce que votre cheval peut vivre si vous vous autorisez à pratiquer vos disciplines préférées avec passion.
Autre chose à prendre en compte là-dedans, c’est la contagion émotionnelle. Vous savez c’est le fait de pouvoir transmettre vos émotions à une autre personne ou à votre cheval et inversement. En gros, si vous êtes inquiet, préoccupé ou que vous vous méfiez de quelque chose, il y a des chances que votre cheval le ressente et qu’à son tour il se méfie de quelque chose et s’inquiète beaucoup plus facilement que d’habitude.
Alors bien sûr ça ne fonctionne pas avec tous les chevaux car tous n’ont pas la même sensibilités ni les mêmes expériences avec les humains (certains ont appris à se couper des émotions humaines et à en faire abstraction) mais il se trouve que c’est quelque chose d’assez naturel et que nous aussi nous sommes influencés malgré nous par l’état émotionnel des autres personnes autour de nous.
Si par exemple, vous entrez dans une pièce avec uniquement des personnes agacées, tendues et énervées alors au bout de deux heures vous en ressortirez avec la même agressivité même si vous n’avez aucune raison de l’être.
La contagion émotionnelle n’existe pas que dans le sens négatif vers la peur ou vers la colère… Elle fonctionne également pour les émotions positives. Donc si vous vous sentez profondément heureux et joyeux alors vous allez rayonner différemment et votre cheval le percevra lui aussi.
C’est grâce à ça qu’il m’est possible d’affirmer que si vous êtes heureux et fier du travail de votre cheval, alors il le ressentira et sera heureux à son tour tout simplement !
C’est quelque chose que j’ai pu observer chez tous mes élèves et à différentes échelles, pour vous donner quelques exemples :
L’un aime aller se promener dehors à cheval et ça tombe bien son cheval aussi ! En revanche il n’aime pas faire du travail à pied et son cheval se montre d’assez mauvaise volonté à ce sujet. Ceci dit, son cheval change d’humeur si c’est moi qui le fait travailler sur un nouvel exercice à pied parce que j’adore apprendre des choses aux chevaux.
L’autre a des problèmes personnels et l’humeur de son cheval varie considérablement selon l’humeur du cavalier qui le monte.
Mon cheval Garnet aime avoir de l’occupation, sauter des obstacles et faire plaisir aux humains (pas compliqué ce cheval) et c’est pour ça qu’il est toujours partant pour faire ce qu’on lui propose et qu’il n’hésite pas à venir nous voir dès qu’il le peut.
Moi j’aime les sensations qu’on peut avoir en dressage et lui apprendre de nouvelles choses. Les séances qui nous font le plus plaisir sont celles où il a la sensation d’avoir une énigme à résoudre et de devoir trouver la solution, la bonne réponse pour être récompensé.
Ce que je peux vous conseiller pour avoir un cheval plus heureux au travail c’est :
- Identifier vos propres envies en matière d’équitation : Qu’est-ce qui vous fait plaisir ? Qu’est-ce qui vous fait rêver ? Qu’est-ce que vous aimez le plus pratiquer et de quelle manière exactement ?
- Identifier les points forts de votre cheval : Quel est son tempérament ? Qu’est-ce qu’il préfère faire et dans quelles circonstances rechigne-t-il le moins ? Ce qui peut aussi vous amener à vous demander a-t-il suffisamment envie d’être avec vous ? Si non comment faire pour qu’il apprécie davantage votre présence ?
- Pratiquer tout cela le plus souvent possible : Faites ce qui vous fait plaisir et votre joie sera communicative, et faites ce qui lui fait plaisir et sa joie vous comblera de bonheur. Vous pouvez aussi aller plus loin en cherchant comment concilier vos envies pour que vous éprouviez tous deux du plaisir le plus souvent possible.
Si vous voulez rendre votre cheval heureux, il est important de répondre à ses besoins et de lui offrir une vie qui soit en adéquation avec ses besoins. Mais il est essentiel également de connaître vos propres goûts ainsi que ceux de votre cheval pour connaître tous les aspects du couple que vous formez.
Si vous éprouvez du plaisir à faire ce que vous faites avec votre cheval, alors il sera heureux de participer avec vous car vous lui transmettrez votre joie et votre passion. Mais si vous doutez, si vous vous forcez à faire quelque chose que vous n’aimez pas juste parce que vous pensez que c’est bien pour votre cheval, alors il risque de ne pas aimer non plus.
Bien sûr, c’est valable dans l’autre sens également. Si vous pratiquez ce que votre cheval aime plus souvent alors vous le trouverez certainement plus heureux ce qui vous remplira également de bonheur.
Pour faire simple, si vous êtes heureux, si vous aimez ce que vous faites et si vous êtes fier de votre cheval, alors lui aussi sera tout à fait heureux avec vous.
MES CONSEILS POUR TRAVAILLER VOTRE CHEVAL tout en respectant son bien-être
Les grands principes à respecter pour pratiquer une équitation plus agréable pour votre cheval et plus confortable et pourquoi le avec ou sans mors n’est pas un débat.
Tous ceux qui y ont goûtés sont devenus accrocs à ces sensations…
6 Responses
Tellement important cette contagion émotionnelle ! Soyez heureux, votre cheval vous le rendra.
Merci Alexandrine !
C’est très intéressant. Merci . Mais comment reconnaître ce que le cheval aime ?
Cordialement
Anne sophie
Bonjour Anne-Sophie,
Cela passe principalement par l’observation et la connaissance du comportement du cheval. Quand vous passez beaucoup de temps avec le même cheval et que vous commencez à bien le connaître, à connaître ses réactions et à savoir déceler son humeur du jour alors vous pourrez observer plus facilement ce qu’il aime car vous le verrez montrer plus d’intérêt et plus de bonne volonté que d’habitude.
J’espère que cela vous éclairera mais c’est vrai qu’il faut un peu d’observation 😉
Bravo pour ce joli plaidoyer plein de finesse, d’intelligence …. et de bienveillance. Je suis tellement d’accord avec vous ! 🙂
Bonsoir,
Comme je suis heureuse d’avoir lu votre article car il reflète exactement ce que je ressens. J’ai toujours l’impression de ne pas faire les choses assez bien, de ne pas être à la hauteur parce que un tel arrive à faire faire des tours à son cheval, un autre monte de telle façon. Bien sûr les vidéos qu’on nous montre sont le fruit d’un long travail mais nous donnent plutôt l’impression que tout s’est fait rapidement, du coup si au bout de 2 ou 3 séances on n’arrive pas au même résultat c’est la déception. J’ai vu récemment une vidéo qui montrait la façon de mettre un licol, en spécifiant que les hommes (ou femmes) de cheval s’y prenaient comme ça. Personnellement je n’ai jamais mis un licol de cette façon, même si j’essaie d’avoir les mouvements le plus doux possible , j’ai donc culpabilisé mais en y réfléchissant je me suis dit que je ne devais pas être si mal que ça puisque mon cheval vient vers moi dès que j’arrive dans la prairie. Nous sommes heureux ensemble et c’est tout ce qui compte, même si je suis très loin d’être une « femme de cheval » parfaite. Cependant je ne rejette pas forcément tout dans ce que je vois et certes il y a des bases mais comme les enfants, chaque cheval est différent et ce qui fonctionnera avec l’un ne fonctionnera pas avec un autre
Bonjour Nathalie,
Vous devriez déculpabiliser et vous recentrer sur vous et votre cheval car c’est le cheval qui est le seul juge. Si besoin en arrêtant de regarder ce que font les autres sur les réseaux sociaux si cela s’avère nécessaire.
Il y a tellement de façons de mettre un licol ! Je dois dire que je ne saurais même pas décrire comment je m’y prends tellement je m’y prends de manière différente selon les circonstances.
Ne vous jugez pas trop durement car il n’y a que votre cheval qui peut le faire, alors observez-le 😉