Comment bien choisir son cheval ?

En ce moment, je suis en plein dans le sujet alors je voulais partager un peu avec vous, ce que j’ai pris l’habitude d’observer pour évaluer et choisir un cheval.

La morphologie

Commençons par le côté physique, l’anatomie qui nous permet avec un cheval d’aplomb d’observer les forces et faiblesses du modèle. Bien sûr cette analyse là se faisant en statique, il faudra aussi l’associer à une analyse aux 3 allures.

Commençons par l’âge du cheval car selon son âge, il sera plus ou moins facile d’évaluer la qualité de la morphologie du cheval.

Ainsi, le pire âge pour choisir son cheval se situe certainement autour des 1 et 2 ans.

A la limite, on est un peu plus sûr en regardant un poulain âgé d’une semaine. Ensuite il vaut mieux faire cette analyse sur des chevaux de 3 voire 4 ans pour les plus tardifs. Il m’est déjà arrivé d’observer un ibérique de 3 ans absolument parfait, devenir beaucoup moins beau l’année de ces 4 ans où il est devenu sous-lui du derrière.

Passé cette introduction, nous allons tout passer en revue.

D’abord, la longueur du dos et du rein. Un mauvais dos, trop long est un inconvénient car il demandera plus de travail et aura tendance à davantage s’enseller.
Le rein c’est la chaîne de transmission de l’énergie de l’arrière-main vers l’avant-main. Un cheval avec un rein long ou une mauvaise attache de rein donnera l’impression d’avoir un cheval en deux morceaux. Lorsque le rein est mal attaché on voit un petit creux entre les lombaires et le sacrum.

Ensuite on regarde la forme de l’épaule et de la croupe et comment elles se situent l’une par rapport à l’autre. Le plus facile a repérer c’est la hauteur du garrot par rapport à la croupe. Bien sûr, on préfère toujours avoir un garrot au même niveau voire légèrement plus haut que la croupe.

Les épaules sont importantes et doivent être suffisamment fortes pour recevoir la poussée de l’arrière-main. En gros, ça doit être harmonieux, si on a un cheval avec une belle croupe mais de petites épaules étriquées, le cheval aura du mal à recevoir la poussée de l’arrière-main et il ne pourra pas utiliser toute sa puissance pour se propulsion (ou alors en restant sur les épaules). Si à l’inverse, le cheval a une belle épaule mais une arrière-main faible alors le potentiel d’énergie de l’arrière-main sera bien moins important.

La forme de l’épaule varie selon les races et les usages mais c’est surtout à quelle hauteur se trouve l’angle articulaire entre l’omoplate et le bras qu’il faut regarder et comparer avec l’angle articulaire de la croupe entre le bassin et le fémur.

La croupe doit être plutôt longue et plate car cela donne un bon potentiel pour le rassembler. Quand je dis longue et plate, je parle de la longueur entre le sacrum et la base de la queue et l’angle d’inclinaison de l’os du bassin. Les franches montages par exemple ont des croupes particulièrement belles et idéales.

L’encolure prédispose l’équilibre naturel du cheval mais elle a une importance mineure et on rencontre beaucoup de chevaux de qualité malgré des encolures pas toujours idéales. Un cheval a l’encolure épaisse aura plus de force et plus de moyens de résister qu’avec une encolure grêle. On préfère en général des encolures longues mais je pense que ça n’a pas spécialement d’importance.

En revanche l’attache de l’encolure est plus intéressant à observer. Une encolure attachée haut laisse moins de place à l’erreur qu’une encolure attachée bas que l’on peut facilement renverser. Le coup de hache n’est que la conséquence d’un garrot prononcé accompagné d’un encolure attachée bas.

La largeur du poitrail donne une indication sur les capacités du cheval à porter son cavalier. Néanmoins, il ne faut pas oublier qu’au plus un cheval est large et au plus il demandera de travail pour son assouplissement.

Et enfin les articulations donnent une idée de la rusticité du cheval. On préfèrera des tendons et des articulations bien sèches et sans déformations.

Les aplombs sont à prendre en compte si vous voulez pratiquer une discipline de façon assez intensive. Un mauvais aplomb va entraîner un effet boule de neige sur les articulations supérieures et peut conduire à une usure prématurée. Certains défauts d’aplombs sont plus embêtants que d’autres, mais là encore tout dépend de l’usage que vous voulez faire de votre futur cheval.

La locomotion

Si l’observation de la morphologie du cheval nous donne des indices sur ces forces et faiblesses, il faut également prendre en compte que parfois, les choses sont bien différentes lorsque l’on regarde le cheval se déplacer.

Par exemple une croupe puissante et active avec des postérieurs qui s’engagent peut compenser la mauvaise impression d’un dos un peu long. Une encolure mal greffée peut devenir moins gênante si l’épaule est belle et que le garrot monte.

Le cheval est vivant et en le regardant se déplacer on comprend mieux comment il utilise son corps et éventuellement comment il compense ou pas les petits inconvénients de sa morphologie.

Pour révéler la locomotion d’un cheval, il faut donc l’observer en mouvement aux 3 allures et avec un maximum d’impulsion.

Dans le pas, c’est surtout la symétrie qui est intéressante. Regardez donc de dos et de face, le mouvement des épaules et des hanches et leur symétrie ainsi que le port de queue. De profil, on observe le niveau d’engagement du postérieur (attention c’est aussi une conséquence chez certaines morphologies de chevaux avec de grandes jambes) mais aussi la rectitude et la symétrie, si les traces postérieures se posent dans l’axe des traces antérieures ou plutôt à l’intérieur ou à l’extérieur.

Au trot, vous remarquerez immédiatement le rebond. L’activité de l’arrière-main est bien visible à cette allure, ainsi on voit si effectivement le cheval pousse particulièrement avec son arrière-main ou pas. Un cheval qui pousse fort avec son arrière-main est préférable à condition que son épaule soit en mesure de réceptionner cette impulsion.

Lorsque le cheval a davantage d’impulsion au trot, il va prendre une position d’encolure particulière. Les chevaux qui se mettent en position de ramener naturellement en liberté auront naturellement notre préférence. Ceux qui privilégient un port d’encolure haut peuvent nous laisser penser qu’ils ont un meilleur équilibre.

Pour le galop, il y a différentes qualités de galop et différents équilibres au galop. Un cheval avec une foulée de galop courte et du rebond comme le montrent souvent les pur-sang arabes ont naturellement un bon équilibre dans cette allure. Attention, de ne pas trop aller dans cet extrême, un grand cheval avec une foulée de poney démontre une raideur évidente.

D’autres chevaux, je pense aux races allemandes pour le dressage montrent un galop ample mais avec un joli mouvement d’épaule et un relèvement de l’avant-main. Ce type de galop est aussi de bonne qualité puisqu’il y associe un bel équilibre.

A l’inverse les galops de mauvaises qualités ont un temps de suspension faible, l’allure est particulièrement rapide, le cheval semble galoper ventre à terre ou alors avec une foulée très longue comme chez certains trotteurs.

En liberté, vous pouvez observer les postures que prend le cheval dans les départs, les arrêts et demi-tour. C’est un moyen assez facile d’évaluer un cheval car il suffit d’observer avec quelle aisance, quelle agilité et rapidité il fait demi-tour puis repart. Un cheval à l’aise avec son corps et son équilibre sera capable de figures acrobatiques impressionnantes légères et rapides.

Le caractère

Le caractère fait également partie des critères de certains cavaliers permettant ainsi de savoir si le cheval conviendra à l’usage auquel on souhaite le destiner.

Une grande part du caractère du cheval réside de sa génétique. Renseignez-vous si possible sur les parents et leur tempérament vous donnera déjà une bonne indication car il n’est pas toujours évident de se faire une idée précise en moins de 30 minutes.

La grégarité se manifeste facilement en isolant le cheval de son groupe. Ce n’est valable bien sûr que s’il vit déjà en troupeau.

La sensibilité et l’impulsion s’observe par le fait que le cheval réagit fortement au plus petit de vos gestes ou dans l’excès inverse, avec un cheval froid il faudra beaucoup plus d’énergie pour le mettre en mouvement et il s’arrêtera beaucoup plus vite si vous ne faites plus rien. Au plus un cheval est sensible et au plus son éducation demandera de la précision.

En l’observant dans le troupeau ou en posant la question au vendeur vous saurez facilement s’il est dominant ou pas. En général ça a assez peu d’importance pour son éducation mais un cheval dominant remettra plus facilement en question les limites que vous lui imposerez et vous demandera donc de savoir faire preuve d’autorité quand c’est nécessaire.

Et enfin, il peut être utile de le confronter un peu à la peur pour se rendre compte s’il pourrait être adapté pour de l’extérieur. Pour ça, rien de mieux qu’un objet inconnu et simplement observer son comportement. Les chevaux curieux et qui vont naturellement voir se qu’ils ne connaissent pas sont mieux adaptés pour l’extérieur.

Comparer pour faire son choix

Dans tous les cas toutes ces indications seront plus facile à comprendre pour vous si vous avez l’occasion de pouvoir comparer les morphologies, locomotions et caractères de différents chevaux. Au plus vous en verrez des différents et au mieux vous vous rendrez compte de leur variétés et de leurs différences.

Et bien sûr, au-delà du choix objectif du cheval, il y a toujours une part sentimentale et c’est bien normal. Il y a des chevaux avec qui on s’entendra mieux que d’autres et c’est aussi à prendre en considération dans votre choix.

C’est normal aussi d’avoir une part de doute, de se demander si on a choisi le bon cheval, s’il ne faudrait pas plutôt en essayer d’autres pour être sûr. Bon c’est normal de douter parce que c’est quand même une décision importante et lourde de conséquences !

Je pense qu’une fois que le coeur a parlé, il faut au moins valider votre choix objectivement par la réflexion comme ci-dessus et que ce choix soit en cohérence avec vos envie bien sûr.

Ne perdez pas votre temps avec un cheval avec du sang ou un caractère difficile si vous êtes débutant et que vous souhaitez faire de la promenade. A l’inverse, si vous voulez aller en concours, soyez exigeant sur la qualité des aplombs.

J’espère que cet article vous aura aidé en tout cas à mieux former votre oeil pour observer les différentes caractéristiques des chevaux et vous faire un avis le plus objectif possible.

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