C’est un billet un peu plus personnel que je vous livre cette fois-ci. En fait j’aimerais partager avec vous tous cette belle équitation qu’est l’école française et dont nous sommes en train de perdre l’héritage. Pourtant tout est là, dans les ouvrages des maîtres écuyers de Baucher, La Guérinière, L’Hotte, Beudant et tant d’autres.
J’avais toujours eu dans la tête cet idéal de légèreté, de rassembler et de travail au poids du cuir mais sans aucune idée de comment m’y prendre pour y parvenir. Je savais d’avance que je ne trouverais pas ce que je cherche dans les grands clubs de la région. Je recherchais donc un enseignant pour me perfectionner en dressage et haute-école principalement et c’est là que j’ai rencontré Guy Boivin.
Très rapidement il m’a parlé de rétablissement de l’empilage des masses, de synchronisation des masses, d’alignement de la poussée des masses et de rapport équilibre, impulsion, portage. Tout cela me semblait totalement nouveau et inédit. Alors que j’avais l’impression de “tourner en rond” depuis un moment en équitation, tout à coup je me sentais ignare et maladroite, incapable de ressentir ce qu’il me faisait remarquer. Après quelques années, je ne peux que saluer les progrès accomplis et tout ceux qu’il me reste encore à faire.
Collaborer avec le cheval
J’ai découvert que l’équitation pouvait être merveilleusement subtile car les chevaux sont eux-mêmes et par nature tout aussi sensibles. Ils ressentent parfaitement les différences dans l’assiette de leur cavalier alors que c’est trop souvent la dernière des préoccupations en équitation. Les cavaliers veulent faire faire des choses à leur cheval, ils imposent et contraignent sans s’en rendre compte.
Ici on utilise le langage corporel du cavalier (assiette, poids du corps, positionnement) pour inciter le cheval à faire par lui-même, les aides ne sont là que pour suggérer le mouvement. C’est ce que disait L’Hotte “avec les aides moins on fait, mieux on fait” et “proposer et laisser faire”. C’est déjà une forme de légèreté mais on peut aller encore plus loin si l’on prend garde à faire les demandes au bon moment.
En utilisant ses aides en fonction du poser des membres on effectue notre demande lorsque le cheval est le plus disposé à nous donner le mouvement souhaité. Bien sûr cela suppose de connaître parfaitement les poser des membres de toutes les allures mais aussi de les ressentir en selle. Rien d’impossible, il suffit d’un peu d’entraînement tout simplement.
En travaillant son cheval de cette manière, pas besoin de force ni de contrainte, on est ainsi capable de ressentir ce que le cheval est capable de nous donner donc pas de risque d’aller trop vite. C’est la meilleure manière de travailler en décontraction, dans le respect du cheval et avec sa collaboration.
Développement du “sentiment”
Le sentiment c’est la capacité du cavalier à ressentir son cheval, sa locomotion, ses raideurs, ses difficultés physiques et de tenir compte de ses informations perçues pour le travail de son cheval.
Globalement nous n’observons et ne ressentons pas assez nos chevaux, trop de cavaliers se contentent de dire que leur cheval est raide d’un côté par ce qu’il “tire” sur cette rêne et que celle de l’autre côté a tendance à rester détendue. L’assouplissement et le travail du cheval va bien au-delà si l’on prend en compte qu’il possède comme nous un diagonal (et non un latéral) porteur (génère l’impulsion et le portage du cavalier) et un diagonal habile. En prenant des vidéos au ralenti on observera facilement ces dissymétries entre les deux diagonals et dans certains cas, c’est visible à l’oeil nu.
Je ne connais pas de cavalier qui se rende compte que leur cheval a du mal à simplement les porter. De même pour les déplacements latéraux où personne ne prête attention sur quelle épaule le cheval met son poids et dans certain cas il fuit sur cette épaule au lieu de se propulser avec ses postérieurs et d’alléger l’avant-main ce qui fait perdre tout le bénéfice de l’exercice. En fait la plupart des cavaliers ne se rendent compte du manque de souplesse de leur cheval que lorsqu’il se couche sur le cercle ou qu’il semble plus difficile à incurver d’un côté que d’un autre.
Une équitation saine
Cette équitation en plus d’être belle est saine pour le cheval. Pourquoi l’équitation de haut niveau créée des pathologies au cheval comme des tendinites, boiteries ou blocages en tout genre ? Ici c’est l’inverse qui se produit : les chevaux désavantagés physiquement, qui présentent des pieds bots et autres anomalies travaillent tout aussi bien et sans dommages. En prenant de l’âge on observe qu’ils vieillissent mieux que les autres chevaux et vivent plus longtemps. Les mauvaises langues parleront de hasard et de bonne constitution, les aguerris parleront d’une équitation respectueuse du cheval.
L’école française ce n’est pas seulement les airs de haute-école, on y apprend aussi tous les petits exercices très simples qui viennent avant et qui permettent d’avoir un cheval plus juste, qui travaille mieux. C’est un travail profondément respectueux du cheval et qui améliore la capacité du cavalier à ressentir et comprendre son cheval. C’est ma plus récente expérience équestre et je pense avoir encore beaucoup de choses à observer, ressentir et améliorer. J’espère que ces explications vous donneront envie de découvrir vous aussi cette équitation.
Plus d’infos :
Possibilité de cours et de stages dans l’Oise en Picardie avec votre cheval. N’hésitez pas à demander plus de renseignements.
Quel superbe article !
Merci Alexandrine pour ce partage qui donne envie de persévérer encore et toujours !
Merci Sophie, je suis ravie que ce format inédit t’ai plu !
Je recherchais depuis longtemps le fil à suivre qui me permettrait de communiquer à d’autres cavaliers cet ensemble de nuances sur lesquelles doivent se construire l’équitation et son enseignement. Prendre en contact la sensibilité de tout cet entourage: quelle découverte!
Merci beaucoup! J’adore vos articles ! Vraiment ! Ils sont très enrichissants ! Merci encore