[Lecture] Légèreté : témoignage d’une femme de manège

Pascale Berthier, auteur de cet ouvrage est une professionnelle du monde du cheval qui a vécu en France puis en Allemagne. Elle enseigne aujourd’hui l’équitation de légèreté, celle où le cheval se rassemble généreusement sur des rênes lâches. Ce livre est le témoignage de l’enseignement qu’elle a suivi auprès de J-C Racinet (1929-2009) et concentre les éléments de base à connaître et à comprendre pour aborder la légèreté.

La légèreté

Jean-Claude Racinet au piaffer en descente de main

Le mot est lancé et voilà le thème principal de cet ouvrage « léger… léger… léger… »

Mais pas de légèreté possible sans un cavalier précis, à sa place et qui est capable de céder en une fraction de seconde. Au plus le cavalier est capable de céder rapidement et au plus il peut obtenir de son cheval, c’est un fait qui est aujourd’hui largement connu.

Ici, nous allons plus loin avec ce principe en adaptant la façon dont on utilise les mains et les jambes pour qu’elles soient toutes deux le plus passives et fixes possibles. Comment le cheval peut-il être léger si on raccourcit les rênes, ramène les mains vers soi alors que le cheval cède ?

Au moment où il cède, il donne de la légèreté et pourtant sous prétexte de rênes qui doivent être tendues et de contact avec la bouche nous faisons en sorte de garder une tension au lieu de rallonger les rênes en guise de récompense. On comprend alors instantanément l’incompatibilité qui existe entre l’équitation fédérale telle qu’elle est enseignée et représentée en compétition et les principes indispensables à une équitation de légèreté. Pas étonnant de rencontrer si souvent des chevaux qui sont lourd dans la main, qui résistent, qui sont instables dans leur nuque et qui arrachent les rênes.

Il y a aussi tout un état d’esprit à comprendre avec la légèreté, c’est un peu comme devenir « chercheur en équitation », non pas qu’il soit impossible de « trouver » mais parce qu’on se place dans une position dans laquelle on apprend du cheval, on essaye de le comprendre, de faire avec lui. De cette façon on sort de la relation du cavalier qui décide et du cheval qui exécute immédiatement l’ordre s’il ne veut pas que ça devienne très vite inconfortable. On apprend à observer pour déceler le moindre signe d’inconfort, puis on se remet en question sur la justesse des aides et sur comment on pourrait aider le cheval à mieux exécuter le mouvement souhaité.

L’équilibre avant l’impulsion

Il n’était pas possible de parler de ce livre sans parler du bauchérisme en général. Le bauchérisme c’est un courant de pensée basé sur les travaux et écrits laissés par Baucher mais aussi par d’autres écuyers qui ont hérités puis retransmis son savoir de façon plus ou moins directe.

Tous le monde le sait, poser un cavalier sur le dos du cheval modifie son centre de gravité et nécessite une ré-adaptation à ce nouvel équilibre. A partir de là on commence à avoir à faire avec les dissymétries du cheval qui deviennent peu à peu des résistances et si rien n’est fait, se transforment en véritables défenses.

Le bauchérisme c’est prendre le temps d’obtenir du cheval la décontraction et l’équilibre nécessaire pour porter son cavalier. C’est à partir de cette base que l’on progressera dans les allures en conservant équilibre et décontraction et en n’hésitant pas à revenir à l’allure inférieure ou à l’arrêt dès l’apparition d’une résistance.  C’est une méthode beaucoup moins ludique et impressionnante que ce que nous connaissons actuellement où l’on favorise d’abord l’impulsion pour ne s’interroger sur l’équilibre du cheval qu’en fin de dressage.

Dans ce livre P. Berthier nous recommande différentes techniques et procédés de travail en longe, de mobilisations, cessions et flexions de mâchoire ou encore le ramené outré-combiné qui sont dans ce même esprit de rechercher d’abord l’équilibre et la décontraction du cheval comme Baucher l’avait si judicieusement proposé jadis.

Expérience et résultats

Parmi les principes techniques pour aborder la légèreté on retrouve aussi énormément de petites anecdotes qui sont autant de témoignages de comment ces techniques si simples peuvent à elles seules transformer un cheval et la relation qu’il a avec son cavalier.

C’est le cas par exemple de la jument Ambra qui avait été longée seulement 2 fois selon la méthode de J-C Racinet. Sa propriétaire nullement informée voulu la détendre de façon classique en poussant derrière et freinant devant mais la jument montra soudainement des défauts de comportement en faisant des écarts, des demi-tours intempestifs et en couchant les oreilles. Pourtant lorsque Pascale pris place au milieu du manège, tous les comportements indésirables disparurent instantanément.

Un autre témoignage intéressant pour les amateurs d’attelage c’est l’efficacité du travail dans la légèreté pour améliorer les allures et la prestance de chevaux qui comportaient pourtant chacun des défauts différents dans leur locomotion et des faiblesses dans leur morphologie.

Mon avis

C’est en cavalière avertie que je me suis procurée ce livre en toute hâte et je n’ai pas été déçue, si ce n’est par le nombre de pages encore trop réduit à mon goût. J’aimerais en savoir plus, en voir davantage mais je pense qu’il faudra pour cela aller voir ça directement sur le terrain.

J’ai dévoré ce livre déjà parce que la légèreté représente pour moi un idéal qui ne doit pas exclure le rassembler, les airs de Haute-Ecole et toute la précision et la rigueur que ça demande. En bref, comment se balader avec des rênes lâches et un cheval au travail ?

Il y a certains éléments abordés dans l’ouvrage avec lesquelles j’étais déjà familiarisée comme le travail de flexions de mâchoire mais il y en a aussi beaucoup d’autres que je ne connais pas et que j’ai du mal à comprendre tels qu’ils sont expliqués à l’écrit.

J’ai particulièrement apprécié le petit récit explicatif qui met en avant la recherche de l’équilibre du cheval comme pré-requis au mouvement en avant et ce pour éviter d’abîmer le cheval par des mouvements répétés dans le déséquilibre engendré par la présence du cavalier. L’équilibre prédomine l’impulsion c’est la définition même du bauchérisme deuxième manière et c’est exactement l’inverse de ce qui est enseigné en équitation. Voilà en quelques mots comment définir le bauchérisme et le type d’équitation pratiqué ici.

Il ne s’agit pas d’un traité technique ni d’un journal de dressage, ce livre n’a pas vocation à enseigner une méthode mais simplement à l’introduire afin d’encourager les amateurs et curieux qui souhaiteraient suivre cette voie. Tous ces procédés peuvent être mis en application et être testés immédiatement sur vos chevaux mais c’est comme la dune qui cache le désert, il y a encore beaucoup de choses à apprendre après cela. Ne vous découragez pas, en équitation on apprend toute sa vie…

Vous vous intéressez à l’équitation de légèreté, de tradition française, que vous pratiquiez déjà ou que vous soyez simplement curieux de mieux connaître et comprendre les grands principes qui la régissent, ce livre est pour vous.

Acheter « Légèreté : témoignage d’une femme de manège » de Pascale Berthier

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3 Responses

  1. Lisez l’équitation de légèreté de JC Racinet il complètera votre quète de légèreté. Il est beaucoup moins réduit en page, plus technique, un peu plus difficile à lire mais tellement complet et personnelement ce livre a changer ma monte, mon enseignement (je suis monitrice) et par conséquent toute ma cavalerie est devenue légère, réactive, équilibré. Merci pour vos articles, toujours très pertinant. L’équitation est une quète sans fin!

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