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Muscler son cheval : les erreurs à ne pas faire

De plus en plus de cavaliers s’intéressent à l’anatomie et la biomécanique du cheval afin de mieux comprendre son fonctionnement pour mieux le travailler. C’est d’ailleurs tout à votre honneur si c’est votre cas.

Mais, pour moi il y a des pièges avec cette notion de vouloir muscler son cheval dans lesquels vous ne devez pas tomber sous peine de partir dans une mauvaise direction.

Ne pas confondre contraction et crispation

Le mot « contraction » définit plusieurs choses différentes et il faut faire attention à l’interpréter correctement.

Il peut désigner un cheval au travail qui est globalement tendu et vient en opposition avec la notion de « décontraction ».

Et le même mot est utilisé pour nommer l’action qu’a un muscle à se rétrécir lorsqu’il est sollicité dans le cas d’un mouvement par exemple.

Donc un muscle qui se contracte n’a rien à voir avec votre cheval qui vous semble contracté (nous utiliserons plutôt le mot crispé pour une meilleure compréhension de tous).

A chaque fois qu’il y a un mouvement, dès que votre cheval lève l’antérieur, remonte la tête ou cligne des yeux, des muscles se sont contractés et étirés pour permettre ces mouvements.

Il faut savoir qu’il y a une multitude de chaînes et de groupes musculaires différents et situés à différentes profondeurs. Il y en a énormément car chaque muscle a pour objectif de permettre à un segment osseux d’être mobile par rapport à un autre segment osseux.

Si nous n’avions pas de triceps, le muscle qui est sur l’arrière du bras, il nous serait impossible d’avoir les bras le long du corps et nous aurions les coudes pliés en permanence.

C’est aussi pour équilibrer l’action du triceps que nous avons un biceps qui est un muscle antagoniste. C’est-à-dire qu’au plus le biceps est contracté, au plus il est court, au plus nous plions le bras et au plus le triceps est allongé et étiré. Et inversement, lorsque nous avons les bras tendus c’est le triceps qui est au maximum de sa contraction alors que le biceps est étiré.

Le cheval aussi est composé de groupes musculaires entiers antagonistes les uns avec les autres. Les plus connus ce sont le dos vs les abdominaux.

Tout ces phénomènes musculaires de contraction et d’étirement des muscles se déroulent de façon passive, permanentes et entièrement inconsciente (on ne réfléchit pas aux muscles que l’on a besoin de contracter et d’étirer, on pense simplement à l’objet que l’on veut attraper et ça se fait tout seul).

Que se passe-t-il lorsque le cheval se crispe ?

Nous avons vu qu’il fallait faire la distinction entre contraction et crispation. Mais alors que se passe-t-il vraiment lorsqu’il y a crispation du cheval ?

Nous appellerons les contractions passives celles qui sont nécessaires à la réalisation d’un mouvement. Lorsque le cheval se crispe, il y a cette fois une contraction active d’un ou plusieurs muscles en même temps.

La contraction active n’engendre aucun mouvement. Concrètement le muscle va se contracter mais son antagoniste ne va pas se relâcher. Cet état créé une tension inutile qui est alors facilement ressentie par le cavalier expérimenté.

Vous pouvez faire vous-même l’expérience en contractant votre muscle quadriceps qui est sur l’avant de la cuisse. Vous pouvez tendre ce muscle sans pour autant créer de mouvement parce que le groupe musculaire opposé situé à l’arrière de la cuisse se contracte dans les mêmes proportions ce qui annule toute possibilité de mouvement.

Cette crispation survient chez le cheval suite à des douleurs physiques ou morales (stress) et elle peut toucher un seul ou plusieurs groupes musculaires.

Étirer un muscle ne sert pas à le muscler

Oui alors c’est bien beau de vouloir étirer le dos du cheval et patati et patata…

Mais bon l’étirement c’est bien quand il y a eu un vrai effort musculaire en amont (ou à l’échauffement à la limite), sinon ça ne sert strictement à rien. Posez la question aux sportifs de haut niveau !

Et même si on prend en compte le fait que pour vouloir vraiment étirer et même stretcher le muscle d’un cheval en recherchant l’étirement maximal, cela n’est pas possible de façon active dans le travail.

Il faudrait pouvoir étirer les membres un à un à pied. Et encore cela nous limiterait aux membres seulement puisque pour des raisons évidentes il nous est difficile de manipuler le tronc du cheval.

Maintenant pour vraiment muscler un muscle, il va falloir le faire travailler et le contracter de nombreuses fois. Il ne faut pas oublier que tous les muscles ou presque sont en action lorsque le cheval marche, trotte et galope. Le simple fait de travailler aux 3 allures et vous commencez déjà à muscler votre cheval.

Donc il faut préciser aussi ce que vous voulez muscler et c’est là qu’il y a un troisième piège dans lequel il ne faut pas tomber.

Garder une vision globale

Je vois trop souvent des cavaliers qui cherchent à muscler une partie du corps de leur cheval quand ce n’est pas un seul muscle à la fois.

Comme je le disais plus haut, beaucoup de muscles entrent en action à partir du moment où le cheval se déplace au pas, au trot ou au galop.

Se focaliser sur un objectif de muscler telle partie du corps du cheval est très réducteur. Chaque cheval est un ensemble unique. Ne regarder qu’une partie c’est oublier toutes les autres et surtout c’est oublier de regarder le cheval dans son ensemble comme un être vivant.

Il y a tellement de paramètres à prendre en compte lorsqu’on travaille un cheval que je ne vois pas comment on peut ensuite y ajouter un objectif musculaire :

  • Légèreté
  • Décontraction (absence de crispations)
  • Équilibre
  • Impulsion
  • Rectitude et symétrie

Ce n’est que sur ces bases saines que l’on peut y ajouter des exercices  de transitions, incurvation, déplacements latéraux, barres au sol…

Mais si vous ne vous intéressez qu’à améliorer l’exécution de chaque paramètre puis de chaque exercice vous n’aurez jamais le temps de vous demandez si le dos est assez musclé ou pas.

Une faiblesse dans le corps du cheval se ressent bien évidemment dans le travail de celui-ci.

Se concentrer sur un muscle en particulier c’est vouloir appliquer des choses théoriques sans tenir compte de l’effet positif ou négatif que cela peut produire sur le cheval.

Est-ce que ça vous est déjà arrivé de faire des étirements avec un groupe de gens et là tout le monde semblait souffrir de cet étirement derrière le genou et vous vous aviez mal complètement ailleurs ?

Pourtant l’étirement était le même pour tout le monde. Mais tous les corps n’en ont pas besoin de la même manière et dans certains cas, pas pour les mêmes muscles.

Alors imaginons maintenant pour un cheval à qui on peut difficilement leur faire prendre des postures aussi extrêmes et qui étirent vraiment. Nous n’avons clairement aucun moyen de savoir l’impact que nous avons réellement sur ses muscles avec tel ou tel exercices.

Cette attitude permet au cheval d’étirer les muscles de son dos mais pas de le muscler. Le cheval est sur les épaules, l’arrière-main ne pousse pas. C’est là qu’il faut vraiment se poser la question : c’est quoi le plus important ? L’étirement ? L’équilibre ? La propulsion ?

Je ne dis pas que votre cheval n’a pas besoin de se muscler le dos, ce que je dis c’est que tout ça c’est de la théorie.

Et toutes les personnes que j’ai vu monter à cheval avec des théories avaient le même problème : elles étaient incapables de s’adapter au cheval.

Connaître les muscles du cheval et leurs effets c’est très bien, mais vouloir muscler telle ou telle zone ça n’a pas de sens. Ce qui a du sens en revanche c’est de chercher à avoir un cheval toujours plus agréable à monter et pour qui tout semble facile.

Passé un certains stade, toutes ces connaissances risquent de vous nuire si vous leur accordez trop d’importance dans le travail de votre cheval.

Ce qui doit être au premier plan quand vous montez à cheval, c’est ce que vous ressentez à cheval et pas la manière dont vous voulez que tel ou tel muscle travaille. Limite, on s’en fou parce que tous les muscles vont travailler de toute manière.

En faisant ça vous oubliez de prendre le cheval dans sa globalité, vous vous concentrez sur le dos et l’encolure et vous ne voyez pas que le rein se creuse et que l’arrière-main ne pousse plus…

Non votre priorité c’est pas le dos ou la hauteur de l’encolure, votre priorité ça devrait être la décontraction, le bon équilibre, la légèreté. Si vous oubliez ces éléments de base, tous ce que vous faites ne sera pas bénéfique à votre cheval.

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Un commentaire sur “Muscler son cheval : les erreurs à ne pas faire

  1. Béa Lapounie dit :

    Bonjour, merci, j’adore! C’est parfaitement vrai! 🙂

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