Vous n’êtes pas sans savoir que je suis plutôt versée dans l’équitation classique ou de tradition française comme on l’appelle maintenant. Mais ces méthodes anciennes sont-elles aujourd’hui encore d’actualité ? Faut-il pencher du côté de l’innovation et du renouveau ou de la conservation des traditions ? Un article informatif plutôt que polémique sur la discipline du dressage et son évolution.
L’histoire de l’équitation
Pour bien comprendre ce qu’est l’équitation française il faut se replonger dans l’histoire de l’équitation. Vous devriez connaître au moins de nom ces grands écuyers qui ont jalonnés l’histoire de l’équitation que sont Baucher, La Guérinière ou encore le général L’Hotte. Tous ont laissé derrière eux des disciples et bien souvent aussi une trace écrite de leur savoir.
Parmi les ouvrages anciens on trouve un grand nombre de méthodes et de principes d’équitation qui décrivent les techniques mises en œuvre pour le dressage du cheval et sa bonne utilisation. On trouve également des ouvrages récent qui traitent de l’équitation de tradition française, de l’histoire ou encore de biographie d’écuyers. Ces derniers permettent d’avoir une vision d’ensemble de l’équitation de cette époque là que ce soit à propos de l’utilisation du cheval, des moeurs, des courants de pensées…
Le plus percutant lorsque l’on commence à s’intéresser à cette période de l’histoire c’est de se rendre compte du grand niveau de maîtrise de l’équitation, quel que soit l’époque, par ces écuyers disparus. Dans la biographie de James Fillis, écuyer de la fin du 19ème siècle on découvre la parfaite maîtrise du galop sur 3 jambes, du trot espagnol alternatif et du galop sur 3 jambe en arrière.
Pourquoi ne pratique-t-on pas ces airs ? Pourquoi le galop 9 de la FFE ne nous amène même pas à la maîtrise du piaffer et du passage ? Les airs de haute-école sont ils réservés à une élite ? N’y a-t-il que moi que ça choque ?
Nous ne sommes pourtant plus dans une époque où la pratique de l’équitation était une simple nécessité, nous avons la possibilité et les moyens de former et d’être formés à pratiquer une équitation supérieure et pourtant il n’en est rien, aucun progrès n’a été fait dans la discipline du dressage, et c’est même tout le contraire. Pourquoi vouloir réinventer l’équitation quand nous ne sommes même pas capable de reproduire 1/10ème de ce qui était exécuté couramment autrefois ?
Certains pensent peut-être « l’équitation d’aujourd’hui est meilleure car elle est plus douce et respecte mieux le cheval ». C’est FAUX.
Plus je m’intéresse à ce sujet, plus je lis et plus je constate que tous les écuyers préconisaient l’usage de la douceur et de la patience avec les chevaux. Les procédés et méthodes de dressage décrits et employés ont fait leurs preuves depuis longtemps et ont été expérimentés sur toutes sortes de chevaux. La transmission du savoir du maître à l’élève permettait à ce dernier de poursuivre le travail de recherche de ces prédécesseurs et de le perfectionner encore et toujours. Tout cela dans le but d’avoir des chevaux toujours mieux dressés, assouplis et légers aux aides.
Les nouvelles méthodes d’équitation
Effet de mode ou réel besoin ? Les nouvelles méthodes d’équitation prennent de la place dans le monde du cheval avec pour vocation de répondre à un besoin croissant des cavaliers, à combler un vide de connaissances qui pose, par la suite, de réels problèmes techniques aux cavaliers.
Ces méthodes n’ont en fait rien de très nouveau, elles s’inspirent de pratiques anciennes et quand ce n’est pas le cas elles découlent d’une « redécouverte » d’un élément en particulier mais qui bien souvent a déjà été abordé par le passé. Vous n’avez pas l’air très convaincu alors je vous donne un petit exemple avec cette photographie de Jean-Baptiste Dumas qui date de 1894.
Parfois les dérives de l’équitation que nous connaissons tous comme le rollkur naissent simplement de la mauvaise interprétation de textes anciens. Effectivement se baser sur une méthode est plutôt une bonne idée mais lorsqu’on choisit de ne pas appliquer le système dans son entier on court le risque d’un échec cuisant.
Il en résulte souvent des méthodes incomplètes qui s’avèrent être une catastrophe sur le plan biomécanique et psychologique (voir bibliographie).
La place de l’innovation dans l’équitation
Finalement les nouvelles méthodes d’équitation ne sont pas toujours l’idéal. Rester dans la tradition est une bonne solution pour tenter d’acquérir au minimum le même degré de compétence que les écuyers d’autrefois. Ce n’est pas pour autant qu’il faut tourner le dos à l’innovation.
La science a fait d’énormes avancées et nous avons à présent davantage de connaissances du comportement des chevaux mais aussi des outils de mesures très récent et performant qui peuvent être appliqués à l’équitation sportive comme au bien-être du cheval (adaptation du matériel, techniques de soins, physiologie, études scientifiques sur le cheval, mesure de la répartition du poids du cheval entre les membres avec une ferrure spéciale…).
L’innovation devrait être à notre service pour mieux comprendre le cheval, nous remettre en question sur nos pratiques et tendre vers une équitation plus juste et plus belle. Malheureusement le constat est que ce type d’informations n’est pas suffisamment retransmis dans l’enseignement de l’équitation (quand ils ne découlent pas d’un raisonnement complètement faux) et il ne reste guère que quelques ouvrages spécialisés pour aborder réellement ce sujet. Si la connaissance circule plus librement, il sera plus facile de faire comprendre aux cavaliers quelles sont les bonnes et les mauvaises pratiques.
La tradition équestre devrait être la seule référence technique pour notre équitation actuelle malheureusement nous sommes forcés de constater que celle-ci est déviante et que les critères de jugement ne sont plus les mêmes, au détriment de la santé et de la longévité de nos chevaux.
La politique de la FFE se révèle être fermée et cloisonnante sur ce sujet qui a pourtant déjà été soulevé de nombreuses fois. Il s’en ressent clairement un nivellement par le bas, l’équitation devient un produit de consommation que l’on réserve sur internet et que l’on ingurgite comme un yaourt bon marché.
La tradition et l’innovation ont chacun leur place dans l’équitation, le premier est basé sur l’expérience pure et le savoir technique qui en découle avec comme objectif ultime de rendre le cheval souple et léger. Tandis que l’innovation joue un rôle dans la recherche du bien-être du cheval et de sa meilleure compréhension. Ces deux là sont indissociables si l’on veut pratiquer une équitation de qualité.
Bibliographies et références :
Philippe Karl « Dérives du dressage moderne » – 2006
Gerd Heuschmann « L’équitation moderne : un jeu de massacre » – 2009 – Mon article sur ce livre
Gustave Le Bon « L’équitation actuelle et ses principes » – 1892
Gabriel Cortès « James Fillis l’écuyer de l’Europe » – 2016 – Mon article sur ce livre
Véronique de St Vaulry « Communiquer avec son cheval » – 2010 – Mon article sur ce livre
Michel-Antoine Leblanc « Comment pensent les chevaux ? » – 2015 – Mon article sur ce livre
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