Les Equiétudes : tout pour le bien-être du cheval

Le week-end dernier se déroulait au Musée Vivant du Cheval à Chantilly pour la première fois, les équiétudes, un salon dédié au bien-être du cheval. Au programme, principalement des conférences autour de la locomotion, de la biomécanique et de l’adaptation de la selle et du mors ainsi que des exposants toujours sur cette même thématique : physiothérapeutes, masseurs, selliers, nouvelles technologies au service du bien-être du cheval, formations…

Le bien-être du cheval

Avec les progrès scientifiques et les avancées technologiques, il est d’autant plus impératif de mieux comprendre nos chevaux et de leur offrir un maximum de bien-être si l’on veut pouvoir obtenir le meilleur d’eux en terme de performance mais aussi de qualité relationnelle.

Un cheval qui souffre au travail ne se manifeste pas toujours, parfois il exprime son mal-être d’une façon qui peut nous sembler incompréhensible. Lorsque le cheval est en souffrance les facteurs à inspecter sont nombreux et reflètent principalement les exigences du bien-être animal qui préconise ces points fondamentaux :

• Absence de douleur, lésion ou maladie
• Absence de stress climatique ou physique
• Absence de faim, de soif ou de malnutrition
• Absence de peur et de détresse
• Possibilité d’exprimer des comportements normaux propres à son espèce

En plus de cela et qui est spécifique à l’équitation il faudra prendre en compte les possibilités physiques du cheval et ne pas lui en demander trop ce qui engendrerait des douleurs physique pouvant aller jusqu’à la blessure. Le matériel utilisé pour la pratique de l’équitation devra être adapté de façon à ne pas provoquer de douleurs ou de blessures. Le cavalier est également en cause dans sa pratique de l’équitation à la fois par les techniques équestres utilisées qui peuvent générer douleurs et stress et par son niveau équestre ou son manque de connaissance qui peuvent conduire encore une fois à des lésions.

L’équitation tend à devenir de plus en plus douce, dans la recherche de la coopération du cheval et non de la contrainte. Toutes ces questions de bien-être vont donc devenir de plus en plus indispensables d’où l’importance de prendre part à un évènement tel que les Equiétudes.

Déroulement de la journée

Locomotion et biomécanique du cheval

Gillian Higgins, physiothérapeute anglaise nous a fait une brillante démonstration sur l’anatomie, biomécanique et locomotion du cheval. Les peintures sur les chevaux permettent de visualiser immédiatement les mouvements du squelette et des principales chaînes musculaires et de mieux comprendre comment le cheval s’articule de l’intérieur et comment il utilise son corps pour exécuter les différents mouvements que le cavalier lui demande. Ce sont des connaissances à connaître impérativement surtout lorsque l’on commence à acquérir un bon niveau technique à cheval.

La démonstration en mouvement à mis en évidence les mouvements des côtes, l’alternance de contraction des muscles abdominaux et les mouvements de balancement de la cage thoracique qu’ils génèrent. Lorsque le cavalier parvient à ressentir ces mouvements sur son cheval, il devient alors possible pour lui d’utiliser ses aides au moment et à l’endroit opportun pour provoquer une contraction réflexe et déclencher ainsi l’avancée du postérieur sous la masse en vue d’un mouvement. C’est à partir de là que l’on peut s’approcher d’une équitation kinesthésique avec des aides invisibles.

A la fin de la journée, Gillian nous a présenté des exercices pratiques qui conviennent à la majorité des chevaux et pourront être mis en application par tous les cavaliers une fois de retour chez eux. On retrouve des mobilisations passives du dos et de la charnière lombo-sacrale, le reculer et les pilates. Ces derniers sont en fait des exercices de barres au sol très simples (voir vidéo) dans lesquels on observe très clairement le cheval qui modifie son équilibre en s’arrondissant vers le bas pour regarder où il doit poser ses pieds. Puis l’effort fourni par le cheval pour lever suffisamment ses membres et se propulser au-dessus des barres à chaque foulée lui permet de renforcer toutes les chaînes musculaires qui l’aideront à porter son cavalier.

Saddle-fitting et bit-fitting

Une fois que l’on comprend bien l’anatomie et la biomécanique du cheval on peut facilement comprendre que le matériel utilisé pour l’équitation doit être adapté. Du matériel non adapté au cheval ou douloureux pour lui peut provoquer des problèmes physiques et comportementaux, rétivité, agressivité, défenses en tout genre.

Annette Rancurel nous a présenté les points essentiels pour vérifier l’adaptation de la selle. Celle-ci a un rôle de répartition du poids du cavalier et des pressions des étriers et de la sangle. Un défaut de conception de la selle ou une selle non adaptée peuvent détériorer la répartition des pressions sur le dos et rendre celle-ci inconfortable et douloureuses, voici quelques points primordiaux pour éviter cela :

• Etre correctement positionnée sur le dos, ni trop sur les épaules, ni trop en arrière sur les lombaires
• Epargner la colonne vertébrale
• La gouttière ne doit être ni trop large ni trop étroite
• La selle ne doit pas balancer en avant ou en arrière (lever du nez ou du troussequin)
• Elle doit laisser suffisamment de place au garrot de façon à ne pas le pincer ni l’écraser

La vidéo ci-dessous vous permettra de visualiser la répartition des pressions de la selle sur le dos du cheval et les conséquences comportementales d’une selle non adaptée.

Le bit-fitting, présenté par Géraldine Vandevenne, est l’adaptation du mors à la bouche du cheval. C’est également un point important car comme pour la selle, un mors non adapté peut conduire à des plaies de bouche et des problèmes comportementaux.

Le premier paramètre à observer est l’anatomie de la bouche du cheval de façon à choisir un mors de la bonne largeur et de la bonne épaisseur avec les meilleurs réglages possibles.

Certains chevaux peuvent présenter des dents de loups, des plaies en bouche, des cicatrices sur la langue ou sur les barres qui peuvent conduire à ne pas utiliser de mors de façon temporaire ou définitive. Vous pouvez approfondir ce sujet en consultant mon article sur le choix du mors qui regroupe déjà les informations délivrées lors des Equiétudes.

Exercices pour le cavalier

Jean-Marc Gentil kinésithérapeute humain et équin nous explique la grande influence du cavalier, de sa posture et de ses défauts sur son cheval, il se doit donc d’être irréprochable dans sa position et son accompagnement à cheval pour permettre au couple de fonctionner de manière optimale. On oublie trop souvent que le cavalier doit être aussi considéré comme un sportif et qu’il ne faut donc pas négliger les échauffement et les étirements.

L’équilibre et la coordinations de nos mouvements sont d’autant plus indispensables dans la pratique de l’équitation où la recherche de son équilibre sur le cheval est constant et l’indépendance des aides sont également une nécessité pour progresser à cheval et gagner en stabilité. Suite à ce constat, il nous livre quelques exercices à effectuer à pied pour améliorer son équilibre et sa coordination à l’aide de mouvements de brain-gym pour la coordination et d’exercices avec la boule pour la mobilisation du bassin et l’équilibre.

Les exposants

Installés sous la nef, la vingtaine d’exposants présents répondaient tous au critère du bien-être du cheval aussi divers et variés fuent-ils. Etaient présents donc des entreprises innovantes qui proposent des produits permettant de mesurer les pressions sous la selle ou sous les pieds du cheval, des produits de soins à base de plantes, des friandises pour chevaux, un organisme de formation à la physiothérapie, une librairie, des selliers avec des gammes de produits destinées aux soins aux chevaux ou encore une gamme d’amortisseurs et de tapis aux matières innovantes.

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Bilan de la journée

C’était une journée très enrichissante mais surtout très dense en informations avec des conférences sous forme de cours magistraux toute la journée. Les interventions de Annette Rancurel et Géraldine Vandevenne étaient particulièrement intéressantes mais ont manqué de profondeur à cause du timing un peu serré.

J’espère qu’une seconde édition de cet évènement se déroulera prochainement pour permettre au plus grand nombre d’avoir accès aux innovations relatives au bien-être du cheval et de pouvoir se remettre en question dans leur choix de matériel et leurs pratiques. Un déroulement sur plusieurs jours serait bénéfique car le contenu était effectivement très dense, les intervenants n’ont pas tous pu aller au fond de leur sujet et les visiteurs étaient très nombreux. Pourquoi pas également introduire de petits ateliers pratiques qui permettront à tout un chacun de ressentir ce qui a été expliqué lors des conférences. Je pense notamment au saddle-fitting où le simple fait de glisser sa main entre la selle et le garrot permet de prendre conscience de ce qui est à éviter et pour quelles raisons.

Il y a effectivement encore beaucoup à faire pour d’abord sensibiliser les équitants au sujet du bien-être du cheval puis pour les éduquer et leur inculquer les bonnes pratiques. Il est très important de permettre au plus grand nombre d’avoir accès à toutes ces informations et de pouvoir les transposer dans le quotidien dans l’intérêt du cheval et de son bien-être.