Le drame des chevaux dissymétriques

Tous les chevaux sont dissymétriques, c’est un fait. Et en travaillant son cheval, en cherchant à l’assouplir et à le muscler, le cavalier aura toujours se réflexe de faire en sorte de diminuer les dissymétries de façon à ce que le cheval devienne aussi facile à une main qu’à l’autre.

Malgré tout, il s’avère que ce n’est pas toujours suffisant et certains chevaux présentant des dissymétries importantes voire pathologiques ne s’améliorent pas pour autant malgré un travail quotidien. Vous allez voir dans cet article à quel point les dissymétries peuvent impacter profondément le cheval à tous points de vue et votre rôle dans tout ça.

Qu’est-ce qu’un cheval dissymétrique ?

Un cheval est dissymétrique à partir du moment où vous constatez une différence de la qualité d’exécution entre le travail réalisé à main droite et celui réalisé à main gauche.

La dissymétrie peut avoir plusieurs degrés de gravités allant jusqu’à des différences de volumes musculaire, déformation des pieds et même la boiterie.

Pendant le travail, on la remarque le plus souvent grâce à ces signaux :

  • Résistance aux aides
  • Difficulté à s’incurver
  • Contact inégal sur les rênes
  • Encolure souvent ployée du même côté
  • Difficulté à partir au galop sur un pied
  • Défenses en tout genre : agite la tête, tire, s’appuie, rue,

Il faut savoir que lorsqu’un cheval exprime une dissymétrie, en général celle-ci est d’abord accentuée par la présence du cavalier. Et si ce dernier n’a pas les bonnes réactions pour les corriger avec un travail adapté, forcément, la situation ne pourra pas s’arranger d’elle-même.

Une dissymétrie qui n’est pas corrigée va donc s’accentuer sournoisement sans que vous ne vous en rendiez vraiment compte. Ainsi, certains muscles seront sur-développés là où d’autres seront trop faibles par rapport à ce qu’il faudrait car peu sollicités. C’est ainsi, avec la répétition, qu’au lieu de s’exprimer principalement pendant le travail monté, le cheval exprimera sa dissymétrie dans son physique et en subira aussi les conséquences dans sa locomotion même lorsqu’il n’est pas monté.

Le corps du cheval s’adapte et se modifie par rapport à l’usage que l’on en fait, c’est grâce à ça que l’on peut muscler un cheval en le travaillant et le démuscler en cessant de le travailler.

Donc si un cheval fait usage de son corps d’une manière déséquilibrée, c’est tout son métabolisme qui va s’adapter et renforcer physiquement ce déséquilibre. C’est là que la dissymétrie devient visible au niveau des masses musculaires du cheval, des pieds, de l’encolure…

A partir de là, vous imaginez bien qu’il n’est pas des plus facile de vouloir résoudre une dissymétrie qui s’exprimer au moins 23h/24 même si vous montez votre cheval tous les jours et de la bonne manière.

Et au-delà de ça, même la selle et le cavalier vont être déséquilibrés malgré eux par la dissymétries du cheval puisqu’elle est physiquement visible et donc contribuer encore à l’aggraver ou la complexifier davantage.

La symétrie du couple s’observe plus facilement de face et de dos

Un suivi adapté

Il va de soi qu’un cheval dissymétrique a besoin d’un suivi par les professionnels du bien-être équin. Les 3 plus importants étant pour moi :

  • Le saddle-fitter pour vérifier que le matériel est adapté au cheval y compris en mouvement et avec le cavalier. Un équipement qui glisse sur le côté et qui provoque des pics de pression ne permettra pas au cheval de se décontracter sous la selle.
  • Le maréchal-ferrant ou podologue qui devra faire un travail d’équilibrage sur les pieds.
  • L’ostéopathe dont le rôle est de libérer le cheval des éventuelles contractures et redonner davantage de liberté de mouvement. Un suivi en massage peut être aussi bénéfique pour décontracter les zones qui sont trop sollicitées et apporter du confort.

Malgré un suivi très régulier et le rôle de ces professionnels pour contribuer au rééquilibrage du cheval et donc à la diminution des dissymétries, cela n’est souvent pas suffisant.

Parce qu’à chaque nouvelle venue, c’est les mêmes problèmes qui doivent être corrigés et le schéma se répète ainsi sans fin. Vous l’avez certainement déjà observé, ça va super bien pendant 1 semaine, 1 mois, puis ça se dégrade à nouveau lentement.

La raison principale qui fait que malgré les constants rééquilibrages, la corne des pieds de votre cheval continue de pousser de travers ou que les mêmes contractures réapparaissent à chaque bilan ostéo. C’est qu’il y a un paramètre en amont plus important que les autres et sur lequel vous n’avez pas encore interféré. Il s’agit de vous qui travaillez votre cheval.

Adapter le travail pour corriger les dissymétries

En tant que cavalier, vous êtes certainement la personne qui montez et travaillez votre cheval le plus souvent. La façon dont vous le travaillez et les exercices que vous choisissez de faire arrivent plus fréquemment que les séances d’ostéopathie. Vous avez donc forcément une bien plus grande influence sur la symétrie de votre cheval que le maréchal, l’ostéo et tous les autres.

A partir de là, il y a certainement une remise en question à faire sur votre manière de monter à cheval.

Est-ce que votre manière de monter à cheval participe au rééquilibrage de votre cheval ?

Tous type de travail d’assouplissement réalisé de façon égale aux deux mains sera bénéfique au cheval. Simplement parce qu’en travaillant également aux deux mains, vous rencontrerez et travaillerez sur la dissymétrie en premier.

Les meilleurs exercices pour les dissymétries à mes yeux sont tous les déplacements latéraux car ils obligent le cheval à avoir une certaine posture et répartition de poids qui le place dans un équilibre qui ne peut pas être excessif.

Par équilibre excessif, je veux dire qu’un cheval en ligne droite peut être excessivement sur les épaules, il accélérera et s’appuiera. Alors qu’un cheval dans un déplacement latéral ne peut pas être excessivement sur les épaules sinon il lui serait impossible de croiser les membres. Idem, il ne peut pas non plus être excessivement sur l’épaule droite car cela voudrait dire qu’il ne pourrait pas marcher droit à une main et qu’il serait incapable de se déplacer latéralement à l’autre main.

Donc un travail harmonieux du cheval, aux deux mains en cherchant toujours le maximum de mobilité dans toutes les directions contribuera à aller vers davantage de symétrie.

Le constat c’est que certains cavaliers ne parviennent pas pour autant à réduire les dissymétries de leur cheval, même s’ils ont un bon niveau et même s’ils utilisent les mêmes exercices. La raison c’est qu’ils ne s’y prennent pas de la même manière

Et pour le comprendre, il faut revenir aux 3 principes qui sont les maîtres mots sur ce blog qui sont la légèreté, l’équilibre et le plus important ici la décontraction.

Rappelons que sans cette décontraction tout le travail effectué sur le cheval n’est ni sain ni bénéfique pour lui. Au contraire il ne fait que renforcer les résistances et aggraver les dissymétries.

Pour changer, prenons le problème à l’envers : Qu’est-ce qui rend le cheval plus contracté à la fin d’une séance de travail ?

  • des aides trop fortes, trop dures, permanentes (on en revient à la légèreté)
  • un cavalier qui force contre les résistances de son cheval : par exemple en tirant sur la rêne pour remettre l’encolure dans l’axe ou en tirant plus fort que le cheval qui arrache les rênes.
  • un cavalier qui ne tient pas compte des défenses de son cheval
  • un cavalier qui s’énerve et qui punit son cheval injustement
  • l’incompréhension

En utilisant la force pour parvenir au résultat visuel que vous souhaitez, vous ne faites qu’aggraver la situation et renforcer les dissymétries. Alors qu’il suffit parfois simplement de revenir à un exercice plus facile qui va vous permettre d’assouplir suffisamment longtemps votre cheval pour qu’en revenant à l’exercice initial, il n’y ait tout à coup plus aucun problème.

En défense…

Les dissymétries, quelque soient leur niveau de gravité doivent être prise en considération le plus tôt possible dans le travail du cheval. Pour les déceler, vous devez être attentif à vos sensations et à ce que votre cheval cherche à vous exprimer au travers de ses résistances, de ses défenses ou de ses signes d’inconforts.

En tenant compte de ces informations vous pourrez ensuite adapter vos séances, vos exercices et si besoin changer votre manière d’interpréter, de comprendre et de réagir aux signes d’inconfort du cheval qui ne sont pas là pour vous faire ch**r mais qui sont juste là pour dire que c’est trop dur ou que ça fait mal, particulièrement en ce qui concerne les dissymétries.

Ne pas être conscient de ça c’est aller contre le bien-être de votre cheval et rompre le dialogue avec lui. Sachez aussi accepter qu’il vous dise non et trouvez un moyen d’obtenir le oui toujours en douceur.

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3 Responses

    • Bonjour,
      Cela va dépendre du type de dissymétrie parce qu’il y a aussi la poussée qui peut être différente entre les deux côtés, une blessure ou affection physique qui empêche la symétrie. Assouplir un cheval c’est contrôler son équilibre et c’est donc aussi réduire ses dissymétries. Il y a un lien entre la dissymétrie et l’équilibre d’une manière ou d’une autre mais tout dépend après de chaque cheval. Et pour moi, c’est le dernier élément à prendre en compte dans la correction d’une dissymétrie après donc contrôle dentaire, maréchal, ostéo, saddle-fitter…

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