Qui ne s’est jamais retrouvé face à un cheval qui ne se laissait pas attraper au pré ? Il est important d’identifier en premier lieu le comportement adopté par le cheval pour déterminer s’il s’agit de peur ou d’autre chose.
Peur ou mécontentement ?
Un cheval qui a peur est en état de stress à votre approche, il cherche donc à s’enfuir pour échapper à l’emprise que vous pourrez exercer sur lui. Bien sûr il peut s’agir d’un mauvais souvenir dans le cas d’un cheval dont on ne connaît pas le passé. Vous constaterez dans son attitude : une queue serrée, blanc des yeux parfois visible, respiration plus forte, démarche hésitante et des tremblements dans tout le corps à l’approche de la main.
Il y a également le cas du cheval qui exprime son mécontentement à travailler avec vous en refusant de se laisser attraper. Je ne traiterais pas ce cas-ci car j’estime que ce type de chevaux n’est pas le plus difficile à attraper et que c’est un ensemble de choses qu’il faut revoir, notamment les conditions de vie et la relation que vous entretenez avec votre cheval. Pour aller plus loin sur ce sujet je vous recommande de lire l’article sur le moral du cheval.
Comment attraper un cheval qui a peur ?
La nourriture
Si vous avez un cheval plutôt gourmand ce sera sûrement la meilleure façon d’appâter la bête. Proposez un peu de nourriture et commencez par vérifier qu’il accepte votre présence et qu’il s’approche de vous pour grappiller quelques friandises. Si ça marche essayez de lui proposer un échange : quelques friandises s’il se laisse toucher. D’abord vous toucherez la partie qui vous sera le plus directement accessible puis progressivement pour pourrez vous approcher et toucher l’encolure et l’épaule.
Il arrivera des moments où vous aurez été trop loin et le cheval s’écartera brusquement de vous. Ne le suivez pas, laissez-le partir puis revenir vers vous de lui-même. Vous pouvez aussi profiter du moment de la distribution de nourriture pour approcher le cheval pendant qu’il mange (attention, à ne pas faire avec un cheval irritable pendant qu’il mange).
La curiosité
La méthode est plus longue mais permet de créer une complicité et évite tout stress chez le cheval. Placez-vous dans le pré du cheval que vous souhaitez approcher, prenez un livre et attendez qu’il décide de lui-même de venir vous observer de plus près. Cela peut prendre plusieurs journées avant que la magie opère et que le cheval prenne confiance.
La technique d’approche-retrait
Si vous n’avez pas la patience de susciter la curiosité de votre cheval ou si la nourriture ne suffit pas pour attraper le cheval vous pouvez utiliser cette technique.
Elle consiste à vous approcher jusqu’à un certain seuil de tolérance du cheval, dans l’idéal juste avant qu’il ne décide de s’éloigner. Et à ce moment là reculez de quelques pas pour lui permettre de retrouver son espace vital. Procédez ainsi plusieurs fois.
Attention à votre regard et à votre approche, vous devez paraître le plus amical possible. Gardez les yeux baissés. Vous pouvez vous approcher du cheval en lui tournant le dos, vous paraissez ainsi moins hostile et moins proche d’un prédateur.
Je sais qu’il n’a pas peur mais il ne se laisse pas attraper
Des chevaux qu’on connaît bien et qui soudainement changent de comportement, ne se laissent pas attraper et parfois deviennent agressifs.
Dans ce cas, il s’agit clairement de l’expression d’un mécontentement chez le cheval. Il refuse de coopérer et donc, il refuse aussi de se laisser attraper. En fait ce comportement apparaît toujours après un évènement particulier qu’il a vécu comme une expérience désagréable. Voir l’article sur les mémoires.
J’ai rencontré ce cas chez une ponette qui ne se laissait plus attraper avec un comportement agressif. Finalement j’ai découvert que ce comportement était apparu après la venue du dentiste pour la première fois. La jument a visiblement eu une mauvaise expérience de cette intervention et l’avait associé à la présence du licol et au fait qu’on lui attrape la tête.
Il peut aussi s’agir d’un mécontentement lié au mode de travail du cheval qui lui engendre trop d’inconfort soit par la difficulté des exercices, la longueur des séances ou encore par le cavalier trop exigeant ou trop dur. La difficulté des séances a également un fort impact sur le moral du cheval, attention à ne pas déclencher une dépression !
La petite histoire
Je vais vous raconter maintenant comment j’ai réussi à gagner la confiance d’un cheval que je ne connaissais pas et à l’attraper en moins d’une demi-heure. Le nouveau cheval a été introduit dans un troupeau de 7 chevaux dont la hiérarchie était déjà établie. Je le trouve donc au petit matin à l’écart du groupe.
Tous les chevaux accourent pour manger leur ration sauf le petit nouveau. Après avoir isolé tous les chevaux dans un paddock à l’intérieur du pré je m’approche avec de la nourriture du nouveau. Ce dernier ne semble aucunement interpellé par le froissement du grain dans le seau.
Je continue de m’approcher puisqu’il ne semble visiblement pas intéressé par ce que je lui propose. Je suis à environ 2 mètres, face à lui quand il me tourne soudain le dos et s’apprête à s’éloigner d’autant plus si je cherche à le suivre. Je m’accroupis à côté du seau ainsi je parais moins imposante, il s’approche, regarde mais n’ose pas venir plonger son nez dans le seau : il craint que je lui attrape soudainement la tête.
Il faut donc que je m’éloigne, au moins pour qu’il prenne conscience des bonnes choses que je suis venue lui apporter. Je m’éloigne donc de plusieurs mètres en laissant le seau de nourriture au sol. Il vient alors immédiatement plonger sa tête dans le seau pour se gaver du maximum de grains possible tout en se couchant presque au sol dans un grognement étrange. Il relève la tête immédiatement, alerte, prêt à fuir, la bouche dégoulinante de granulés. Que faut-il comprendre de son comportement ?
De toute évidence le petit cheval est intéressé par la nourriture mais ne semble pas prêt à faire de concessions pour en obtenir. Il n’est pas particulièrement gourmand et pas du tout curieux. Sa tête est la partie la plus difficile à approcher, il ne faudra donc pas commencer par cette partie là. Comment ai-je procédé ?
En ayant pris soin de mettre le reste des chevaux à l’écart je lui propose un seau de grains. Je le laisse manger tranquillement dans un premier temps, il ne faut pas oublier qu’il ne connaît pas mes habitudes et il ne semble pas habitué aux festins de ce genre.
Je me place de côté à hauteur du flanc en évaluant à quelle distance je dois me placer pour qu’il soit confiant et détendu. Puis je m’approche doucement en surveillant ses réactions, au bout d’un moment il lève la tête pour me regarder, parfois il se tourne pour se mettre face à moi. Quand je m’approche trop d’un coup il s’éloigne immédiatement et sans hésitations. Je n’attends pas d’en arriver là, je fais plusieurs pas en arrière en faisant mine de regarder dans une autre direction. Au bout d’un moment je remarque qu’il accepte mieux ma présence si je lui tourne le dos.
En utilisant la technique d’approche-retrait je parviens à lui caresser la croupe puis le dos et les épaules pendant qu’il mange.
Le tout m’a pris environ une demi-heure et j’ai pu sentir que le petit cheval me faisait déjà davantage confiance. J’ai renouvelé l’opération le lendemain mais son attitude était moins méfiante et relevait davantage du mécontentement à se laisser attraper. Une semaine plus tard, petit cheval me suit de lui-même pour obtenir sa ration et je peux lui toucher la tête à cette occasion.
J’espère que ma petite aventure vous aura donné de nouvelles idées pour attraper un cheval au pré. Ce qu’il faut retenir c’est de rester très attentif à l’attitude du cheval, sa hauteur d’encolure (plus elle est haute, plus il y a de stress) et la direction de son regard. Ensuite il faut lui faire passer un bon moment, ici c’était la distribution de la ration mais ça peut-être autre chose (brouting, massage…). En répétant l’expérience plusieurs fois, le cheval apprendra rapidement à vous faire confiance.
Mis à jour le 03/06/2017
REPRENDRE LE CONTRÔLE PAR LE TRAVAIL A PIED
Les exercices de base à pratiquer à pied pour avoir le contrôle sur votre cheval et vous sentir enfin en sécurité quand vous êtes à côté de lui.
Vous apprendrez également que votre manière d’être avec votre cheval ainsi que votre langage corporel a une importance primordiale si vous voulez être perçu comme son référent.
7 Responses
J’ai un cheval difficile a attrapé au champs, il s’approche mais recule dès que je veux le toucher, par contre l’hiver il est en boxe et paddock pas de problème, c’est uniquement au champs, j’ai beau tout faire mais refuse, de nature il n’aime pas qu’on lui touche la tête, et malgré tout cela c’est un cheval formidable une foi monté, respectueux de l’homme et à l’écoute de son cavalier, avez vous une solution, moi je cherche toujours. Nikole
Bonjour
J’ai pris un cheval en demi pension depuis quelques jours.
Il s’agit d’une superbe jument noire.
Elle aurait presque 5 ans et est débourrez depuis peu.
Elle est adorable quand on est avec elle meme si il faudra la désensibiliser a plein de chose. Elle apprend encore !
Mais ce qui pose problème cest de la chercher en prairie. Elle est avec plusieurs chevaux et cest celle de tête. Elle est difficile à approchée et quand j’y arrive avec une carotte par ex. Elle ne me laisse pas mettre le licol ou meme la longe autour de son cou.
Je ne suis pas certaine que ce soit de peur… je n’arrive pas à l’attirer… vraiment je suis preneuse de toute aide !
Bonjour Kim,
Il y a pleins de choses que tu peux mettre en place pour obtenir de bons résultats. Déjà systématiquement apporter des friandises en arrivant, aller donner des friandises sans vouloir attraper la jument mais au moins en la caressant. Si tu peux mettre un tas par terre et la laisser manger tout en faisant comme si tu voulais la brosser.
Tu peux aussi l’attraper pour finalement faire une balade brouting, même si ça ne dure pas très longtemps, petit brouting avant et après avoir monté pour qu’elle apprécie de sortir de son pré (ne pas trop s’éloigner des autres chevaux).
Si en faisant au moins le brouting à chaque fois que tu y vas pendant 1 mois ou 2 tu ne vois pas d’amélioration, reviens vers moi qu’on en discute 😉
Bonjour,
Il y a une semaine nous avons adopté 2 petits pottocks de 6 mois qui vivaient dans les montagnes, ils ont juste fait une transitions de 2 semaines chez une dame qui les a un peu manipulé (un peu de force). Pour ma part ils sont tout les 2 au pré et je souhaitait y aller en douceur, mais j’ai quand même des doutes sur ma façon de faire. J’arrive à m’approcher d’eux en douceur (surtout d’un)en restant accroupie par contre ils ne veulent pas du tout que je les touche et vue qu’ils ne connaissement pas du tout les friandises c’est compliqué d’attirer leur attention. Si vous pouviez me donner quelques conseils et m’aiguiller un peu dans mon approche. Vous remerciant infiniment par avance.
Bonjour,
Dans un premier temps, je serais d’avis de ne pas essayer de les toucher. Si la main est ressentie comme une agression il faut déjà commencer par faire accepter sa présence.
Ils ne connaissent pas les friandises mais peut-être que de l’orge ou le foin serait plus intuitif pour eux. Si vous avez un moment dans la journée où vous leur donnez à manger vous pouvez en profiter pour essayer de vous en approcher. Par exemple, vous distribuez le foin en tas quotidiennement et vous observez à partir de quelle distance le cheval se sent inquiet et décide de s’en aller. Vous verrez ainsi les limites et votre objectif sera de pouvoir rester à une distance pendant que le cheval mange et de se rapprocher petit à petit au fil des jours de façon à ce qu’ils prennent confiance et qu’ils finissent par ne plus s’inquiéter de votre présence.
J’espère avoir répondu à votre demande, avec de la patience tout est possible…
Bonjour, je vous fais partager ma petite expérience !!! Je m’occupe des poneys de mon club pendant les semaines de congés des propriétaires. Les loulous sont 12 dans un pré d’environ 4 hectares. Parmi eux, il y a une ponette que j’aime beaucoup mais qui nous fait tourner en bourrique dès qu’il s’agit de l’attraper !!! J’ai donc profité des vacances et du temps que j’avais pour essayer de résoudre le problème. Ça m’a pris 5/10 minutes par jour pendant une quinzaine de jours. J’ai profité de ses petits copains qui se laissent papouiller avec délectation pour créer la curiosité chez elle. Les 3/4 premiers jours, je me suis contentée de me balader dans le pré entre les poneys et de distribuer des grattouilles à tous ceux qui venaient vers moi. Premier jour, aucune réaction de la pépette, mais le lendemain, elle a regardé, le surlendemain, elle s’est approchée tout en conservant une distance de sécurité. Puis j’ai commencé à m’approcher d’elle, je m’arrêtais dès qu’elle faisait mine de vouloir s’éloigner, je me suis assise ans l’herbe, elle est venue près de moi et je lui ai tendu des friandises, elle les a prises du bout des dents et je suis partie. Petit à petit, elle est venue plus franchement vers moi jusqu’à se laisser toucher. Quand tout ça m’a semblé acquis, j’ai introduit le licol dans le processus. Elle l’a bien remarqué !! Et elle s’est tenue à distance une journée, puis est revenue vers moi. Là, caresses et friandises en gardant le licol à la main, puis je lui ai passé le licol sur le corps. Je le retirai avant qu’elle se recule. Au début c’était de l’ordre de 2/3 secondes !!! Puis, toujours ans le même esprit, je lui ai passé la corde autour de l’encolure, jusqu’au jour où j’ai pu lui mettre le licol. Ce jour là, je lui ai mis, je l’ai caressée longtemps en lui donnant des friandises et je n’ai rien fait d’autre. Trois jours après, elle venait vers moi, je lui passais le licol directement et je la sortais du pré sans rébellion de sa part. Autant vous dire que j’étais très fière et heureuse !!!!!!!!! Le reste de l’année je ne m’occupe pas des poneys, mais j’ai eu l’occasion de retourner dans le pré environ 6 mois plus tard et Louloute est venue spontanément vers moi … j’étais scotchée qu’elle se rappelle, elle n’a pas eu la moindre hésitation. Comme j’ai toujours des bonbons dans les poches, elle a été gâtée !! En fait j’ai fait un mix d’un peu tout !!!!! La clé du succès est avant tout la patience. Mais courage à tous, on y arrive. Avec certains il faut plus de temps, c’est tout. Je n’ai pas voulu la brusquer et ça a payé.
Bonjour Christine,
Votre récit est un très bel exemple ! J’espère qu’il inspirera ceux qui en auront besoin 😉