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Les éperons, savoir s’en servir

Avec l’émergence de l’éthologie et des préoccupations éthiques voire même un peu trop anthropomorphique des cavaliers, vous êtes de plus en plus nombreux à rejeter l’usage de la cravache, de la bride et aussi des éperons. Le problème avec les éperons c’est que l’on apprend pas aux cavaliers comment s’en servir alors qu’ils sont très précieux pour qui veut affiner ses aides.

Le mauvais usage des éperons

13470222145_be56cb5071_zDans n’importe quel centre équestre, les éperons sont de sortie pour aider les cavaliers à mettre en mouvement un cheval froid à la jambe. A force de les utiliser quotidiennement par des cavaliers peu expérimentés, le cheval en question s’y habitue et se retrouve de moins en moins sensible à la jambe et à l’éperon : il faut donc passer à des éperons de plus en plus piquants. Rapidement le poil de cette zone se retrouve abîmé par l’usage permanent des éperons, pouvant aller jusqu’à des brûlures et des saignements.

L’usage des éperons est-il vraiment une solution dans ce cas ? De toute évidence non, un cheval trop froid à la jambe est un problème d’éducation et pas un problème d’intensité des aides du cavaliers. C’est pourtant la solution la plus banale et la plus simple à mettre en place : le cavalier rend ses aides impulsives plus intenses pour que le cheval cède ; et ça marche. Le cheval se soumet dans l’inconfort et la résignation ce qui finit par dégrader son moral.

De même, c’est une erreur de n’agir qu’avec l’éperon alors qu’il y a toute une multitude de variantes d’utilisation de la jambe possibles y compris lorsqu’on porte des éperons : jambes, mollets et chevilles peuvent être au contact sans que les éperons ne le soient.

Les éperons pour affiner les aides

Si l’on n’utilise pas les éperons pour un cheval froid en revanche on peut les utiliser sur n’importe quel cheval qui possède suffisamment de dressage pour les comprendre sans s’affoler.

Bien maîtrisés, les éperons apportent au cavalier une grande variété d’aides qui peuvent l’aider à mettre son cheval sur la main par effet d’ensemble, demander un piaffer, passage, départ au galop ou une simple transition montante par la combinaison de différents mouvements possibles avec la jambe et les éperons :

  • Pression du mollet ou des éperons ou des deux à la fois
  • Placement de la jambe et zone de pression des éperons, à la sangle, au centre ou en arrière de la sangle
  • Mouvement des éperons, de bas en haut pour les airs rassemblés et d’avant en arrière pour l’impulsion
  • En alternance (droite, gauche) ou ensemble

Le langage de l’éperon va donc bien au-delà du toucher, pincer, piquer et son association avec les autres aides permet de différencier un mouvement d’un autre.

Les éperons, pour qui ?

7116793735_fd2583c9af_zCompte-tenu de la complexité de l’utilisation des éperons il est impératif que le cavalier ait un niveau équestre suffisamment important pour en faire usage. Il doit en effet avoir une excellente indépendance des aides avec des jambes parfaitement fixe aux 3 allures que ce soit avec ou sans étriers.

Attention aux cavaliers qui ont tendance à avoir les pointes de pieds qui partent vers l’extérieur, il faut régler ce défaut si vous ne voulez pas planter involontairement vos éperons dans l’abdomen de votre cheval. En plus en sortant les pointes de pieds vous agissez en permanence avec le mollet ce qui vous prive d’une aide supplémentaire et qui peut être mal interprété avec les chevaux très finement dressés.

Réglage et forme des éperons

Le réglage des éperons se fait en fonction de la taille du cavalier et de son cheval. En général, un grand cavalier sur un petit cheval doit porter les éperons plutôt haut pour éviter de devoir remonter le talon lorsqu’il agit à l’éperon. A l’inverse, un petit cavalier sur un grand cheval portera les éperons le plus bas possible pour éviter d’agir sur les côtes. Rien ne vous empêche bien sûr de préférer une position par rapport à une autre.

Malgré ma morphologie filiforme je suis plus à l’aise de porter les éperons sur les talons, ainsi je les sens mieux et c’est plus facile pour agir avec le mollet sans toucher à l’éperon.

La forme des éperons est à choisir en fonction du dressage de votre cheval et de ce que vous recherchez. Plus l’éperon sera long et au plus votre jambe devra être discrète et précise. Une tige plus longue vous fait agir à l’éperon un peu plus en arrière que la position immédiate de votre jambe ce qui peut être un atout dans la recherche des allures rassemblées.

Sur les photographies du XIXème siècle on remarque parfois la longueur impressionnante des éperons qui agissent pratiquement sous le ventre du cheval, l’obligeant mécaniquement à contracter les abdominaux et monter le dos en rassemblant.

Les éperons, loin d’être des objets de tortures ont vocation à aider le cavalier expérimenté, le rendre plus discret et affiner ses aides. Vous savez maintenant qu’ils ne sont d’aucune utilité sur les chevaux froids puisqu’ils les enferment dans la spirale infernale de la désensibilisation et peuvent participer à une baisse de moral voire une dépression. En revanche ils peuvent être intéressant pour un couple cheval/cavalier déjà bien avancé. 

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6 commentaires sur “Les éperons, savoir s’en servir

  1. Mandtis dit :

    Les éperons sont une aide de précision essentielle pour les cavaliers à partir d’un certain niveau. Il faut savoir les adapter à son cheval et à sa monte pour être serein. Il existe des éperons interchangeable pour cela. C’est super pratique, il y en a qui sont magnétiques!!!

  2. Ces développements sur le sujet des éperons sont les bienvenus. Les éperons peuvent paraître cruels à ceux qui ne connaissent pas leur utilité, ou qui ont constaté de mauvaises utilisations de la part de cavaliers peu précautionneux. Tout ces rappels sont donc les bienvenus 🙂

  3. colinegvd dit :

    « Bien maîtrisés, les éperons apportent au cavalier une grande variété d’aides qui peuvent l’aider à mettre son cheval sur la main par effet d’ensemble, demander un piaffer, passage, départ au galop ou une simple transition montante par la combinaison de différents mouvements possibles  »
    Attention, les éperons ne sont pas censés intervenir pour faire piaffer, passager ou partir un cheval au galop … L’éperon sert principalement pour l’effet d’ensemble et aux « attaques » dont parlaient les grands maîtres, mais ils ne remplacent pas les aides habituelles. Je pense que tu n’as pas voulu dire ça, mais au vu de la tournure de la phrase, c’est ce qu’on peut comprendre 🙂

    1. Alexandrine Nobis dit :

      Oui bien sûr, je vais revoir la tournure de la phrase. Merci

  4. Sophie dit :

    « L’usage des éperons est-il vraiment une solution dans ce cas ? De toute évidence non, un cheval trop froid à la jambe est un problème d’éducation et pas un problème d’intensité des aides du cavaliers. C’est pourtant la solution la plus banale et la plus simple à mettre en place : le cavalier rend ses aides impulsives plus intenses pour que le cheval cède ; et ça marche. Le cheval se soumet dans l’inconfort et la résignation ce qui finit par dégrader son moral. »

    Merci Alexandrine, comme d’habitude, tout est très bien dit !

    1. Alexandrine Nobis dit :

      Merci Sophie 😀

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