Logo de Éduquer son cheval

Peur à cheval : tout ce que vous devez savoir

La peur chez le cavalier est quelque chose de compréhensible car le fait de pratiquer l’équitation mêle deux grandes peurs instinctives qui sont inscrites dans nos gènes et indispensables à notre survie. Il s’agit de la peur de tomber qui apparaît logiquement dès que l’on se retrouve en hauteur ainsi que la peur de perdre le contrôle. Or les chevaux sont connus pour ne pas toujours faire exactement ce qu’on leur demande…

La peur ne dépend pas d’une chute

On a tendance à croire que les cavaliers qui ont peur ont forcément vécu une chute ou un évènement traumatisant qui s’est avéré être le déclencheur et qui explique pourquoi lorsque la situation se répète à quelques détails près, la peur survient violemment.

Cela peut être vrai pour certains et dans ce cas là c’est assez facile de comprendre et de l’expliquer puisque l’origine apparaît de façon logique. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde.

Pour d’autres il n’y a aucun évènement logique lié au cheval qui peut expliquer l’apparition de la peur. Dans ce cas là, on me décrit souvent comme un avant / après : avant je n’avais pas peur et je montais à cru au galop et maintenant je suis incapable de sortir en extérieur au pas.

L’apparition de la peur à cheval n’a pas toujours de liens avec un évènement qui s’est produit justement avec un cheval. Parfois, ce sont d’autres évènements violents ou répétés sans rapport avec les chevaux qui modifient en conséquence le fonctionnement du cerveau limbique qui gère la peur. A partir de là, la personne semble changer et devenir plus raisonnée et plus prudente dans tous les domaines de sa vie et elle a aussi plus facilement peur qu’avant.

Dans d’autres cas encore, la peur apparaît sans qu’aucun évènement réel ne se soit produit. Uniquement avec la puissance de l’imagination et de la projection, la personne peut appréhender un évènement futur et créer de la peur chez elle par son appréhension. En entretenant ces pensées inquiètes, la peur se renforce et les images et sensations imaginée sont perçues comme réelles par son cerveau qui ne fait pas la distinction entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas, renforçant ainsi encore davantage sa peur chaque fois qu’elle pense à ce qui pourrait lui arriver de grave.

Souvent, associé à ça, il y a aussi la capacité de projection lorsque cette personne a assisté à des chutes ou des accidents à cheval. En s’identifiant fortement à la personne accidentée, elle se sent concernée aussi et créée en elle une inquiétude pouvant aller jusqu’à la peur.

Donc la peur à cheval n’a pas forcément de liens avec une chute ou un accident à cheval, elle peut être simplement le fruit d’une appréhension ou une modification de votre manière de gérer le risque suite à des évènements de votre vie sans liens avec le cheval.

Pourquoi la peur n’est pas raisonnable ?

Vous l’avez déjà remarqué si vous avez vraiment peur, bien souvent les personnes autour de vous ne comprennent pas. C’est parce que la peur n’est pas raisonnable.

On a beau vous donner toutes les raisons pour lesquelles il n’y a aucun danger et aucune raison d’avoir peur, cela ne changera absolument rien pour vous.

Vous avez beau l’accepter intellectuellement, dès que vous êtes confronté à cette situation vous ne contrôlez plus rien, c’est la peur qui vous contrôle. Votre tête se vide et vous n’êtes plus capable de vous souvenir ni de ce qu’il faut faire, ni des conseils qu’on vous a donné l’instant d’avant. C’est le grand vide et la seule chose à laquelle vous pensez c’est le meilleur moyen de fuir cette situation.

Et ce fonctionnement est parfaitement normal et il concerne tout le monde ! Il est fait pour vous protéger car vous comprenez bien que s’il était aussi facile de contourner vos peurs instinctives simplement par le raisonnement, vous pourriez aussi facilement vous mettre en danger (pas top pour la survie).

Lorsque la peur devient trop importante, le cerveau limbique qui est la partie qui gère les émotions et tout ce qui relève de l’instinct qui prend le dessus sur vos pensées. C’est lui qui créée tous les phénomènes physiques liés à la peur et il influence et contrôle votre cortex qui vous sert habituellement pour penser, réfléchir et rationaliser en focalisant votre attention sur ce qui vous fait peur.

Cela créé un effet loupe qui déforme la réalité en rendant la situation beaucoup plus grave et inquiétante que ce qu’elle n’est en réalité. C’est dans ces moments là que vous vous retrouvez à guetter les moindres signes de dangers potentiels autour de vous qui pourraient créer ou aggraver la situation qui vous fait peur.

Ce qui explique que vous ne pouvez pas vous raisonner quand vous avez peur mais que la peur peut prendre le contrôle sur vous, c’est que les connexions qui vont du cerveau limbique au cortex sont très nombreuses donc le cerveau limbique a une grande influence sur votre cortex et déclenche toutes sortes de réactions chez vous.

En revanche les connexions du cortex vers le cerveau limbique sont très peu nombreuses. Autrement dit, vos pensées ne peuvent pas influencer votre cerveau limbique pour faire diminuer votre peur. En gros vous ne pouvez que très peu influencer tout ce qui relève de l’instinct.

C’est pour cette raison que vouloir raisonner une personne qui a peur en lui répétant en long, en large et en travers qu’il n’y a pas de raisons d’avoir peur ne sert absolument à rien hormis l’agacer et la rabaisser encore plus.

Vous n’êtes pas responsable de votre peur

Si vous avez peur, il vous arrive de vous sentir nul et incapable. Et pourtant la peur n’est pas de votre faute.

Comme vous le savez, c’est le cerveau limbique qui gère ça parce que cela fait partie de l’instinct de préservation. Dans un monde sans peur, personne ne survivrait car il suffirait de se persuader d’être capable de voler pour se jeter d’une falaise (ce qui serait stupide).

Donc la peur est utile oui, mais elle devient gênante lorsqu’elle vous empêche d’avoir une vie normale, d’avoir une vie comme les autres cavaliers. Et c’est justement là que ce sujet devient intéressant.

En réalité, vous n’êtes pas plus responsable de votre peur qu’une personne allergique au pollen ne l’est de son allergie.

La personne allergique a un système immunitaire trop sensible et mal réglé ce qui fait que son corps a des réactions disproportionnées face au pollen alors que ce sont des particules inoffensives et sans dangers pour l’organisme.

De la même manière, la personne qui souffre de peurs excessives a son cerveau limbique qui gère la peur mal réglé et trop sensible. Ainsi l’alarme de la peur va se déclencher trop tôt et trop fortement pour des évènements qui ne sont pas si dangereux.

Vous comprenez bien que la peur faisant partie d’un instinct de préservation, même si l’alarme se déclenche à tord et à travers, il vaut mieux un faux positif plutôt qu’un faux négatif. C’est-à-dire qu’il vaut mieux que la peur se déclenche, au cas où plutôt que pas du tout et risquer de se mettre en grand danger.

Bien sûr, quand je parle de grand danger, c’est un grand danger tel qu’il est perçu par la personne et par son système nerveux. Quelque soit la réalité et ce que les autres peuvent en penser, une personne qui a peur se sent véritablement en danger de mort même si cela n’a aucune logique et aucune raison d’être et que cela peut sembler même risible aux yeux de personnes extérieures.

Si vous avez peur de cette situation, vous aurez davantage tendance à croire que le véhicule s’apprête à renverser le cheval

Donc pour conclure, si vous avez peur et quelque soit l’intensité de cette peur. Vous êtes normal ! Vos réactions sont normales ! Et c’est normal que vous n’arriviez pas à vous forcer, à vous raisonner ou à profiter autant que les autres.

Lorsque la peur se déclenche et dépasse un certain seuil, c’est normal que vous ne contrôliez plus quoi que ce soit et cela n’a rien à voir avec une faiblesse, une incapacité, un manque de courage ou je ne sais quel autre défaut. C’est juste un phénomène physique, biologique et chimique qui se produit à l’intérieur de vous.

Nous allons voir maintenant dans quelles mesures il est possible d’influencer ce phénomène pour l’amener à des seuils de déclenchement et d’intensité plus raisonnables.

Vaincre sa peur : ce qui ne marche pas

Instinctivement, vous allez peut-être vouloir mettre en place certaines stratégies pour lutter contre votre peur. Malheureusement, elles ne fonctionnent pas toutes et pas dans tous les cas.

L’une d’entre elles est l’évitement. A ce moment là vous choisissez de ne pas y penser, d’éviter de vous projeter dans le futur et d’éviter d’anticiper quoi que ce soit pour se couper du flot de pensées anxiogène. Le problème c’est que ça fonctionne assez bien sur les degrés de peur et d’inquiétude assez faibles.

Mais dès que la peur s’intensifie, plus aucun contrôle ne devient possible. Non pas que vous ne soyez pas capable de le contrôler, mais plutôt que l’intensité de la peur est telle que cela devient juste impossible de ne pas la voir réellement tellement elle prend une grande place.

Autre conséquence possible si vous choisissez d’éviter de penser ou même de vous confronter à votre peur, c’est qu’elle va s’aggraver et prendre de l’ampleur. Le fait d’obéir à vos peurs et de les éviter par tous les moyens valide encore davantage dans votre inconscient que cette peur est justifiée. En fuyant devant l’objet de votre peur, vous envoyez à vous-même le message suivant « je l’ai échappée belle » et vous avez réellement le sentiment d’avoir échappé à quelque chose de grave ce qui contribue à valider et renforcer cette peur chez vous. A terme, si l’évitement est extrême cela peut même aller au point d’avoir peur d’avoir peur.

D’autres décident spontanément de s’y confronter mais pas toujours avec la bonne méthodologie ni de la bonne manière. C’est plutôt des personnes qui sont en lutte contre elles-mêmes et y vont en forcing. Le soucis c’est que forcément, la peur les envahit complètement et ils perdent totalement le contrôle d’eux-mêmes, ce qui encore une fois est un processus normal. Suite à cela, ils se sentent nuls et incapables de lutter contre leurs peurs. Ils se sentent dévalorisés et dans une impasse.

Et enfin la dernière stratégie que vous avez sûrement eu l’occasion d’expérimenter c’est celle de la réflexion, du raisonnement et du conseil. Vous essayez de vous faire aider par des personnes de confiance, vous leur demandez de l’aide et des conseils. L’avantage c’est que vous en parlez et vous êtes obligé de prendre conscience et regarder réellement votre peur.

Vous pouvez aussi vous rendre compte de cette manière si votre peur est normale ou si elle est vraiment exagérée. Car parfois, c’est normal de ne pas vouloir remonter le cheval avec qui vous avez fait une grosse chute par exemple. Mais ce n’est pas normal d’avoir peur de rentrer dans un box.

Cette stratégie a cependant ses limites aussi car comme nous l’avons vu plus haut, le simple raisonnement ne suffit pas à faire diminuer vos peurs.

Est-il possible de guérir de la peur ?

Je pense qu’il n’est pas possible de guérir de la peur dans le sens où vous ne pourrez jamais la faire disparaître complètement.

Tout simplement parce que c’est un instinct et que « chassez le naturel, il reviendra au galop ».

Mais pour autant, il est possible de faire diminuer vos peurs pour les ramener dans des seuils acceptables. Si aujourd’hui vous êtes handicapé par vos peurs et que vous ne pouvez pas avoir une vie normale de cavalier, alors oui il y a quelque chose à faire.

Faire diminuer vos peurs passe par un processus basé sur la pratique et l’expérimentation. L’idée étant de prouver par l’expérience, par la confrontation à votre cerveau limbique qu’il déclenche l’alarme trop tôt et trop fort pour une situation donnée.

Il existe beaucoup d’autres méthodes pour vous aider à mieux vous contrôler et contrôler vos peurs comme la cohérence cardiaque, la respiration, l’instant présent ou même la psychanalyse.

Je reste cependant convaincue que l’expérimentation et la confrontation sont les plus efficaces. En accumulant les petites expériences positives, vous allez pouvoir reprendre confiance en vous progressivement. Ces petites expériences positives sont là pour prouver à votre inconscient que cette situation inquiétante ne l’est finalement pas tant puisqu’il ne se passe rien et ainsi contribuer à faire baisser votre sensibilité à la peur.

Avec cette confiance acquise vous vous sentirez de plus en plus apte à aborder les situations qui vous font le plus peur actuellement.

Évidement cela ne se fait pas n’importe comment et il y a une préparation et une chronologie à respecter pour que ces expériences de confrontation se déroulent de la meilleure façon possible et aient une issue positive et bénéfique.

Le premier travail à faire étant que vous compreniez ce mécanisme de la peur et surtout dans quelles situations précises elle se déclenche.

Ouch

La peur fait partie de nos instincts et par conséquent il est très difficile voire impossible de la contrôler quand elle survient. Aussi il n’y a pas de honte à avoir si vous avez peur car vous n’y pouvez rien.

Elle peut apparaître avec autant d’intensité qu’il y ait eu ou non un évènement déclencheur. Dans certains cas, elle est simplement le fruit de l’imagination de scénarios catastrophes.

Le meilleur moyen pour lutter contre la peur reste encore de s’y confronter régulièrement avec une méthodologie qui soit adaptée et vous permette de progresser. Que vous ayez peur de vous faire embarquer, de tomber, de perdre le contrôle, de prendre un coup de pied, de sauter, de galoper ou de sortir en extérieur. Sachez que vous n’êtes pas seul et qu’il y a une solution pour apprendre à gérer votre peur et à la faire diminuer.

Facebook
Twitter
WhatsApp
Pinterest
LinkedIn

4 commentaires sur “Peur à cheval : tout ce que vous devez savoir

  1. ROMAIN LAFORGUE Marie dit :

    Merci pour cet article.

    Ma fille de bientôt 8 ans fait du poney depuis 4 ans et depuis 18 mois elle a peur…elle est tombée mais que cette année.
    Nous essayons de comprendre ce qui peut se passer, mais cela est très compliqué.
    Elle en vient à faire parfois des crises de pleurs sur le poney à se bloquer complètement et parfois une séance va super bien se dérouler.
    Nous avons l’impression que la taille du poney peut jouer.

    Bonne journée

    Cordialement

    Marie

  2. Escuain Eliane dit :

    Bonjour Alexandrine
    Je vous suis depuis un moment, et tout ce que vous dites me parle je suis vraiment intéressée et d ailleurs j.ai souscrit à un de vos cours, pour le moment je n’ai pas sauté le pas à votre formation mais j.en rêve, mais j.ai peurdenep as être à la hauteur.
    Je ne suis plus du tout jeune et je suis restée 25 ans sans monter, suite à un grand drame familiale, j.ai sauté le pas il y a 4 ans, j.ai acheté mon premier cheval, tout devrait magnifique, mais voilà dès que souhaite avancer mon coach me dit que cela n.est pas possible, mon cheval ne peut pas’, alors je suis perdue.
    Je suis dans le sud de la France donc je ne peux pas venir chez vous, pour avoir votre avis.
    J.avais le niveau galop 7 (a l.époque éperon d.argent oui je sais cela ne veux rien dire)
    J.ai demandé qu.on le travaille pour les transitions galop pas et on m a repondu ce n’est pas possible pour son dos il ne sait pas se peut se rassembler, il doit être travaillé en extension d’encolure.
    Aidez moi ( la personne qui s en occupait avant m a dit qu. Il connaissait les changements de pieds qu il fallait confirmer là pareil ce n.est pas possible, le piaffer a été également déclenché, il sait se diagonalisé réponse de mon coach ce n est pas possible il manque de force et de souplesse, et on pourrait continuer comme cela pour tout.
    Bilan j.ai acheté un cheval pour faire du dressage et je ne peux peux rien faire.
    J’ai peu de temps devant moi mon cheval a 15 ans es que je peux espérer quelque chose, je paie pour le travailler et rien ne va dans mon sens, je ne veux en aucun cas nuire à sa santé
    .que puis je espérer
    Merci de votre réponse

    1. Alexandrine Nobis dit :

      Bonjour Eliane,
      Je pense que vous vous retrouvez confrontée aux incohérences qui existent entre la vision de ce que je partage ici et ce qu’on enseigne un peu partout et qui mène à ce qu’on voit en compétition.
      Votre cheval n’est pas prêt pour rassembler en étant sur les épaules comme en compétition, il manque de force pour ça mais c’est une très bonne nouvelle.
      Difficile de vous en dire plus à ce sujet sans vous avoir vu ensemble, ce ne sont que des suppositions.
      Dans quel coin du sud êtes-vous ?

      1. Escuain Eliane dit :

        Bonjour Alexandrine,
        Je suis dans le Sud Vaucluse
        Cordialement

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Les clés du bien-être du cheval au travail

Apprenez à mieux comprendre les signaux que votre cheval vous envoie pour améliorez votre équitation et votre relation avec lui

Les dernières publications