Le secret invisible de l’équilibre du cheval

En équitation on vous parle de l’encolure, de la position de la tête, du contact avec la bouche du cheval mais aussi du dos, de l’engagement des postérieurs et de l’incurvation. Parfois même en vérifiant tous ces paramètres un à un on ne trouve toujours pas la solution à nos problèmes. Ou peut-être que vous n’avez aucun problème tout compte fait, mais êtes-vous sûr que votre cheval fonctionne au mieux ?

Mon obsession pour la recherche d’un meilleur équilibre du cheval m’a poussé sur la piste de l’équilibration entre les deux épaules. Je ne me suis effectivement pas penchée sur le report de poids sur l’arrière-main car c’est quelque chose de difficile pour le cheval et qu’il ne fait pas souvent de bon gré. Alors qu’en m’intéressant d’abord à l’équilibre des épaules je me permettais aussi d’appliquer mes découvertes à toutes les disciplines et mêmes aux jeunes chevaux.

Je me suis rendue compte qu’en étant capable de maîtriser l’équilibre des épaules du cheval, je pouvais maîtriser l’équilibre du cheval dans son intégralité (exception faite des airs rassemblers qui demandent un report de poids sur l’arrière main mais c’est quand même utile pour tout le reste).

Par le seul jeu de la recherche de l’équilibre j’ai réussi à obtenir quelques pas d’épaule en dedans sur deux jeunes chevaux juste débourrés. Je me suis même demandé s’ils ne connaissaient pas déjà l’exercice tellement celui-ci est venu facilement et sans utiliser aucune force.

Je n’avais donc plus besoin de passer par le conditionnement pour l’apprentissage puisqu’il suffisait de placer le cheval dans les conditions d’impulsion et d’équilibre idéales pour réaliser le mouvement souhaité.

La base de l’encolure : berceau de l’équilibre du cheval

En fait je vous parle des épaules depuis tout à l’heure mais ce n’est pas tout à fait exact car celles-ci n’ont aucune mobilité l’une par rapport à l’autre. En revanche la base de l’encolure est située juste au-dessus des antérieurs. Elle est mobile dans un axe vertical bien sûr, d’où le fameux « il monte son garrot » (vaste sujet qui fera l’objet d’un autre article). Mais elle est aussi mobile dans un axe horizontal : elle peut se déplacer vers la droite ou vers la gauche.

 

Vous voyez où je veux en venir ?

La base de l’encolure est bel et bien le berceau de l’équilibre du cheval ! Déjà parce que la majorité du poids du cheval se porte sur ses épaules à l’état naturel. Ensuite elle se trouve juste au-dessus des antérieurs et son positionnement influence donc considérablement la répartition de poids entre l’antérieur droit et l’antérieur gauche. Elle est également essentielle dans la locomotion du cheval car son rôle est de reporter le poids alternativement d’un antérieur sur l’autre lorsque le cheval se déplace. Lorsque l’antérieur droit est au sol, la base de l’encolure se porte davantage sur cet antérieur afin de permettre à l’antérieur gauche de se lever et inversement. Ainsi en étant attentif il est possible de constater des différences entre un antérieur droit et un antérieur gauche, il y en aura toujours un des deux qui restera au sol moins longtemps que l’autre et c’est plus ou moins visible selon les dissymétries du cheval.

Comment identifier l’épaule surchargée ?

La base de l’encolure du cheval est un attribut de son équilibre, le gros problème c’est qu’à pied il est très facile de la mobiliser mais une fois à cheval et en mouvement c’est beaucoup plus compliqué. La première étape est d’être capable de ressentir une éventuelle surcharge d’une des épaules du cheval et donc de savoir aussi de quel côté la base de l’encolure se trouve.

Il est possible de le ressentir à cheval dans son assiette, le cheval nous place alors du côté qui l’arrange. Attention donc à ne pas confondre ces sensations avec vos propres dissymétries. C’est une sensation assez subtile et difficile a décrire mais quand on y fait attention cela devient facile à repérer. Je dirais que ça se manifeste par la sensation qu’une des deux épaules est plus basse que l’autre, comme si elle s’écrasait davantage sous le poids.

La difficulté c’est que le cheval est en mouvement et qu’il peut changer son poids d’épaule en l’espace d’une foulée. Il arrive aussi que la répartition de poids entre les deux épaules soit équitable ou plutôt qu’aucune des deux épaules ne souffre d’une surcharge. C’est souvent le signe que le cavalier a lui-même une répartition de poids entre ses deux fesses qui convient au cheval à cet instant précis.

Une fois que vous savez identifier l’épaule surchargée il vous faudra trouver le moyen d’influencer la base de l’encolure pour décharger une épaule ou équilibrer les deux selon ce que vous souhaitez faire et l’équilibre que vous recherchez. De cette façon vous pourrez facilement jouer avec cet élément et influencer l’équilibre de votre cheval en votre faveur sans que votre cheval ne s’en rende compte.

Comment influencer la base de l’encolure ?

A force d’observer comment le poids pouvait se déplacer d’une épaule à l’autre j’ai trouvé quelques astuces qui vous aideront à votre tour à influencer la base de l’encolure.

  1. La rêne d’ouverture (voir la figure ci-dessous). Si elle est exécutée sans force, le cheval se ploie en reportant son poids sur son épaule externe pour tourner. On doit voir les muscles inférieurs de l’encolure disparaître. Une rêne d’ouverture mal exécutée ou sur un cheval qui a de grosses raideurs dans son encolure, le poids va systématiquement sur l’épaule interne, le cheval se couche sur son cercle en chassant les hanches et l’encolure se porte exagérément à l’intérieur sans aucun ploiement.
  2. La hauteur des mains. Une main plus haute que l’autre place le mors en biais dans la bouche du cheval. Si l’écart entre les deux mains est trop important ou si le cheval n’a pas la force pour mettre davantage sur son autre épaule il peut se défendre en inclinant la tête. Sinon c’est comme pour un jeu de bille sur un plateau, le poids va du côté le plus bas du plateau : le poids va sur l’épaule du côté où la main est la plus basse.
  3. Le poids du cavalier. Contrairement à ce que la plupart des cavaliers imaginent, le poids du cavalier n’influence pas la base de l’encolure de façon directe. C’est-à-dire que si vous vous penchez exagérément d’un côté pour surcharger une épaule vous provoquerez l’effet inverse et le cheval compensera ce déséquilibre en jetant tout son poids de l’autre côté (et il en a beaucoup plus que vous). La bonne méthode ici consiste à trouver la répartition idéale de poids entre vos deux fesses : celle qui permettra à votre cheval de fonctionner au mieux. Le résultat se manifeste par une impulsion accrue, une cadence lente mais ample et de la rectitude.

Sur la figure B on voit un cavalier qui tire sur la rêne intérieure. Le cheval se retrouve bloqué par cette main qui engendre une contracture de l’encolure et des muscles dorsaux à gauche. C’est la réaction de la plupart des cavaliers qui ressentent une difficulté à faire tourner leur cheval d’un côté. En faisant ainsi on arrache un semblant d’incurvation mais le cheval jette son encolure raidie du côté gauche en portant son poids sur l’épaule gauche et en se couchant sur son cercle. Les contractures engendrées dans l’encolure ne feront que aggraver les dissymétries de ce cheval.
La figure C présente un cheval qui tourne par une rêne d’ouverture, il est invité à s’incurver par l’appui de l’anneau externe du filet. La rêne intérieure ne force pas elle accompagne le mouvement. Le cheval accepte de s’incurver véritablement en étirant son côté externe de façon harmonieuse. Le poids est reparti de façon équilibrée entre les epaules ce qui permet au cheval de tourner sans se coucher sur son cercle.

La recherche d’équilibre entre les épaules du cheval et le contrôle de la base de l’encolure du cheval vous aideront particulièrement si vous butez sans cesse sur une difficulté en particulier comme par exemple les déplacements latéraux ou même l’incurvation. Évidement cela ne résoudra pas tous les problèmes et vous devrez faire attention aussi à beaucoup d’autres paramètres comme la décontraction de la mâchoire, de la nuque et de l’encolure ainsi qu’à toutes les autres raideurs éventuelles de votre cheval. La recherche d’équilibre en équitation est une notion essentielle qui exclu la force et malheureusement trop peu enseignée.


Source vidéo : Natural Horseman Saddles

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One response

  1. bon article j’ai reussi a décontracter ma jument avec cet équilibre fondamental que ce soit au pas au trop et au galop bcp de chevaux ne connaisse pas leur équilibre et en général se soulage d’une gène physique qu il faut absolument repérée pour que notre monture travaille dans le confort.

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