Quand on y pense c’est assez étrange de vouloir imposer la décontraction à son cheval dans le travail. C’est plutôt lui qui accepte de se décontracter et ce n’est clairement pas en sciant la bouche avec énervement que le cheval se décontractera. Je trouve qu’il y a beaucoup de confusion avec cette phrase et surtout, les cavaliers ont du mal à comprendre comment se manifeste la décontraction chez le cheval au travail.
Préjugés et origines
La décontraction chez le cheval est le sujet de nombreuses et étranges croyances et confusions. Bien souvent, les cavaliers pensent que la décontraction du cheval vient quand il ramène son chanfrein à la verticale et vient en place. D’autres considèrent qu’un travail incluant une position d’encolure spécifique comme l’extension d’encolure ou le fameux bas et rond est forcément décontractante pour le cheval. Assurément ce n’est pas parce qu’un cheval à la tête et l’encolure dans une certaine posture qu’il est forcément décontracté. Souvenez-vous, tous les chevaux sont différents, comment une seule et unique position peut leurs convenir à tous ?
A l’origine la décontraction du cheval était enseignée dans l’école française il y a plus d’un siècle. On commençait en premier lieu par quelques flexions et décontractions de la mâchoire (bien que ce ne fut pas le cas forcément chez tous les maîtres). Lorsqu’on disait décontracte ton cheval on signifiait à l’élève que l’encolure était raidie et qu’il avait tout intérêt à chercher à rendre la mâchoire de son cheval plus mobile. Et, de cette décontraction de mâchoire, découle celle de la nuque, de l’encolure et de tout le cheval. La position du chanfrein à la verticale est alors une conséquence de la décontraction, un fragile témoin de la justesse des aides du cavalier.
Aujourd’hui on scie la bouche des chevaux et on met des enrênements pour obtenir cette position que l’on n’arrive pas à donner à son cheval autrement que par la contrainte : preuve irréfutable de l’incompétence de son cavalier.
Quels sont les signes de décontraction chez le cheval ?
La chose la plus importante à comprendre est que la décontraction du cheval ne peut pas avoir lieu si celui-ci est régulièrement en défense ou s’il manifeste des signes d’inconfort. Je vous invite à lire l’article dédié aux défenses du cheval pour vérifier cela.
Il y a plusieurs signes qui peuvent témoigner de la décontraction d’un cheval mais cela va varier d’un individu à l’autre en fonction de sa personnalité et de son niveau de dressage. Malgré tout, il y en a bien un qui est assez visible et facile à repérer : c’est quand le cheval mâche son mors. Si vous l’observez d’un point de vue externe, vous pourrez même voir la langue sortir de la bouche comme si le cheval se léchait les lèvres, un peu comme nous après un repas.
La difficulté c’est que le cheval exprime aussi son inconfort en ouvrant (trop) la bouche mais cette fois de manière frénétique et souvent accompagné d’une instabilité dans l’encolure. Dans ces cas là, on ne voit pas la langue car elle est rétractée dans la bouche, parfois au-dessus du mors pour échapper à la pression. C’est bien pour ça que les muserolles croisées sont si serrées sur les terrains de dressage.
Si vous trouvez que votre cheval est contracté les causes peuvent être diverses et variées :
- Vous êtes vous-même trop contracté, stressé, angoissé
- Le matériel est inadapté à votre cheval et cause des douleurs et de l’inconfort
- Vos aides sont trop fortes et provoquent de la contraction
- La tension des rênes est trop forte et douloureuse
- Votre cheval a des douleurs ou des courbatures
- Votre position / équilibre gêne la locomotion de votre cheval
- et beaucoup d’autres causes sont possibles…
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- La tension des rênes doit permettre au cheval de bouger sa langue
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- Ici, une langue rétracté et une bouche douloureuse
Comment provoquer la décontraction ?
Pour obtenir la décontraction du cheval il faut apprendre à demander sans imposer. De cette façon ce sera déjà beaucoup plus facile de rechercher la décontraction et le cheval ne sera pas dans la crainte d’une réprimande.
Nous avons vu que pour décontracter un cheval, c’est à la mâchoire qu’il faudra être le plus attentif. Celle-ci, lorsqu’elle se mobilise fait vibrer les attaches musculaires et ligaments de la langue jusqu’au sternum en passant par l’encolure. C’est pour ça qu’on dit que la mobilisation de la mâchoire est réputée pour avoir un effet décontractant global sur le cheval.
Pour provoquer la décontraction de la mâchoire on peut donc s’aider des flexions de mâchoire et d’encolure. Ces exercices ont pour vocation l’assouplissement de l’encolure mais aussi et surtout pour faire comprendre au cheval comment il doit réagir aux différentes actions du mors dans sa bouche. Ensuite, une fois monté, le cavalier en agissant sur les rênes doit pouvoir obtenir facilement des cessions de mâchoire. Pour en savoir plus, lire l’article sur la décontraction de la mâchoire.
Il est possible de décontracter son cheval sans passer par les flexions, le cheval tombe dans la main et mâche son mors lorsque certains exercices sont bien réalisés, cela peut être une épaule en dedans, une simple mobilisation des hanches, des épaules ou un travail de transition. Travailler son cheval de cette façon, en recherchant à obtenir un cheval qui mâchouille par divers exercices est très formateur pour le cavalier qui devient alors l’élève de son cheval et apprend à l’écouter et à avoir les aides les plus justes dans chaque exercice.
La décontraction chez le cheval c’est l’expression du bien-être du cheval au travail qui se traduit par la mobilité de la mâchoire. Les flexions de mâchoire et d’encolure peuvent aider le cheval à mieux comprendre la main du cavalier, c’est très utile pour rééduquer une bouche contrariée. Mais la décontraction survient également de façon spontanée le plus souvent dans des exercices de déplacements latéraux, le cheval mâche son mors et tombe dans la main sans l’intervention du cavalier. C’est pourquoi il est important de savoir demander à son cheval sans vouloir imposer afin de lui laisser le temps de se mettre dans l’exercice et de se décontracter.
N’hésitez pas à m’exposer vos points de vue ou à poser vos questions en commentaire.
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11 Responses
Bonsoir,
C’est avec plaisir que j’ai lu votre article et relue celui sur la décontraction de la mâchoire mais j’ai du mal à comprendre le mouvement (dans quel sens) que l’on doit faire avec le mors. Est-ce que ça doit imiter les mouvements intermittents que l’on fait avec nos mains à cheval lorsqu’on veut décontracter l’encolure du cheval? Si vous avez une vidéo …
Claudine
Bonsoir Claudine,
Pour décontracter la mâchoire et obtenir d’abord la cession de mâchoire avec le bruit caractéristique de cliquetis du mors on agira dans un premier temps sur la commissure des lèvres donc dans le même sens que les montants du filet si nécessaire. Puis progressivement on demande la même chose en ramenant les mains dans une position normale.
Quand on décontracte son cheval à n’importe quelle allure ça veut dire qu’il mâche son mors (et ça arrive même s’il n’est pas sur la main) lors de la fermeture des doigts sur les rênes. Après vous pouvez trouver vos propres stratégies pour l’aider en agissant un peu avec les mains. Je n’ai pas précisé davantage car on a tendance à en faire toujours BEAUCOUP TROP avec les mains. Le plus souvent il faut chercher la solution dans l’activité des postérieurs, la rectitude, la hauteur de nuque, la tension des rênes etc…
A bannir donc le droite – gauche constant… Le cheval doit être dans la main sans que vous n’ayez besoin d’agir et vous ne devez fermer vos doigts que lorsque malencontreusement il en sort…
Je vous conseille donc d’être attentive à la bouche de votre cheval et de repérer ses mouvements qui provoquent instinctivement la décontraction, ça peut être le cercle, le ralentissement de l’allure ou l’épaule en dedans…
Bonjour Alexandrine,
est-ce que mettre du miel sur le mors c’est « tricher » ? Un moniteur m’avait appris ça.
Bonjour Manon,
Je connais l’astuce de mettre du miel sur le mors pour un jeune cheval à qui on met le mors les premières fois. Pour décontracter par contre je ne suis pas certaine que ce soit très efficace, ça dépend des chevaux et de comment ils réagissent au miel sur le mors. Je pense que pour certains ce serait à éviter s’ils sont trop gourmand et qu’ils n’arrivent plus à se concentrer sur le cavalier.
En revanche ça peut être vraiment bien pour un cheval qui a une bouche « morte », qui ne mâche jamais son mors, qui sors la langue ou qui grince des dents.
C’est pas une mauvaise idée mais à adapter en fonction de chaque cheval !
bonjour,
je voudrai apporter un témoignage sans que pour autant je lui accorde une valeur particulière sur le sujet de cet article.
depuis plusieurs mois je monte mon cheval en licol de corde pourvu de deux anneaux latéraux. je travaille avec cet enrênement en carrière comme en extérieur en ballade. j’ai opté pour cette formule après un travail qui me permet un contrôle total du cheval dans cette configuration. tout dernièrement un cavalier qui assistait a ma séance de travail en carrière nous travaillons sur les départs au galop. a eu cette remarque « c’est bizarre il mache son mors alors qu’il n’a rien dans la bouche » .
dans mon cas le machouillement n’était pas du à une quelconque action de la main. donc est ce une cause ou un résultat de la décontractiion?
Bonjour Jacques,
Le machouillement dans lequel la langue remonte puis redescend dans la bouche du cheval est synonyme de décontraction. Cela veut simplement dire que vous êtes sur le bon chemin dans votre façon de travailler votre cheval et que l’exercice que vous faisiez ou peut-être juste l’attitude prise par votre cheval à ce moment là a provoqué de la décontraction et donc déglutition et mouvement de la langue.
Le machouillement est le résultat de la décontraction puisque lorsque le cheval déglutit il est mécaniquement obligé de décontracter les muscles du dessous de l’encolure qui sont les muscles qui résistent lorsque le cheval est en défense et ce phénomène se prolonge jusqu’au sternum. C’est pour cela que l’on dit qu’un cheval qui est décontracté dans sa bouche est décontracté dans tout son corps. Donc provoquer volontairement un mouvement de langue par l’intermédiaire du mors a le même résultat (à condition que cela ait été bien exécutée) que de l’obtenir spontanément comme pour vous.
J’espère avoir répondu à votre question 🙂
Bonjour,
Le cheval que je monte grince des dents dès qu’on lui met le mors. Il ne le fait pas avec l’hackamors. Il a un mors à aiguille à simple brisure en résine.
Vous pensez que le teste du miel peut l’aider à se détendre et aider à accepter le mors ?
Merci d’avance de votre aide.
Bonjour Delphine,
Pourquoi pas tester le miel, ça peut marcher, il faut essayer !
Je vous recommande cependant d’approfondir la décontraction de la mâchoire en lisant cet article https://eduquer-son-cheval.com/la-decontraction-de-la-machoire/
J’ai rédigé aussi une chronique sur une jument qui grinçait des dents, cela vous aidera peut-être https://eduquer-son-cheval.com/chronique-n1-grincement-de-dents/
Bonjour Alexandrine,
Vous parlez de flexion de mâchoire? Est-ce pour vous la même chose qu’une cession de mâchoire?
Merci pour vos instructifs articles.
Diane
Bonjour Diane,
Oui, à partir du moment où le cheval bouge sa langue de bas en haut et de haut en bas en déglutissant, ces deux mots veulent dire la même chose dans ce contexte là en tout cas 🙂
comme jacques (et je me prénomme aussi jacques) je monte mon cheval en licol de corde avec des anneaux latéraux en carrière comme en extérieur, Je n’accorde pas non plus de valeur particulière a mon témoignage.
Avec le même cheval j’ai travaillé avec des enrênements multiples pendant plusieurs années avant de découvrir que construire une relation de partenaire bienveillant avec son cheval permet de dérouler tous les exercices sans résistance ni dualité. Pendant plus de 40 ans j’ai maltraité la bouche de mes chevaux en cherchant désespéramment une décontraction avec des mains très dures (je pensais pourtant faire de gros efforts pour avoir des mains légères) . La démarche qui m’a conduit après un grand travail sur moi même a pouvoir supprimer en toute sécurité tout le matériel et me débarrasser de la brutalité de mes mains rejoins ce que vous évoquez en parlant de « l’expression du bien être du cheval »