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Prenons-nous une trop grande place dans la vie des chevaux ?

La limite avec les animaux de compagnie est de plus en plus proche pour les chevaux. La relation avec ce noble animal n’est plus de l’ordre du nécessaire mais d’ordre relationnel. Nous entrons en contact avec les chevaux parce que nous avons envie de partager des moments avec eux et pas simplement pour les utiliser. Ou en tout cas, on tend à aller vers ça…

Laisser le cheval vivre sa vie de cheval

Le cheval a besoin d’avoir son équilibre et un environnement de vie qui réponde à ses différents besoins.

De toute évidence, un cheval ne peut pas vivre H24 avec vous même si c’est le fantasme d’un grand nombre de cavaliers.

Il a besoin de manger 16h par jour, d’avoir des copains et de parcourir de grandes distances chaque jour, bref vous connaissez la chanson…

Il faut que les propriétaires de chevaux acceptent que leur cheval a aussi besoin d’être déconnecté d’eux et de retrouver son environnement et ses occupations équines. Il doit pouvoir pour son équilibre, retrouver sa liberté, ou au moins une certaine autonomie et tranquillité.

L’image que je garde à l’esprit depuis toute petite c’est quand après avoir monté les chevaux le matin, on les remettait tous ensemble au pré.

Aussitôt relâchés, ils partaient tranquillement au pas en s’éloignant encolure basse puis se mettaient à brouter.

A ce moment là, c’est comme si nous n’existions plus pour eux. Ils étaient redevenus chevaux et plus des montures. Et nous étions redevenus des humains et plus des cavaliers… comme s’il en avait toujours été ainsi…

Complicité ou égo ?

En repensant à ça, on peut se demander si la complicité avec le cheval est vraiment nécessaire. Et surtout, est-ce que le cheval en a vraiment besoin ?

Ne serait-ce pas simplement de l’égoïsme que de s’attendre à ce que le cheval ait une attention particulière envers nous ?

Ou même pire, de créer artificiellement une illusion de complicité juste pour satisfaire inconsciemment son égo et se sentir aimé ?

Et si la complicité n’était qu’un réflexe conditionné voire un déséquilibre psychologique du cheval ?

Et si la recherche de complicité ou de relation unique avec le cheval n’était en fait qu’un besoin égoïste de notre part ?

Le simple fait d’avoir envie d’approcher le cheval est déjà un acte égoïste en soi.

Si au début, il s’agit souvent de curiosité réciproque, par la suite nous mettons de plus en plus d’attentes sur le cheval même si nous n’en avons pas conscience.

Nous attendons de lui des marques d’affections, qu’il soit gentil avec nous, qu’il se laisse monter, qu’il exécute les exercices que nous lui demandons… etc…

La relation de l’homme avec le cheval est basée sur une attente puisque d’une manière ou d’une autre nous cherchons toujours à lui faire faire ou à obtenir quelque chose de lui même si cela est de toute évidence une norme culturelle.

Forcément, ce n’est pas facile d’admettre que vous voulez diriger votre cheval et que vous avez envie d’occuper une place très importante dans sa vie (ou que vous vous en persuadez).

Derrière ça, il y a de l’égo, de la fierté et parfois aussi des blessures émotionnelles que vous cherchez à combler grâce au cheval. Tous ces mécanismes existent pour vous protéger de la souffrance et de la tristesse que ça pourrait engendrer d’admettre que vous avez projeté vos envies sur le cheval simplement parce que vous voulez vous sentir aimé, que vous avez besoin de sentir que vous avez le contrôle… etc…

Le contraste homme / cheval

Observez un groupe de chevaux en train de brouter et vous remarquerez à quel point c’est calme et tranquille. Pas de galopades furieuses, pas d’excitation inutile, pas d’efforts particuliers…
Même pour les séances de grooming, tout se fait sans exagération, sans excès…

En les observant, on se rend compte que c’est comme s’il y avait à l’intérieur d’eux, une profonde sérénité.

Mais dès que l’homme apparaît, il y a de suite plus d’agitation. Ce n’est pas forcément une agitation extérieure comme quand une classe d’enfants complète débarque quelque part.

Parfois c’est juste votre flot de pensées qui part dans tous les sens.

Ou alors, si vous êtes ce type de personne un peu « électrique » et qui a du mal à se calmer et se détendre c’est parce qu’il y a une agitation, un brouhaha à l’intérieur de vous. Vous y êtes habitué mais c’est quelque chose de stressant pour vous et pour ceux qui vous entourent même si extérieurement vous paraissez normal.

C’est pour cela que certains chevaux très sensibles ne supportent pas ce type de personnes et y réagissent parfois violemment.

Allez dans une écurie un samedi après-midi et ce sera encore plus évident : des paroles incessantes, des cris, des voitures qui passent, des objets qui tombent, des portes qui claquent…

Il est possible que vous n’en ayez même pas conscience parce que vous vous êtes habitué à cette ambiance interne ou externe à vous-même.

Arrêtez-vous un instant et écoutez… c’est assourdissant…

Pas étonnant donc qu’un cheval soudainement plongé dans toute cette agitation soit inquiet, plus expressif que d’habitude ou qu’il présente un comportement différent de lorsqu’il est au pré.

Si nous en tant qu’humain, avons tendance à refouler nos émotions et notre stress, à rester apparemment calme dans des situations où nous avons envie d’exploser, le cheval lui n’en est pas capable.

Chaque fois que le cheval ressent une tension, vit une émotion ou un stress, il l’évacue au même moment. Car tout stress et toute émotion refoulée, se cristallise à l’intérieur de soi et est susceptible d’affaiblir le corps physique.

Pour l’évacuer, le cheval va émettre de puissants ronflements, queue en panache, ruades, galops…
Lorsqu’il a pu évacuer la tension, il revient progressivement au calme et reprend le cours normal de sa vie.

La difficulté de la relation entre l’homme et le cheval c’est que nous pouvons avoir tendance à projeter nos manques sur lui, être trop dans l’anthropomorphisme, nous tromper dans les interprétations que nous faisons de son comportement et surtout à penser à nos envies avant de penser à ses besoins à lui.

Notre présence auprès du cheval n’est pas anodine, nous lui renvoyons nos pensées incessantes, nos croyances, nos attentes, nos envies, nos émotions, notre stress. Le cheval peut ne pas savoir comment gérer toutes ces informations que nous lui envoyons sans nous en rendre compte.

A ce moment là il y a deux types de chemins que vous pouvez suivre. Soit vous cherchez à changer le cheval et à lui faire comprendre qu’il doit ignorer ces informations subtiles et énergétiques pour ne se fier qu’à vos gestes et à vos commandements tactiles.

Soit vous cherchez à vous changer vous-même en commençant par calmer vos pensées, être dans l’instant présent, prendre le cheval comme il est sans aucun jugement et apprendre à être plus sûr de vous.

C’est cette deuxième voie qui est la plus intéressante et qui donne les meilleurs résultats avec n’importe quel cheval. Cela vous demandera un travail de développement personnel mais qui sera bénéfique dans tous les domaines de votre vie.

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Un commentaire sur “Prenons-nous une trop grande place dans la vie des chevaux ?

  1. Isabelle Boulet dit :

    Merci Alexandrine pour un autre super article. Lorsqu’il m’arrive d’être stressée et de ne pas pouvoir réguler mon stress avant d’aller voir mon cheval, je lui raconte simplement tout ce qui va pas. C’est drôle parce meme s’il ne comprend pas mes mots (quoique, c’est un Veiga, alors on ne sait jamais ) il m’écoute attentivement et ca nous fait du bien a tous les deux, ouf !

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