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Le cavalier et l’égo

Les situations dans lesquelles l’égo prend le pas sur la logique sont nombreuses. Ce qui est malheureux avec ça c’est que les considérations humaines sont bien loin de la réalité du cheval et qu’en plus elles vous font certainement souffrir, elles vous prennent la tête alors qu’elles n’existent que pour camoufler des blessures plus profondes.

Les friandises et l’égo

Je ne veux pas que mon cheval vienne pour les friandises, je veux qu’il vienne parce que c’est moi.

Les friandises sont des moyens de faire comprendre au cheval que ce qu’il fait vous plaît ou simplement pour rendre votre présence plus agréable pour lui.

Les friandises sont pour moi des accélérateurs qui facilitent l’apprentissage et motivent le cheval.

Lorsque vous en donnez à votre cheval, il va trouver votre présence encore plus agréable et ça peut le motiver à mieux répondre à vos demandes pour en obtenir.

Ne croyez pas que votre cheval comprend que vous vous êtes un distributeur à bonbon, ça c’est uniquement vous qui vous l’êtes imaginé. C’est l’interprétation que vous avez faites à partir d’un comportement de votre cheval sans prendre en considération l’ensemble des éléments.

Parce qu’en réalité votre cheval associe simplement des choses positives à vous, à la situation, à l’exercice.

Oui il va chercher un moyen d’obtenir encore plus de bonbons, d’avoir plus de récompenses et plus de plaisir comme n’importe quel enfant qui préfère prendre 10 bonbons plutôt qu’un.

T’as un bonbon ?

Mais vous vous trompez si vous croyez qu’il n’est là que pour les bonbons.

Est-ce que vous cessez d’aimer vos parents lorsqu’ils ne vous achètent plus de cadeaux ?

Non

Est-ce que vous aimez vos parents uniquement parce qu’ils vous donnent à manger depuis que vous êtes né ?

Non

Une relation peut effectivement démarrer sur la base d’un intérêt comme la nourriture.

Mais elle se poursuit uniquement sur le temps passé ensemble en se renforçant encore davantage avec les expériences vécues ensemble.

La friandise est un élément facilitant qui va intéresser et motiver votre cheval. Avec la friandise vous gagnerez du temps parce que vous pourrez rendre des choses banales beaucoup plus agréables et intéressantes pour votre cheval. Cela aura pour effet de créer un échange de bons procédés : votre cheval accepte de faire ce que vous voulez et vous lui apportez du bien-être en étant en lien avec lui et parfois en le récompensant.

Rien de plus.

Donc croire qu’en donnant des friandises à votre cheval, il ne fera les choses plus que pour les friandises est archi faux et témoigne d’une profonde blessure d’amour propre de votre part.

Concrètement cela voudrait dire que vous exigez de votre cheval un amour et une dévotion inconditionnelle et permanente pour vous et ce sans rien lui donner en retour ?

Cela ne peut pas fonctionner, que ce soit dans les relations humaines ou avec les chevaux dans les deux cas l’autre doit aussi y trouver son compte même si ce n’est que le plaisir d’échanger ou de passer un moment agréable ensemble.

Ce type de personnes ressentent un vide à l’intérieur d’eux et cherchent à le combler en faisant tout pour se faire aimer par les autres.

Ils exigent beaucoup parce que l’amour des autres ne suffit pas à combler leur vide alors ils pensent que c’est parce que ce n’est pas sincère.

Dans cette situation, il faut commencer par vous aimer vous-même ainsi vous ne serez plus déçu par les autres car vos besoins seront comblés de l’intérieur et ne dépendront pas du monde externe.

L’exclusivité et l’égo

Il n’y a que moi qui peut l’attraper au pré.
Il n’y a que moi qui peut le monter.

L’exclusivité existe rarement chez les chevaux. On peut la trouver chez certains qui ont eu de mauvaises expériences avec l’homme par le passé et qui ont appris que tous les humains ne sont pas forcément gentils.

Ce sont des chevaux méfiants qui font parfaitement la distinction entre les personnes en qui ils ont confiances et les inconnus dont ils se méfient.

Hormis dans ces cas ou chez certains chevaux d’un tempérament exclusif cela reste globalement rare, personnellement j’en ai rencontré qu’une seule fois.

La plupart des autres chevaux vont plutôt partir du principe que ce qu’ils font avec vous, ils peuvent le faire aussi avec une autre personne. C’est d’ailleurs grâce à cela que l’on peut dresser un cheval et ensuite le laisser à quelqu’un d’autre sans qu’il y ait besoin de refaire complètement son dressage.

Certains cavaliers, ont besoin de sentir qu’il y a quelque chose d’unique entre eux et leur cheval. Et ils vont même encore plus loin au point de désirer réellement avoir une relation totalement exclusive avec leur cheval dans laquelle personne d’autre qu’eux ne peut l’approcher.

Et si ce n’est pas vraiment le cas, ils peuvent même déformer la réalité et amplifier les choses en déclarant que leur cheval est trop fougueux pour être monté par une autre personne par exemple ou que leur cheval va tomber en dépression si quelqu’un d’autre qu’eux s’en occupe.

Bon j’exagère un peu mais il y a deux choses qui se cachent derrière ce biais.

La première correspond à un besoin d’avoir une relation unique avec le cheval afin de prouver sa supériorité par rapport aux autres cavaliers.

Le cheval est devenu l’outil qui va prouver la supériorité du propriétaire par rapport aux autres grâce à l’exclusivité qui en est la preuve.

Le fait de vouloir se sentir supérieur par rapport aux autres, au moins du point de vue de son propre cheval cache en réalité une mauvaise estime de soi.

Comme elle ne se sent pas à la hauteur, cette personne s’est créé un univers et des convictions qui la font sentir enfin valorisée. Et en même temps, elle a peur que les autres découvrent la vérité parce que même si tous semble parfait à l’extérieur, à l’intérieur d’elle, elle sait que ce n’est pas vrai.

La moindre erreur risquerait alors de la ridiculiser complètement d’où l’intérêt d’entretenir l’exclusivité, le secret et le mystère dans le but que personne ne puisse découvrir la vérité qui se cache derrière cette image.

Le deuxième considère l’exclusivité comme une réelle preuve d’amour. L’absence d’exclusivité et de singularité n’étant alors rien d’autre que du rejet.

La peur du rejet rejoint ce qui a été dit dans la partie précédente. Elle se manifeste par le besoin de compter aux yeux des autres et l’exclusivité en est alors la preuve.

Priver cette personne de ce sentiment d’exclusivité la fera se sentir rejetée car elle a besoin d’aller chercher à l’extérieur l’amour qu’elle ne s’autorise pas à elle-même.

Je t’aime, moi non plus ?

Ces deux exemples que sont le besoin d’exclusivité avec le cheval et le besoin d’avoir une relation avec le cheval qui ne soit pas conditionnée par la présence de friandises témoignent d’un sérieux problème d’égo du cavalier.

Le rôle de l’égo est de vous protéger et d’éviter de vous faire souffrir. C’est en quelque sorte grâce à lui que vous allez déformer la réalité pour la rendre plus acceptable et moins douloureuse.

Le problème avec ça c’est qu’il va vous amener à avoir une vision complètement distordue de la réalité. Vous ne serez alors plus capable de voir les choses telles qu’elles sont réellement et vous n’aurez pas accès à la réalité.

Derrière ces fonctionnements que j’ai décris se cachent en réalité des peurs et des blessures profondes liées au rejet et à la trahison. Pour sortir de cet état complètement biaisé et déconnecté de la réalité du cheval, vous aurez besoin de développer l’estime de soi.

Dites-moi en commentaires si vous reconnaissez des personnes autour de vous qui sont comme ça ou si vous avez identifié d’autres biais de l’égo…

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6 commentaires sur “Le cavalier et l’égo

  1. Alice dit :

    Bonjour,
    j’ai un cheval qui a une Demi-pension qui est exactement ce que vous décrivez au dessus. C’est un poney que j’ai récupéré d’une propriétaire qui ne s’en occupait pas du tout et ma Dp va me le racheter l’an prochain. Donc il est vrai que je ne le travaille pas et que j’essaye de ne pas trop m’y attaché.
    Par contre le poney est dans sa huitième année et depuis peu il devient exclusif avec un de ces congénères jusqu’à m’agrasser les autres violemment pour qu’il n’approche pas de son copain. Je cherche une autre solution que de l’exclure du groupe avec le copain si jamais elle existe.
    Merci de votre retour
    Bien cordialement, Alice

    1. Alexandrine Nobis dit :

      Bonjour Alice,
      Tout dépend de la taille du troupeau et de vos possibilités en matière de séparation mais si la sécurité des autres entre en jeu, je pense effectivement qu’il faut le séparer de son copain pour le mettre avec un autre cheval ou poney. De façon générale, les petits groupes de chevaux en chiffres pairs fonctionne bien donc faire un groupe de 2 ou de 4 l’empêchera d’exclure un ou plusieurs chevaux du groupe.
      Il faut veiller aussi à ce qu’il y ait toujours suffisamment de nourriture car cela peut être une source de tension et augmenter l’agressivité.

      1. Alice dit :

        Bonjour,

        Merci pour votre réponse, Il est effectivement en groupe de 4 chevaux (cela fait maintenant quelques mois ) et tout ce passait bien jusqu’à il a quelques semaines. Après avoir lu divers article et messages sur le comportement, il s’avère que sa Dp (future acquisitrice) n’est pas bien du tout dans sa vie personnelle (rupture avec son conjoint) et elle a tendance à chercher une exclusivité avec son poney ( quand je lui ai parlé d’1/4 de dp pour qu’il y ait un changement de personne de soins) elle l’a très mal pris. Duncan a été un poney qui a été laissé de coté pendant plusieurs années par son ancienne propriétaire avant que je ne le récupère. Il a vécu 1 an 1/2 en box sans quasi sortir !! quand il est arrivé il n’était pas du tout sociable avec ses congénères ! (J’ai réglé beaucoup de choses depuis par le renforcement positif) Ma question est comme les chevaux sont des éponges par rapport à nous et que cela coïncide avec ses soucis perso elle ne serait pas en partie responsable de se changement sans le vouloir car ils ont une belle relation ! et que puis-je faire pour y remédier ?
        En tout cas merci pour vos articles qui sont pleins de bons sens
        Merci pour votre réponse
        Bien cordialement,
        Alice

        1. Alexandrine Nobis dit :

          Re,

          Oui je comprends mieux ce que vous voulez dire à présent et c’est une hypothèse très intéressante.
          Je n’ai encore jamais rencontré de cas comme celui-ci ou en tout cas pas au point de voir un tel changement dans le comportement de l’équidé.
          Cependant, la première chose qui me vient et qui me semble importante, ce serait de lui faire remarquer la similitude avec son poney et qu’elle prenne conscience que son état émotionnel pourrait avoir une influence sur son poney et qu’elle remarque aussi la ressemblance entre ce qu’il se passe chez elle et ce qu’il se passe dans le pré de son poney.
          Malheureusement c’est une démarche que vous ne pourrez pas faire à sa place mais vous pouvez tout à fait l’inviter à se confier et à prendre du recul sur la situation en général de façon bienveillante, cela aidera sûrement et le poney, et la cavalière. Le dialogue peut être libérateur s’il est constructif, donc une fois que les émotions sont retombées…

          N’hésitez pas à me tenir au courant de leur évolution

          1. Alice dit :

            Bonsoir
            Je commence demain je vais amener ça en douceur et depuis 3 jours je m’en occupe et je remet un peu les choses en place avec duncan je vois déjà un changement !!
            Je vous tiendrai au courant ainsi que la manière qu’on aura mis en place et je vous dirais
            Encore merci
            Bonne soirée

  2. Merci Alexandrine pour cet article très intéressant qui nous renvoie à tellement de situations vécues. L’ego est la représentation que nous avons de nous-mêmes. Bien souvent, elle n’est pas fameuse. Le système scolaire, qui met continuellement l’accent sur les erreurs, n’y est pas étranger. Mais c’est un autre débat. Le cavalier n’échappe pas non plus aux blessures d’ego et peut chercher dans sa relation avec le cheval des moyens de les soigner. Les marques d’attachement désintéressées qu’il attend du cheval et la relation d’exclusivité qu’il prétend entretenir avec son cheval en sont d’excellents exemples. Cela peut aussi conduire le cavalier à être trop exigeant dans le travail du cheval pour tenter de se mettre en valeur et impressionner quelqu’un. C’est la meilleure manière de dégoûter les chevaux.
    Toutefois, les blessures d’ego, si elles mettent en évidence la mauvaise interprétation du comportement du cheval n’en sont à mon avis pas à l’origine. C’est plutôt la méconnaissance de la psychologie du cheval qui déclenche ces erreurs.
    Quoi qu’il en soit, améliorer son estime de soi ne peut qu’être bénéfique à chacun dans tous les domaines de vie. Inutile pour cela de se lancer dans des années de psychanalyse. Prendre un peu de recul et se demander quelle est la vraie raison qui nous pousse à faire les choses est déjà un bon début.

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