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Evaluer le stress de votre cheval et éviter la panique

Tout au long de votre vie de cavalier vous serez confronté à des situations de stress dans lesquelles votre cheval monte en pression, s’inquiète, prend peur. Ces situations là, elles arrivent tout le temps et elles continueront d’arriver encore quoi que vous fassiez car cela fait partie de la nature du cheval.

En revanche, ce qui peut vous être utile c’est de mieux comprendre et évaluer le stress de votre cheval afin de pouvoir en tenir compte et avoir les meilleures réactions possibles face à ça. Ça vous évitera par exemple d’aggraver la situation ou de demander quelque chose à votre cheval alors qu’il n’en est pas capable émotionnellement et donc le mettre en situation d’échec.

Rappelez-vous toujours qu’arrivé à un niveau de stress trop important, votre cheval n’est plus capable ni de réfléchir, ni d’apprendre, il est en fuite pure et simple, guidé par son instinct.

Vous aurez donc tout intérêt à maintenir un niveau de stress assez bas pour que la séance soit réellement bénéfique pour votre cheval et qu’il puisse en tirer un apprentissage. C’est de cette manière là que vous pourrez habituer votre cheval progressivement à travailler dans des environnements qui l’effrayaient auparavant par exemple….

Identifier les signes d’inquiétude dans le langage corporel

La première étape pour ça, c’est déjà de savoir identifier les signes d’inquiétude de votre cheval. Il suffit d’observer, car les chevaux donnent tous des signes physiques extérieurs lorsqu’ils sont inquiets et bien avant l’apparition d’une réaction de peur (exception faites des choses surprenantes comme l’envol d’un volatile qui font globalement peur à toutes les espèces confondues)

Pour évaluer le stress et l’inquiétude, il faut regarder le langage corporel du cheval.

  • L’orientation des oreilles vous indique où se trouve l’attention de votre cheval à un instant T. Cela n’est pas forcément signe d’inquiétude, mais observer leur orientation permet de mieux comprendre quel est l’objet de l’inquiétude, s’il se trouve en face, derrière ou sur le côté.
  • L’orientation de la tête, aussitôt que quelque chose inquiète modérément votre cheval, il tourne la tête vers l’objet de son inquiétude et surtout si ça vient sur un côté ou par derrière. C’est bon signe, le cheval cherche à identifier s’il y a danger ou pas, il réfléchit avant de prendre une décision.
    Lorsque le cheval est très anxieux, il ne cherche pas à tourner la tête vers l’objet de son inquiétude. En réalité il est en train de se préparer à fuir et regarde par où il va passer pour s’échapper
  • L’œil, on ne l’utilise pas assez et pourtant il y a tant de choses à lire dans un regard que vous pourriez n’utiliser que le regard du cheval pour interpréter son niveau d’anxiété.
    Dans quelle direction est orienté son regard ? Est-ce qu’il regarde devant, derrière ou sur le côté ? Comme pour les oreilles, vous pouvez trouver l’objet de l’inquiétude du cheval en observant ce qu’il regarde.
    Si le regard n’est pas cohérent avec le langage des oreilles c’est soit qu’il n’y a pas d’inquiétude, soit si les yeux sont très mobiles et font des allers-retours entre plusieurs points c’est que votre cheval analyse comment il pourrait échapper à ce qui l’inquiète en observant alternativement ce qui lui fait peur et l’endroit par lequel il pourrait s’échapper. En général il tourne la tête au moment où il va s’échapper.
  • La position de l’encolure, selon sa hauteur elle indique le niveau d’inquiétude du cheval. Si habituellement le cheval a une encolure à hauteur du garrot, ce qui est le cas de la plupart des chevaux c’est qu’il est détendu.
    Dès que l’encolure est plus haute que la normale, il y a inquiétude.
    Lorsque le cheval est vraiment très anxieux, la hauteur de l’encolure sera maximale.
    Au plus votre cheval accepte de descendre son encolure, au plus il se met dans une situation de vulnérabilité. Pour faire ça il doit donc d’abord être en totale confiance.
  • La tension dans le corps du cheval, ce n’est pas forcément évident à observer mais avec l’habitude ça devient facile. Vous savez sentir quand votre cheval est relâché et vous sentez aussi quand il est tendu.
    Lorsqu’il est tendu, vous avez l’impression qu’il bloque sa respiration, il peut donner l’impression d’être comme pétrifié sur place. L’ensemble de son corps paraît dur et gonflé à bloc en même temps.
    Lorsque vous êtes à cheval vous pouvez sentir le dos monter en se contractant comme si vous étiez tout à coup plus haut.
    Au plus cette tension générale est forte et au plus il faudra être prudent car le cheval prend sur lui en restant calme mais il risque d’exploser à tout moment.
  • La tension dans la croupe, c’est souvent visible sur les jeunes chevaux lorsqu’ils contractent soudainement leur croupe comme s’ils voulaient rentrer leurs fesses. Lorsque vous voyez ça, en général c’est du à une inquiétude par rapport à ce qui se trouve derrière le cheval ou sur son dos. Vous devez alors vous préparer à quelques ruades et sauts de moutons.
  • La queue, est un peu plus subtile que la croupe puisqu’à la moindre inquiétude elle vient se plaquer. Un cheval détendu à un port de queue légèrement dégagé de la croupe.
    En cas de peur intense, la queue vient se plaquer entre les cuisses.
    Pour une inquiétude légère, elle est légèrement plaquée mais sans entraîner forcément de conséquence par la suite.
    Une queue en panache est plutôt un signe que le cheval a besoin d’extérioriser son énergie et son excitation. Des éléments extérieurs potentiellement effrayant peuvent bien sûr stimuler ce désir qui donne un peu une ambivalence entre le jeu et l’inquiétude.
Ici, une légère inquiétude mêlée à de l’excitation (ça arrive souvent par le simple fait de lâcher un  cheval au pré), le cheval change de pied et s’apprête à éviter quelque chose en virant par la droite.

Les différents degrés d’inquiétude

Pour récapituler je vous ai fait un tableau dans lequel vous trouverez les différents signes d’inquiétudes et leur degré de gravité. Pour chaque degré d’inquiétude vous avez des indications concernant ce qu’il y a de mieux à faire, pour que le cheval apprenne sans que la situation ne s’aggrave.

On a le premier degré qui représente une inquiétude légère : le cheval n’est pas dans une situation confortable mais il prend sur lui et essaye de comprendre ce qu’on attend de lui.

Vous avez bien identifié l’inquiétude et à priori votre cheval reste confiant, vous pouvez donc continuer le travail de façon indifférente.

Le deuxième degré représente une inquiétude moyenne : le cheval est à la limite de céder à la panique. Il est vraiment très inquiet et envisage des possibilités pour fuir et échapper au danger qu’il a identifié.

A ce moment là, vous savez que vous avez atteint une limite chez votre cheval. Si vous augmentez encore la difficulté d’un cran vous allez créer la panique et certainement aussi l’accident qui va avec.

Dans ce cas là vous avez plusieurs solutions :

Si l’inquiétude a augmenté soudainement pour une raison inconnue ou hors de votre contrôle, il est préférable de redescendre vos exigences d’un cran. Libre à vous de reprendre ensuite la même chose et avec la même attention sur son comportement pour continuer votre travail.

Si à l’inverse, l’inquiétude a augmenté en même temps que la nouveauté ou la difficulté jusqu’à devenir moyenne mais sans présenter de signes de panique, vous pouvez simplement maintenir votre demande sans rien demander d’autre et surtout sans forcer jusqu’à ce que votre cheval se détende tout seul.

C’est le cas quand le cheval se contracte avec la selle au trot, vous observez la queue qui est clairement plaquée. Vous ne faites rien et laissez le cheval continuer à tourner au trot et il y a de grandes chances pour que votre cheval se détende progressivement à mesure qu’il s’habitue à la sensation de la selle.

Le troisième degré c’est la panique : le cheval est en fuite, il panique totalement et est potentiellement dangereux. Il n’est plus capable de répondre à quoi que ce soit.

Cette phase là est bien différente d’une phase d’euphorie où les ruades et sauts de moutons sont entraînés par l’excitation. A ce moment là vous devez chercher à ramener votre cheval dans le calme tout en faisant attention à votre propre sécurité. Faites de votre mieux et ne paniquez pas.

 Inquiétude légèreInquiétude moyennePanique totale
Durée de ses manifestationsLes signes d’inquiétudes sont brefs et cessent aussitôt que l’inquiétude est passéeLes signes d’inquiétudes se maintiennent dans le temps et vont soit vers une aggravation soit vers une améliorationLe cheval a une phase de panique et a du mal à se calmer et à reprendre confiance après ça
Orientation des oreillesEn direction de ce qui l’inquièteEn direction de ce qui l’inquièteIncohérence entre la direction des oreilles et celle du regard
Orientation de la têteLe cheval tourne la tête vers ce qui l’inquiète et regarde avec ses 2 yeuxLe cheval ne regarde pas ou refuse ou est empêché de regarder l’objet de son inquiétudeLe cheval regarde dans la direction dans laquelle il s’apprête à s’enfuir
ŒilIl observe ce qui l’inquiète pour comprendre ce que c’estL’œil est fixe en direction de ce qui l’inquiète ou il fait des allers-retours très rapidesBlanc de l’œil visible, œil écarquillé
Position de l’encolureEn position normale à hauteHauteur maximale de l’encolureHauteur maximale de l’encolure
Tension corporelleTension corporelle normaleTension corporelle qui commence à se ressentir par une hésitationLe cheval a des mouvements saccadés, il tressaille ou tremble, il est figé et n’avance plus ou explose en ruade et sauts de moutons
Tension de la croupePosition de la croupe normaleLa croupe est légèrement tendueLa croupe est complètement contractée
Position de la queueLe haut de la queue est plaquée uniquement si le danger vient de sur son dos ou derrière luiLa queue est plaquéeLa queue est plaquée entre les cuisses, dans certains cas le cheval marche sur sa queue

Dans les faits, vous remarquerez certainement des nuances par rapport à ce tableau. Il peut par exemple y avoir quelques éléments de la première et de la deuxième colonne. Cela signifie simplement que votre cheval est dans un état intermédiaire.

Si vous manquez de rapidité pour analyser les comportements je ne peux que vous recommander de vous filmer ou de visionner des vidéos où ça tourne mal pour bien voir les différentes phases de stress monter. Parfois ça monte très vite mais il y a bien ces 3 phases à chaque fois !

A vous maintenant d’apprendre à observer votre cheval, identifier ses signes d’inquiétudes et adopter la bonne attitude pour faire évoluer la situation de façon à ce qu’elle soit bénéfique pour tout le monde et source d’apprentissage.

Ce n’était pas le sujet de l’article, mais la gestion de votre propre stress est également indispensable et va vous permettre de rassurer votre cheval et lui donner confiance en vous. L’idée étant d’accepter d’avoir peur parfois, mais ne pas la laisser s’exprimer dans votre corps et garder un langage corporel toujours assuré et confiant comme si vous vouliez montrer l’exemple.

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