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Quand il s’appuie sur la main…

Lorsqu’on se retrouve confronté à une situation dans laquelle on ne sait pas comment sortir de cet engrenage. Quand les séances à cheval ressemblent davantage à de l’haltérophilie qu’à un partenariat avec son cheval. Il est temps de se poser les bonnes questions, se remettre en question et changer les choses pour sortir de ce cercle infernal.
Je vous propose quelques pistes de réflexions et de travail pour régler définitivement ce problème qui est loin d’être insoluble.

Il faut être deux pour tirer

C’est ce qu’on vous dira tout le temps et c’est bien vrai : si l’un des deux arrête de tirer, l’autre n’a plus la possibilité de s’appuyer.

Tout ça pour vous rappeler que lorsque vous descendez de cheval avec les bras et les épaules endolories vous pouvez aussi penser à la bouche et à l’encolure de votre cheval qui ressent autant de douleurs et de contractures que vous à la fin de la séance. Voilà de quoi vous poser de sérieuses questions sur les bénéfices de ce type de séances, tant pour vous que pour le cheval.

Et puis un cheval ne parle pas, il ne peut pas exprimer aussi facilement son inconfort ou sa douleur. Les seuls moyens qu’il a pu trouver pour s’exprimer passent peut-être effectivement par cette habitude de tirer contre les mains qui le contraignent, tout comme d’autres chevaux choisiront plutôt de devenir rétif et de ne plus répondre aux aides impulsives. En tout cas c’est la réponse la plus courante que le cheval choisira de donner pour s’exprimer et c’est votre rôle de savoir l’écouter, l’interpréter et en rechercher la cause.

Peu importe qui a commencé à tirer en premier ni pour quelle raison, le cercle vicieux de celui qui tirera le plus fort est un signal qui doit vous alerter que quelque chose ne va pas dans votre pratique et que votre cheval essaie de vous le dire par tous les moyens. Aucun cheval n’est assez maso pour vouloir s’infliger lui-même de la douleur : mettez lui des rênes fixes et il cessera aussitôt de tirer.

Rééduquer le cavalier

Si le cheval commence à tirer pour nous indiquer une difficulté que ce soit relationnel, c’est-à-dire que c’est le cavalier qui le provoque ou biomécanique, c’est dans tous les cas au cavalier de se remettre en question et de trouver une façon de faire qui ne déclenche plus cette habitude chez le cheval.

Si vous n’avez pas un excellent niveau équestre ou que vous savez pertinemment que vous avez une « main dure », il est bon d’explorer cette piste en premier. Parfois cette habitude de tirer est tellement ancrée que l’on ne s’en rend même plus compte, on n’a même plus conscience de la façon dont on n’utilise nos bras et on tire par automatisme sans nous en rendre compte.

Qu’est-ce qu’une bonne main ?

Une fois que le cavalier a acquis un niveau suffisant et qu’il est capable de dissocier ses aides, on peut commencer à parler de la qualité de sa main. Avant ça, il faudra travailler d’abord en mise en selle jusqu’à ce qu’il cavalier soit stable aux 3 allures.

Une bonne main c’est une main qui reste à sa place et qui suit l’accompagnement du buste du cavalier (et non le balancier de l’encolure en pliant et dépliant les coudes comme on le voit partout). C’est des bras qui agissent toujours en montant et en avançant vers les oreilles du cheval lorsqu’il y a besoin de ralentir ou de rééquilibrer, jamais en reculant et en descendant (mains sur les genoux). C’est des rênes tenues entre le pouce et l’index, les autres doigts ouverts agissent en s’appuyant avec parcimonie de façon à sentir la langue du bout des doigts.

Alors oui, il y a tout un monde entre cette définition et ce que vous ressentez et pourtant, les chevaux sont parfaitement capables de répondre aux plus fines indications sur les rênes.


Ci-dessus, Jean d’Orgeix expliquant la tenue des rênes.

Comment changer ses habitudes quand on a une mauvaise main ?

Après avoir passé des heures à rechercher enfin les bonnes sensations dans mes mains j’ai remarqué qu’en changeant radicalement ses habitudes on pouvait prendre plus facilement conscience de certaines parties de son corps.

En changeant la façon dont vous tenez vos rênes vous ferez naturellement beaucoup plus attention à vos mains et à la façon dont vous les utilisez. Il faut faire preuve d’imagination et vous pouvez toujours inventer de nouvelles astuces pour vous aider à faire plus attention à vos mains afin de progresser pour avoir une main plus douce.

  • En tenant vos rênes à l’envers, entre le pouce et l’index uniquement vous pourrez prendre conscience de la tension réelle qui existe entre vos mains et la bouche du cheval.
  • En gardant vos coudes collés à vos hanches vous vous empêcherez aussi de tirer vers l’arrière.
  • Vous tenir au collier de chasse vous empêchera aussi de ramener les mains vers vous et cela évitera que vous ayez des mouvements de mains parasites.
  • Pensez à ouvrir  vos doigts chaque fois que vous venez d’agir sur vos rênes, même si vous devez à nouveau intervenir la seconde suivante.

Rééduquer le cheval

Peut-être que le travail sur la qualité de votre main ne suffit pas, ou alors vous n’y arrivez pas bien et vous avez l’impression malgré tout, qu votre cheval plonge vers le bas pour vous arracher les rênes.

C’est là que l’on peut commencer à parler de rééducation du cheval puisqu’il va falloir changer ses habitudes et le mettre dans les conditions dans lesquelles il n’aura plus besoin de tirer. Un cheval peut commencer à tirer à cause d’un mauvais fonctionnement biomécanique, soit parce qu’il n’a pas été travaillé correctement, soit parce qu’il a une morphologie qui le prédispose à tirer. Dans ce cas, il faudra revoir la façon dont votre cheval est travaillé et changer radicalement vos séances pour l’aider à trouver un meilleur équilibre et lui apprendre à se porter de lui-même.

Cette rééducation peut passer par une phase durant laquelle vous travaillerez essentiellement rênes longues de façon à obliger le cheval à se déplacer en se portant de lui-même et sans plonger vers le bas et l’avant. C’est une solution de facilité qui peut vous rendre service pendant un temps ou si vous souhaitez rééduquer votre main en même temps.

La deuxième possibilité est de reprendre des exercices de dressage qui vous aideront à améliorer l’équilibre de votre cheval. On retrouve par exemple l’épaule en dedans qui vous permettra d’obtenir la décontraction de la mâchoire, cession de la nuque, incurvation et engagement du postérieur interne si elle est bien réalisée.

Ensuite vous pouvez toujours utiliser, à n’importe quel moment les demi-arrêts sur une ou deux rênes pour inciter votre cheval à se redresser. Au plus vous rechercherez à avoir un cheval avec l’encolure haute, au plus il va s’ouvrir. Il faut en effet un dressage déjà bien avancé pour obtenir le relèvement de l’encolure et la cession de nuque en même temps.
Le relèvement de l’encolure est l’attitude dans laquelle le cheval est le plus apte à être léger. Pour l’obtenir sans creuser le dos du cheval il faudra renoncer à utiliser la force et veiller à avoir toujours de l’impulsion.

Le cheval qui tire est désagréable à monter tout autant qu’il est néfaste pour lui-même puisqu’il surcharge ses épaules et toutes les articulations antérieures en plus des douleurs provoquées dans l’encolure et la bouche. Ce comportement relève à 100% de la responsabilité du cavalier du fait de ses défauts de cavalier comme une main trop dure ou encore à cause du choix des séances de travail qui ont conduit à aggraver les problèmes d’équilibre du cheval.
La solution au problème du cheval qui tire est donc d’améliorer l’équilibre du cheval dans son ensemble. Pour cela plusieurs voies sont possibles dont le travail rênes longues, les exercices de dressage voire même le relèvement de l’encolure. Le cavalier devra de son côté, améliorer sa main afin de la rendre plus mobile et qui rend davantage que ce qu’elle ne prend.

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Comment arrêter son cheval sans les mains ?
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4 commentaires sur “Quand il s’appuie sur la main…

  1. Gaetane dit :

    Coucou Alexandrine,
    Depuis peu Julie et Charlotte me disent qu’Equinoxe s’appuie sur son mors alors qu’elle ne le faisait pas avant. Charlotte a essayer 3 mors différents mais pas de changement. 🙁
    Du coup, elle la monte en side pull et elle trouve ça impeccable. Je ne suis pas sure que ce soit la solution surtout pour Julie.
    Tu aurais une piste ?

    1. Alexandrine Nobis dit :

      Coucou Gaetane,
      Déjà, il faut reprendre le travail de l’assiette pour ne surtout pas utiliser le mors comme un frein. Et ensuite faire des transitions pas – trot très rapprochées pour la rééquilibrer

  2. Brunet dit :

    Bonjour
    Je n’ai pas trouvé la solution.
    1je n’ai pas une main dure. 2j’les coudes collés au buste. 3 je bouge mes doigts pour le décontracter et il l’est. Je fais systématiquement des exercises d’équilibre avec les contre-galops les lignes courbes, les épaules en défiant. Je suis dresseuse. Je ne prétends pas être très bonne cavalière mais tout de même.
    Mom cheval prends le mords tout le temps dans les 30 premières minutes. Puis oil va bien. Si bien que je redoute toujours la détente. Avez vous une solution ?

    1. Alexandrine Nobis dit :

      Bonjour,
      Le mieux serait que vous m’envoyiez une ou deux vidéos à cheval pour que je puisse vous aider. Vous pouvez le faire par wetransfer à contact@eduquer-son-cheval.com
      J’attends votre retour,

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