[Chronique n°6] Procéder par élimination

Je connaissais bien le cheval de mon élève car nous l’avions débourré ensemble. J’en parlais d’ailleurs dans la Chronique n°5.

Nous en étions à la phase dans laquelle le propriétaire et son cheval apprennent à travailler ensemble et à se comprendre. Parfois je suis encore amenée à le monter pour reprendre certains exercices ou corriger des défauts qu’il aurait pris.

C’est ce qui s’est passé ce jour là.

La séance se déroulait plutôt bien dans l’ensemble jusqu’à ce qu’on aborde le galop.

Cette fois là, mon élève avait du mal à faire partir son cheval au galop à main gauche et lorsqu’il y parvenait c’était systématiquement sur le mauvais pied.

Je lui donnais des indications pour que le bon pied de galop soit plus facile à obtenir et en général cela suffisait.

Sauf que la semaine suivante, le départ au galop était devenu très difficile aux deux mains. Dès que mon élève plaçait ses aides, le cheval se contractait fortement en ralentissant le trot.

Je pris le relais et une fois à cheval, je vérifiais par des transitions pas – trot – pas, qu’il ne se contractait pas sur l’action de mes jambes dans les transitions simples. Jusque là, pas de problèmes.

Le cheval était bien concentré et l’environnement calme était propice au travail.

Lorsque je voulu entamer le galop, je commençais par le pied droit qui ne me posa pas de problèmes, seulement un peu de lourdeur dans les aides qu’il ne fallut pas longtemps à corriger.

Pour le départ au galop à gauche j’obtins d’abord le même résultat que mon élève : sur l’action des aides, le cheval se contractait fortement tout en ralentissant.

Pour changer le contexte, je répétais l’exercice en partant du pas et je réussis à obtenir d’abord du trot contracté mais sans ralentissement ce qui était déjà un bon début. En continuant ainsi, j’obtins un peu de galop mais c’était toujours soit à faux soit désuni.

C’était comme s’il était devenu incapable de galoper à gauche. Il accélérait toujours le trot dans le coin pour prendre le galop sur le pied de son choix dans la ligne droite.

Pour le forcer à partir sur le pied gauche je décidais de rester sur le cercle. Je n’étais pas très inquiète de sa capacité physique à galoper à gauche parce qu’à la détente il avait été longé aux 2 mains et aux 3 allures sans soucis.

Je pris donc soin de garder un pli vers l’intérieur pour être certaine d’avoir le bon pied de galop et plaçais mes aides.

Le cheval prit le grand trot en se contractant avec la queue plaquée et la croupe crispée. J’avais l’impression qu’il allait m’éjecter à n’importe quel moment mais si j’arrêtais là, il allait comprendre qu’en se contractant il évitait le galop.

Je tournais ainsi plusieurs tours au grand trot en ayant l’impression que mon cheval avait pris 20cm au garrot.
Pour éviter les ennuis, je conservais la même intensité d’aides pour ne pas le faire paniquer et lui laisser le temps de comprendre ma demande.

Il fallu de plusieurs tours et un peu de sueur au grand trot sur le cercle à gauche avant que j’obtienne une demi-foulée de galop. Je récompensais immédiatement et fis une pause.

Lorsque je repris l’exercice, le cheval me donna quelques foulées de galop à gauche. Et la troisième fois, il partit au galop à gauche sans contractions et je pus faire un tour complet ainsi.

Je terminais la séance en alternant les départs au galop à droite et au galop à gauche sur le 8 de chiffre jusqu’à ce qu’il les réussissent bien sans se désunir.

En fait il ne comprenait pas ce que je voulais et dès qu’il eut compris, je n’ai plus eu de difficultés.

Lorsque vous rencontrez une difficulté avec votre cheval, et qu’il se contracte. Posez-vous ces questions :

  • Est-ce du à un évènement interne ou externe ? (bruit, passage d’un tracteur…)
  • Quel a été le déclencheur de la contraction ou du problème en question ?
  • Est-ce du à un problème physique ? Essayer à pied si c’est possible ou en mobilisant une ou plusieurs parties du corps du cheval avec un ou plusieurs autres exercices.
  • Est-ce qu’il comprend ce que j’attends de lui ?
  • Est-ce que le contexte de la demande a une influence ? Essayer à un autre endroit dans la carrière et à une autre allure pour être sûr que cela ne soit pas dû à une habitude.
  • Est-ce que mes aides sont à la bonne place ?
  • Est-ce que l’intensité de mes aides est trop forte ?

En utilisant ces questions et en recommençant plusieurs fois vous pourrez procéder par élimination. Ainsi, tentatives après tentatives, vous pourriez comme moi, parvenir à comprendre et à résoudre un problème.

C’est ainsi que l’on travaille véritablement un cheval et que l’on parvient à le faire progresser dans son dressage.

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2 Responses

  1. Bonjour,
    Je suis désolée mais je ne comprends pas bien le propos de cet article. Se remettre en question ? Et dans ce cas, comment expliquez vous qu’un cheval que vous avez dressé ne comprend pas votre demande ?

    • Bonjour,
      Cette chronique donne une trame de la réflexion qui peut et qui doit se produire lorsque l’on travaille un cheval. Lorsqu’un cavalier se retrouve confronté à une difficulté, il doit essayer d’en comprendre l’origine et de s’adapter pour trouver la meilleure solution qui résoudra son problème.
      Tous les apprentissages passent par des phases de progression et des phases de stagnation voire de régression : c’est vrai pour nous cavalier mais ça l’est aussi pour les chevaux donc pas d’inquiétudes à avoir si parfois le cheval donne l’impression d’avoir oublié certaines choses 🙂

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