Dans la première partie de cet article je vous dévoilais les récentes avancées en terme de méthodes d’équitation naturelles et les bénéfices qu’elles avaient apportées à notre rapport au cheval. Loin d’être naturelles ces méthodes ont encore du chemin à faire si l’on veut réduire au minimum les contraintes exercées sur le cheval et nous orienter vers une communication plus spontanée et intuitive.
Quand l’apprentissage devient du conditionnement
Lorsque l’on choisi d’utiliser ce type de méthode on est inévitablement confronté à de nouvelles choses, de nouvelles difficultés qu’il faut surmonter. Chaque nouvel objet nécessite alors une désensibilisation ou un travail spécifique, chaque situation par sa configuration constitue un nouvel apprentissage qui se prolonge ainsi durant toute la vie du cheval.
Pour éviter les problèmes et les rebellions on utilise la méthode choisie de manière constante : les exercices sont répétés inlassablement, chaque indication, chaque geste du dresseur obtient une réponse conditionnée du cheval. Certes le cheval n’a plus aucun mal à comprendre nos demandes et à interpréter notre comportement mais en contrepartie il perd de son individualité, sa créativité, son tempérament puisqu’il doit être formaté pour rentrer dans le moule de ce que l’on attend de lui. Ainsi, on obtient de lui un comportement calme et sous contrôle en toutes circonstances ou presque.
A terme ce type de dressage nuit fortement au psychisme du cheval qui est au fur et à mesure « programmé » pour répondre précisément à son dresseur. Sa créativité, son originalité et son tempérament s’effacent peu à peu : il devient un cheval outil dépourvu de tout esprit d’initiative. Le conditionnement est ce qu’il y a de plus nuisible pour le cheval, il conduit à une baisse de moral généralisée voire même à la dépression.
Le cheval en tant qu’être individuel
Je ne pense pas que ces méthodes soient mauvaises en elles-mêmes car elles ont introduit une nouvelle conscience et connaissance du cheval et ont permis de développer de nouvelles pratiques qui à l’heure actuelle, ont aidé un grand nombre de propriétaires de chevaux.
En revanche, il est clair que l’utilisation abusive de ces méthodes à tendance à brimer le cheval dans son individualité, à le restreindre à une gamme d’exercices appris. C’est dommage de devoir robotiser son cheval pour garder le contrôle sur lui. Bien sûr, la contrainte psychologique imposée au cheval dans ce cas là est bien moindre que celle subie dans les cas de maltraitances à haut niveau et l’utilisation quotidienne du rollkür ou les mauvaises pratiques de certains cavaliers.
Je ne vous recommanderais donc pas d’abandonner ni de tourner le dos à ces méthodes qualifiées de naturelles car je ne le ferais pas moi-même. Ces outils, utilisés à bon escient et sans excès permettent de venir à bout de bien des difficultés. En revanche vous pouvez choisir de les utiliser avec parcimonie, de choisir un exercice en particulier en fonction de votre cheval sans vouloir aller contre sa nature. Vous éviterez ainsi d’apprendre et de répéter TOUS les exercices possibles et imaginables (à moins que cela constitue votre apprentissage personnel). Je pense qu’il est intéressant de garder certains côtés de la personnalité du cheval intact car ils font partie de lui et le caractérisent d’autant plus.
Je me suis occupée d’un Haflinger qui était revenu pratiquement à l’état sauvage faute de manipulations. J’ai su peu à peu retrouver sa confiance et j’ai découvert un animal d’une sensibilité et d’une émotivité extrême, facilement en proie à la panique totale et très vite déboussolé devant des individus trop agité ou parlant trop fort.
J’ai choisis de ne pas le désensibiliser à tout va, ce qui se serait avéré je pense, très traumatisant pour lui. En faisant ce choix, j’ai pu très rapidement accéder à un travail à pied sur des aides très subtiles et en toute légèreté ce qui fit mon plus grand bonheur !
A vous de choisir ce que vous souhaitez préserver du tempérament de votre cheval. Faites-le en fonction de ce que vous savez faire mais aussi en fonction de ce que vous attendez du cheval. Bien qu’il soit fort dommage d’attribuer une fonction ou une discipline à un cheval sans tenir compte de sa nature profonde ; dans le principe, il n’est pas possible d’attendre la même chose d’un cheval de club et d’un cheval de haut niveau. Par nos choix nous pouvons donc façonner le cheval ou choisir de le garder le plus proche possible de sa nature profonde originelle.
Vers l’équitation intuitive
Pour en revenir à l’équitation naturelle, il apparaît que l’équitation éthologique et le renforcement positif vont devoir faire beaucoup mieux pour entrer encore davantage dans le domaine du « naturel » et de la vraie communication avec le cheval. Nous avions vu qu’elles permettaient d’instaurer des codes communs à nos deux espèces mais nécessitent un apprentissage préalable par les deux parties pour être utilisé. Ensuite seulement nous avons une forme de communication qui ne s’étend que dans la limite de nos connaissances et de l’apprentissage actuel du cheval en passant, le plus souvent, par l’intermédiaire du mors et des aides du cavalier.
N’avez-vous jamais rêvé d’une communication intuitive, instantanée et immédiate avec le cheval qui ne nécessiterait aucun pré-requis (du moins de la part du cheval) ? Nous y avons tous songé, nous faisons tous ce rêve de communion de corps et d’esprits avec le cheval et je suis persuadée que ce rêve fait partie du domaine des possibles.
La relation entre l’homme et le cheval n’a pas fini d’évoluer et nous avons, il est certain, énormément de choses à apprendre de lui. Je vous recommande la lecture des livres de Klaus Ferdinand Hempfling dont le dernier est « Lorsque les chevaux nous parlent » qui vous permettront peut-être, comme moi, de réaliser ce rêve de communion à travers ce que vous verrez et ce que vous lirez. Vous pouvez aussi visionner quelques vidéos de son travail tout à fait authentique et innovant. Les chevaux les plus récalcitrants semblent s’apaiser immédiatement et durablement en sa présence. La plupart des propriétaires des chevaux difficiles en question, le plus souvent agressifs, témoignent de la métamorphose dans le comportement de leur cheval suite à l’intervention de Klaus.
Pour conclure sur ce sujet, l’équitation éthologique, le renforcement positif et le clicker training sont avant tout des méthodes de dressage de chevaux. Elles ont la particularité de se baser sur les avancées scientifiques en matière d’éthologie du cheval ce qui leur a valu l’attribution de cette expression « équitation naturelle ». Mais est-ce ça l’équitation naturelle ?
Pour la définition, on penserait plutôt à une équitation qui n’implique ni apprentissage, ni pré-requis, ni contrainte et qui se baserait sur la coopération du cheval avec l’homme et sur l’amitié. Il y a encore du chemin à faire avant d’affirmer que quelque chose est de l’équitation naturelle mais quelques rares dresseurs parviennent à s’en rapprocher.
MES CONSEILS POUR TRAVAILLER VOTRE CHEVAL tout en respectant son bien-être
Les grands principes à respecter pour pratiquer une équitation plus agréable pour votre cheval et plus confortable et pourquoi le avec ou sans mors n’est pas un débat.
Tous ceux qui y ont goûtés sont devenus accrocs à ces sensations…
One response
Merci pour cet état de l’art sur la question, très pertinent comme d’habitude. Je pense que, dans le domaine de l’equitation intuitive, l’approche d’Elsa Sinclair (voir film taming wild par ex) est à citer aux côtés de l’approche de KFH.