Les dangers de la routine et du conditionnement

Savez-vous vraiment ce qu’est le conditionnement et quelles sont ses conséquences ? En quoi peut-il être dangereux pour le cheval ? A quoi reconnait-on un cheval conditionné et comment l’éviter ?

Qu’est-ce que le conditionnement ?

Le conditionnement chez le cheval découle d’un apprentissage poussé à son extrême c’est à dire que la réponse obtenue va s’intégrer au comportement naturel du cheval. Ce conditionnement nous rend de grands services dans le cas de la désensibilisation par exemple. Un cheval désensibilisé est donc conditionné pour ne plus réagir à ce pour quoi il a été désensibilisé. Mais le conditionnement peut aussi être induit au cheval sans que le cavalier n’en ait réellement conscience par la répétition et la routine.

Les dangers du conditionnement

Il s’agit d’un danger invisible puisqu’il affecte la sphère mentale du cheval mais on peut le détecter en observant son comportement. Un cheval conditionné agit par automatisme à un stimulus de son cavalier et il est alors quasiment impossible de corriger cet automatisme pendant que le cheval l’exécute. De la même manière il sera également difficile de lui faire perdre cette habitude ou d’en modifier l’exécution.

15168574111_42c9f11274_zLe conditionnement utilisé à outrance réduit le cheval à une condition de simple outil et ça, il le perçoit parfaitement dans le comportement de l’homme dont les interactions se limitent alors au strict minimum. Au travail, le conditionnement à outrance ne laisse pas de place aux émotions quelles qu’elles soient, les initiatives et la créativité du cheval ne sont pas les bienvenues ce qui le conduit à se renfermer sur lui-même.

Selon l’intensité et la proportion qu’a pris le conditionnement dans la vie du cheval celui-ci pourra présenter de plus ou moins sérieuses affections au niveau psychique. Son bien-être général et son moral s’en verront diminué ainsi que sa capacité à apprendre de nouvelles choses et à s’adapter à un nouvel environnement. Ces affections n’empêchent pas le cheval d’être performant dans sa discipline de prédilection ce qui rend ce mal d’autant plus sournois et la plupart du temps ignoré par les propriétaires. Les chevaux conditionnés sont souvent appréciés dans leur discipline parce que leurs automatismes rendent la tâche plus facile aux cavaliers.

Comment en arrive-t-on là ?

3821541644_b332ea72af_zLe conditionnement ne résulte pas seulement des conditions dans lesquelles s’est déroulé l’apprentissage du cheval. C’est principalement son utilisation, son mode de vie et son environnement qui vont accentuer, par la suite, ce phénomène.

L’enfermement, l’ennui, la routine et la répétition vont avoir des conséquences importantes sur le mental du cheval. Plus cette situation va durer longtemps et au plus il sera difficile de rattraper les séquelles laissées. Avec le temps le cheval se laisse aller dans une sorte de dépression, parfois il développe des tics, semble déconnecté de la réalité, a le regard fixe… Je vous encourage à lire l’article sur la dépression chez le cheval qui décrit les symptômes visibles plus précisément.

Même un changement radical des conditions de vie et de travail ne suffisent pas toujours à aider le cheval à se sortir de ce renfermement sur lui-même.

Comment éviter le conditionnement ?

Les chevaux qui en arrivent à ce point sont assez peu nombreux. On les rencontre le plus souvent en club ou en compétition de haut niveau. Il faut un niveau de travail et de répétitivité réellement intense avant que le cheval ne sombre dans une dépression. Le conditionnement s’immisce lentement dans la vie du cheval qui commencera par anticiper nos demandes, ensuite il s’exécutera sans attendre votre ordre jusqu’au point où il ne sera plus capable d’envisager autre chose que cet enchaînement précis ou cette réponse précise à la situation dans laquelle il se trouve.

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Ici, traversée d’une rivière qui peut s’avérer être une véritable distraction pour certains et un challenge pour d’autres…

Pour éviter le conditionnement en général il est important de varier autant que possible les exercices, le lieu de travail, le lieu de vie du cheval. Il est important de le confronter souvent à de nouvelles situations et en prenant soin de conserver le côté ludique (c’est inutile si le cheval montre trop de stress).

L’anticipation est utile pour les apprentissages et pour améliorer la réactivité comme dans les départs au galop en équilibre. Dès que l’apprentissage est terminé, il est important de varier rapidement l’exercice : départ au galop à un autre endroit, sur la ligne du milieu, sur le cercle… Dans tous les cas il est d’usage de varier les demandes de façon à éviter que le cheval anticipe.

Le contact avec l’homme et les moments de complicité sont important pour le moral de votre cheval. De même, dans votre travail monté ou à pied, récompenser souvent encourage et motive davantage le cheval à vous faire plaisir.

Il est relativement facile d’éviter le conditionnement chez le cheval et de préserver ainsi son moral, sa curiosité et sa créativité. Changer régulièrement de lieu de travail, varier les exercices, multiplier les nouvelles expériences et entretenir une complicité avec lui vous aideront à garder sa motivation et son allant. Vous pouvez aller plus loin en consultant l’article « Comment préserver le moral de son cheval »

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4 Responses

  1. Très bel article plein de vérité. C’est important de réussir à varier les exercices et lieux d’apprentissage pour éviter ce genre de situations. On les aime nos boules de poils, il faut donc en prendre soin ! 🙂

  2. Cet article me laisse perplexe… Le conditionnement, principalement opérant, est la base de l’apprentissage du cheval. On ne peut pas l’éviter. Un cheval conditionné, au vrai sens du terme, n’est rien de plus qu’un cheval entraîné pour agir de certaines façons sous certains codes. Je fais une rêne d’ouverture : le cheval tourne. Je tends les rênes : le cheval ralentit. J’appuie ma jambe : il cède et se tasse. N’est-ce pas ce que tout cavalier veut, un cheval bien dressé, et donc bien conditionné ? Le cheval n’est pas malheureux là dedans quand les apprentissages sont effectués de façon ludique, grâce au renforcement positif. Vous devriez-vous renseigner sur le renforcement positif notamment le clickertraining, peut-être cela changerait-il votre perception du conditionnement ? Malgré tout, je crois comprendre le fond de votre message… Des chevaux robotiques, éteints, résignés, j’en ai vu beaucoup… Seulement peut-être manque-t-il de clarté quant aux termes utilisés. Citer quelques sources auraient pu être intéressant et aider au propos.

    • En fait, ce que vous décrivez, ce n’est pas du conditionnement, c’est de la résignation acquise. Comme les chevaux de votre article sur la dépression 😉

  3. Un article très intéressant! J’utilisais sans le savoir le terme « conditionner » à mon cheval et après lecture de cet article, je le retrouve. Mais je pense qu’après un certain age (il a 17 ans), il est plus que difficile de l’ouvrir vers de nouvelles activités (la ballade par exemple) il stress trop et risque de se mettre en danger ainsi que le cavalier. Voici le conditionnement d’un cheval qui n’a fait que du club! Déjà, il m’a fallut presque une année pour instaurer une relation de confiance et de le sortir de sa « dépression » le pansage, la nourriture et le travail à pied sont quelques clés.

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