[Lecture] James Fillis – Ecuyer de l’Europe

James Fillis n’est pas le plus connu des écuyers de cette époque et pourtant il n’en est pas moins tout aussi talentueux que les autres. Quel plaisir de plonger dans l’univers de l’équitation Française à la fin du 19ème siècle au travers de cette biographie. James Fillis fut un écuyer de cirque talentueux qui dressa un grand nombre de chevaux à la Haute Ecole au cours de sa vie.

James Fillis

James Fillis est un écuyer d’origine anglaise qui vécu entre 1834 et 1913, et passa la majeure partie de sa vie en France. A la mort de son père il se passionne très vite pour les chevaux. Il fut élève de Victor Franconi, directeur du cirque du même nom puis de François Caron, lui-même élève de Baucher.

Vers 1870, après la disparition de D’Aure et de Baucher, Fillis commence à donner des représentations dans les cirques parisiens. Il y rencontre rapidement un franc succès et les journaux de l’époque ne tarissent pas d’éloges à son sujet. En effet il parvenait à faire exécuter à ces chevaux un certains nombre de tours de forces jusqu’à présent totalement inconnus du grand public comme le galop sur 3 jambes, le galop sur 3 jambes en arrière ou le trot espagnol alternatif qu’il présenta comme un nouvel air.

Il entama une tournée dans toute les grandes villes d’Europe où il fut présenté comme le digne représentant de l’Ecole Française. Parallèlement il rédige son livre « Principes de dressage et d’équitation » avec l’aide de son élève et ami Georges Clémenceau qui paraît en 1890.

En 1898, à l’occasion de son passage au cirque Ciniselli, il fut engagé à l’école de cavalerie de Saint Pétersbourg en qualité d’écuyer instructeur en chef. Durant une dizaine d’années il s’attela à la formation des officiers de cavalerie et au dressage des chevaux de guerre. Les méthodes qu’il employa furent un succès et la Russie garda longtemps après le passage de Fillis les grandes qualités qu’il avait su transmettre à ses élèves quant au dressage des chevaux et à la formation des écuyers. Cet héritage leurs valurent la victoire aux jeux Olympiques de Rome dans la discipline du dressage en 1960 puis de bons résultats dans la même discipline en 1964, 1968 et à nouveau la médaille d’or en 1972.

Tenue de rênes « à la Fillis »

Contexte historique

Au fil des pages nous découvrons plus en détails Paris à la fin du 19ème siècle du point de vue équestre principalement. C’est là que l’on se rend compte de l’omniprésence du cheval jusqu’en plein coeur de la capitale.

Bien que les premières automobiles font leur apparition à cette même époque, de nombreux bourgeois affichent leur préférence pour la prestance de l’équitation bien plus complexe et gratifiante. Les manèges d’instructions sont nombreux et proposent des leçons avec les écuyers les plus renommés de l’époque. D’ailleurs, on imagine difficilement la quantité de manèges et d’écuries privées cachées derrières les murs des immeubles des grands boulevards. Et pourtant, il y en avait sûrement autant que l’on ne compte de voitures et de parking aujourd’hui.

Le soir tout le Paris mondain se rend entre autres aux représentations des cirques de la capitale pour assister aux spectacles et avoir la chance d’admirer les prouesses de Fillis avec ses airs méconnus qui suscitaient chaque fois une ovation et de nombreux rappels à la fin de la représentation.

Mon avis

En tant que passionnée et fraîchement intéressée par l’équitation française, je me devais de me pencher davantage sur les acteurs de cette équitation. James Fillis fut sûrement l’un des derniers dignes représentants de l’Ecole Française. C’est un personnage atypique qui montait jusqu’à 16 chevaux par jour et qui a pratiqué toutes les disciplines de l’équitation du dressage jusqu’aux courses hippiques en passant par la chasse à courre. Ces diverses compétences font de lui un véritable homme de cheval qui, ayant appris toute sa vie sur le dos des chevaux, a su distiller dans son enseignement les préceptes les plus indispensables au dressage du cheval.

J’ai particulièrement aimé sa philosophie « en avant » qui fait prévaloir l’impulsion par-dessus tout et qui rend, de ce fait, les chevaux parfaitement polyvalents et capables d’aborder toutes les disciplines. Je le rejoins aussi sur beaucoup d’autres aspects techniques ce qui me donne envie de me pencher sur ces ouvrages que furent « Principes de dressage et d’équitation » et son « Journal de dressage ».

Pourquoi une biographie ?

La lecture des livres de méthode d’équitation est certes intéressante mais le choix d’une biographie permet de cerner l’écuyer d’une manière différente et de prendre conscience de sa personnalité et de ses dérives d’un point de vue externe. C’est particulièrement important lorsque l’on s’intéresse à l’Equitation de Tradition Française de bien faire la distinction entre les écuyers de l’ancienne école où c’est l’art qui prévalait et les écuyers qui ont voulu moderniser l’équitation où la « guerre » prévalait (il fallait que l’équitation soit accessible à tous les soldats, qu’elle soit facile à mettre en pratique et que le dressage du cheval de guerre se fasse le plus rapidement possible).

Bien qu’ayant été écuyer en chef à l’école de cavalerie de Saint Pétersbourg, Fillis se réclamait du bauchérisme et s’est servi de ces principes pour les mettre en application à la cavalerie. Ces méthodes jugées au premier abord comme étant trop longues, inefficaces et inadaptées par Saumur, elles se sont en fait révélées parfaitement en adéquation avec les besoins d’une cavalerie militaire.

Cette biographie plaira à tout ceux qui s’intéressent à l’Equitation de Tradition Française, à Fillis et au contexte historique de l’équitation en cette fin de 19ème siècle.

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