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Comment réagir lorsque le cheval a peur ?

cheval dans la nature

J’avais déjà écrit sur ce sujet (Comment gérer la peur de son cheval) il y a quelques années mais c’est un vaste sujet qui méritait quelques mises à jours.

Nous allons nous pencher aujourd’hui, non pas sur les raisons ou le mécanisme de la peur chez le cheval mais sur les réactions possibles de son cavalier. Certains cavaliers choisissent d’ignorer, d’autres bougent les pieds et d’autres encore laissent simplement regarder.

Mais quelle est la bonne réaction à avoir ?
Comment bien gérer l’inquiétude du cheval en extérieur ?

C’est une question qui revient tout le temps avec les chevaux et qui peut varier parfois de l’un à l’autre.

Est-ce que faire bouger les pieds de son cheval quand il a peur ça le rassure ?

C’est à partir de cette question toute simple que m’est venue l’envie d’écrire cet article.

Lorsque vous faites bouger les pieds de votre cheval en travail à pied, c’est normalement censé le reconnecter à vous de façon à ce que l’environnement et l’inquiétude deviennent secondaires par rapport à vos demandes. C’est certainement ce que l’on vous a appris en théorie.

Mais en pratique ce n’est pas toujours ce qu’il se passe.

Alors quand ça marche, c’est merveilleux mais il arrive parfois que ça ne soit pas vraiment le cas. A ce moment là, vous avez plutôt l’impression que vous êtes en train d’agacer votre cheval. Vous l’empêchez de procéder à l’observation de son environnement et il manifeste un certain agacement.

Et là vous vous dites que peut-être ce n’était pas la bonne solution pour vous… J’ai d’ailleurs longtemps pensé que parce que ça ne marchait pas à chaque fois, ce n’était pas une solution valable et que ça ne fonctionnait sur certains chevaux que grâce au conditionnement.

Puis j’ai découvert que la réalité est plus nuancée que ça et que ce n’est pas l’exercice en lui-même qui apporte des bénéfices mais tout ce qui est censé l’accompagner. Donc il y a certaines conditions pour lesquelles ce genre d’exercice va fonctionner :

  1. Une relation de confiance qui existe déjà entre vous et votre cheval de sorte que vous soyez devenu le référent de votre cheval.
  2. Le niveau de stress doit être relativement acceptable car s’il est trop élevé c’est l’instinct qui prendra le dessus et il sera extrêmement difficile de le contrôler.

Au plus le stress est bas au mieux votre cheval vous écoutera

Comme je l’ai évoqué dans l’article sur les différents niveaux de stress, passé un certain stade il n’est plus possible pour le cheval de se contrôler lorsqu’il a peur (exactement comme nous quand nous sommes au maximum de notre peur) et c’est là qu’il va paniquer complètement. Bien sûr, quand vous en arrivez là, vous pouvez faire ce que vous voulez, il est déjà trop tard en réalité.

Mais heureusement, vous avez la possibilité d’adapter la difficulté pour proposer quelque chose qu’il est capable de réussir. Et si jamais vous avez surestimé ses capacités, il est toujours temps de raccourcir ou simplifier l’exercice.

Cela demandera bien évidemment que vous soyez capable d’observer et d’évaluer le niveau de stress de votre cheval grâce à son langage corporel. Mais aussi d’avoir l’humilité de voir ce dont le cheval est réellement capable et pas ce que vous pensez qu’il devrait être capable de faire. C’est d’autant plus difficile que ce n’est pas forcément la même chose d’un jour à l’autre et qu’un tout petit élément peut tout changer.

Typiquement, au plus le stress est bas et au plus c’est facile pour votre cheval de se concentrer sur vous. Il n’est pas distrait par son environnement, il est donc disponible pour vous et en mesure de se concentrer.

Au fur et à mesure que l’environnement lui semble inquiétant et qu’il se met à stresser, il devient de plus en plus préoccupé par ce qu’il se passe autour de lui. Il peut manifester le besoin de regarder autour de lui. Cette inquiétude le rend moins disponible pour répondre à vos demandes et c’est là que vous sentez qu’il se déconnecte.

Et enfin quand le stress est trop important, il ne fait plus du tout attention à vous et commence à se mettre en fuite.

Mais ce qui est curieux et difficile à expliquer c’est pourquoi certains chevaux restent sous contrôle même quand ils se mettent en fuite alors que la peur est à son maximum alors que d’autres deviennent totalement incontrôlables et dangereux malgré des bases d’éducation à pied ?

Pourquoi on peut reconnecter un cheval qui est dans un état de stress modéré en lui bougeant les pieds alors qu’avec un autre, vous allez simplement l’agacer profondément et il n’aura qu’une envie, celle de vous mordre ?

Qu’est-ce qui explique qu’un même procédé ait deux résultats si différents ?

Une première hypothèse que je me suis faite à moi-même pour répondre à cette question c’est que c’était probablement grâce au conditionnement, à la répétition inlassable de l’exercice qui fait que le cheval avait été conditionné pour y répondre et que dans un sens ça lui apportait une sorte de familiarité rassurante dans cette environnement stressant.

Jusqu’à ce que je fasse l’expérience sur Garnet, mon propre cheval avec lequel j’ai extrêmement peu travaillé à pied en horsemanship, pas plus d’une dizaine de fois en tout. Avec cette fréquence de travail si faible, il y a eu un apprentissage mais on est bien loin du conditionnement et pourtant cet exercice marche très bien sur lui !

Donc la théorie du conditionnement ne tient pas debout, ce qui veut dire qu’il doit y avoir autre chose qui entre en compte…

Inspirer la confiance à son cheval et devenir son référent

Cet autre chose c’est probablement la confiance que votre cheval a en vous. Quand il a confiance en vous, il est capable de s’en remettre à vous y compris quand quelque chose l’effraie, c’est ce que j’appelle devenir son référent.

Lorsque le cheval perçoit un danger potentiel, il va avoir un référent qui va l’aider à comprendre ce qu’est ce danger et comment y réagir. Ce référent peut tout à fait être le troupeau, un autre cheval ou vous. Il va alors calquer ses réactions sur celles de son référent et il est plus souhaitable que ce référent ce soit vous.

Lorsque le cheval ne vous considère pas comme son référent et qu’il se sent en danger, il va se fier à sa propre perception de la situation en tout premier lieu. Vous vous retrouvez alors avec un cheval que l’on qualifie de « irrespectueux », qui ne fait pas attention à vous et qui réagit parfois violemment en vous mettant en danger.

Mais devenir le référent de son cheval, ce n’est pas quelque chose qui se travaille en secouant un sac plastique ou en chassant les hanches. Il s’agit davantage de votre manière d’être que de ce que vous savez faire.

Devenir quelqu’un de fiable

Votre manière d’être a une importance primordiale pour que votre cheval commence à vous faire confiance.

La première chose est de faire le ménage dans vos pensées. En tant qu’humain nous avons l’esprit trop embrouillé par une multitude de pensées qui n’ont parfois aucun rapport avec ce que vous êtes en train de faire.

Le cheval capte ces pensées mais s’il y en a trop, vos intentions ne sont pas claires et il ne peut pas comprendre ce que vous voulez. Et même pire, comme vous êtes dans vos pensées mais pas vraiment dans l’instant présent, votre cheval n’a simplement pas envie de rester avec vous car vous n’êtes pas en mesure de communiquer avec lui.

Avez-vous envie d’engager la conservation avec un étranger dans la rue alors que vous ne parlez pas la même langue et que vous pourriez tout aussi bien parler avec quelqu’un d’autre qui serait en mesure de vous écouter et de vous comprendre ?

Pour le cheval c’est pareil…

Tout cela nécessite un peu de développement personnel de façon à devenir plus conscient de vos pensées, de vos gestes mais aussi de vos émotions et de vos besoins.

Vos émotions ne sont que le reflet d’un besoin qui est satisfait ou au contraire qui n’est pas satisfait selon que l’émotion soit positive ou négative. Lorsqu’une émotion négative se présente, soyez à l’écoute du besoin non comblé qu’elle met en relief et agissez concrètement au niveau de ce besoin car l’émotion n’est que le symptôme.

Donc pour gérer vos émotions, il ne s’agit pas de savoir les camoufler ou les évacuer mais de répondre au besoin qu’elles mettent en relief. Ainsi si vous vous sentez en insécurité et que ça provoque chez vous de la peur. Une solution peut être de vous mettre dans une situation où vous vous sentirez à nouveau en sécurité et alors l’émotion s’en va.

Les jugements sont également quelque chose à bannir totalement de votre vie, que ce soit envers votre cheval « il est … « , envers vous-même ou envers les autres. Ne jugez pas les autres ou votre cheval car vous ne savez pas comment ils peuvent vivre cette situation de l’intérieur et c’est probablement parce qu’ils ont une perception totalement différente de la vôtre « si j’étais toi, je… ».

Ne vous jugez pas vous-même car les jugements que vous émettez à votre égard ne sont que des pensées moralisantes sur ce qui est bon ou mauvais selon la société « ce n’est pas bien de… ». En vous jugeant, vous n’êtes pas à l’écoute de vous-même mais de ce que les autres ou la société pourrait penser de vous. Vous oubliez aussi par la même occasion vos propres besoins en faisant ça.

Bien sûr tout cela constitue une véritable discipline à avoir dans votre vie mais elle vous apportera des bénéfices à tous les niveaux et pas seulement dans votre relation avec votre cheval.

Lorsque l’eau du lac est calme, le paysage peut s’y refléter.

Si votre esprit est clair et pur comme l’eau du lac, la communication avec le cheval est facilitée

En calmant le flux de vos pensées, en vous mettant dans l’instant présent, vous devenez plus calme, vous vous mettez en fait sur le même rythme que le cheval. En devenant plus conscient de vous-même, de vos pensées, de vos émotions et de vos besoins vous reprenez le contrôle de vous-même et de votre vie.

On ne peut prétendre maîtriser un cheval tant qu’on ne se maîtrise pas soi-même

Pat Parelli

Écouter les besoins du cheval

Tout ce travail sur vous-même est un bon début pour donner envie au cheval de rester avec vous et pour rendre votre présence plus agréable pour lui mais cela n’est pas toujours suffisant pour faire de vous son référent.

Si vous avez des besoins et que les émotions expriment si ces besoins sont comblés ou non, il en est de même pour le cheval qui a lui aussi des besoins. Ainsi tous les comportements que l’on peut voir apparaître comme la grégarité, la peur, l’inquiétude ont pour origine l’un de ces besoins. Lorsque le besoin correspondant est comblé, le comportement ou l’émotion disparaît tout simplement.

Globalement, il y a deux manières pour vous de répondre aux besoins de votre cheval, c’est soit de le comprendre en faisant preuve d’empathie, soit de vous positionner comme son référent en le prenant en charge.

C’est pour cela que certains chevaux seront parfaitement rassurés avec vous quand vous allez faire bouger les pieds avec des exercices parce qu’ils ont besoins d’être encadrés et accompagnés par un leader qui gère tout pour eux.

Alors que d’autres attendent de vous que vous fassiez preuve de compréhension, que vous les acceptiez tels qu’ils sont et que vous fassiez un pas vers eux en leur faisant davantage confiance et pas en les obligeant justement à faire ce qu’ils ne voulaient pas faire. Avec ceux-là, vous devrez peut-être faire quelques concessions, être moins intransigeant et accepter de laisser faire pour qu’ils puissent se sentir véritablement en confiance avec vous.

session equitation

Faire bouger les pieds de son cheval quand celui-ci commence à s’inquiéter est une bonne idée globalement mais ça ne devrait pas être le seul moyen que vous avez en votre possession pour calmer et reconnecter votre cheval lorsqu’il a peur.

Et d’ailleurs, tous n’ont pas forcément besoin de ce genre d’exercice. Parfois il faut aussi accepter d’aller dans le sens du cheval. Dites-vous que la confiance ne peut pas aller que dans un seul sens et votre cheval ne pourra pas vous faire totalement confiance si vous ne l’écoutez jamais quand il vous dit que là, vraiment ça fait trop peur et qu’il voudrait rentrer tout de suite.

Faut-il sanctionner ou rassurer un cheval qui a peur ?

La sanction est-ce que ça marche vraiment ?

Lorsque le cheval a une réaction de peur pour la énième fois de la séance, qu’il n’y a absolument rien qui a bougé à l’horizon et que vous n’arrivez même pas à le garder concentré sur un tour entier depuis au moins 10 minutes, il y a de quoi être énervé et c’est dans ces moments là que vous avez envie de sanctionner.

Le problème avec la sanction c’est qu’elle vous donnera l’impression que ça marche, votre cheval sera à nouveau concentré et il ne bougera plus de toute la séance. Donc vous êtes ravi, vous vous dites que ça a fonctionné et que c’est bien de ça dont votre cheval avait besoin.

Vous croyez peut-être qu’en sanctionnant les comportements de peur, votre cheval apprend qu’il ne doit pas avoir peur s’il ne veut pas être punit. Et par la même occasion, vous oubliez aussi que la peur est un instinct qui ne peut pas être freiné et encore moins contrôlé. Vous oubliez également que le cheval ne peut pas faire exprès pour vous faire ch**r car ses capacités cognitives ne lui permettent pas d’anticiper ce genre de choses.

En réalité, ce qu’il se passe quand vous sanctionnez votre cheval, c’est que vous redirigez la peur qu’il a de son environnement sur vous. Votre cheval ne regarde plus ce qui l’effrayait car il a trouvé quelque chose d’autre de bien plus effrayant : vous.

Forcément, il ne bouge plus, il est sage et concentré bien qu’un peu trop sous pression. Pour certains, ça ne marche même pas du tout, ils se mettent à avoir encore plus peur et à se défendre.

Vous vous doutez bien que ce genre de procédé c’est un acte de domination pure du cavalier sur le cheval basé sur un manque évident d’empathie et de compréhension à son égard.

En agissant de cette manière, vous ne pouvez pas ensuite espérer devenir l’ami de votre cheval et vouloir développer sa confiance en vous. Ce sont bien deux comportements totalement incompatibles car vous ne pouvez pas soumettre et forcer d’un côté puis vouloir être gentil avec lui et gagner sa confiance d’un autre côté. Je rappelle que c’est l’attitude qu’ont les psychopathes tout de même !

Donc la sanction vous donnera peut-être l’illusion que ça canalise les réactions de peur de votre cheval mais en réalité avec ce genre de comportement vous brisez totalement la confiance qu’il peut avoir en vous par votre attitude dominante. Le cheval se soumet mais cela a des conséquences importantes sur votre relation avec lui.

Faut-il rassurer le cheval qui a peur

L’autre possibilité qui s’offre à vous lorsque votre cheval a peur, c’est de vouloir le rassurer en l’arrêtant et en lui caressant l’encolure.

Les partisans de l’équitation éthologique vous diront qu’en faisant ça, vous récompensez votre cheval pour avoir eu peur et effectivement dans certaines situations c’est bien le cas.

Pour ma part, j’émets de gros doutes sur le fait qu’une caresse sur l’encolure puisse apporter du réconfort au cheval. C’est tellement naturel pour nous de prendre un enfant qui a eu peur dans nos bras pour le rassurer et ça lui fait du bien effectivement.

Mais les chevaux ne sont pas des humains et ce genre de contact n’est pas quelque chose de naturel pour eux et d’ailleurs vous remarquerez dans leurs interactions qu’en réalité ils se touchent très peu. Les moments où ils entrent en contact c’est pour le grooming, ou quand ils s’échangent des coups de dents et de sabots ou pour se flairer. Donc le contact tactile en réconfort n’existe pas chez le cheval.

Comment agissent les chevaux pour se rassurer quand ils ont peur ? Ils fuient ou se rapprochent les uns des autres. C’est le mouvement qui les aide à décharger leur peur, pas le contact.

Maintenant quelle est la signification de la caresse sur l’encolure pour le cheval ?

Par notre proximité et le travail, le cheval a peut-être associé quelque chose de positif à la caresse sur l’encolure. Vous caressez l’encolure généralement quand votre cheval a fait quelque chose de bien ou pour signaler la fin de l’exercice ou de la séance.

Alors à votre avis qu’est-ce que ça veut dire pour le cheval quand vous lui caressez l’encolure alors qu’il a eu peur ?
Qu’il a fait quelque chose de bien ? Que l’exercice est fini ?

Effectivement il est moins préjudiciable pour le cheval de recevoir une caresse sur l’encolure que de recevoir une sanction. Mais cette caresse qui se veut réconfortante pour le cavalier n’a pas exactement la même signification pour le cheval et elle s’avère souvent incohérente si elle arrive dans une situation stressante pour le cheval.

Ce qui serait bénéfique pour le cheval en revanche, c’est de recevoir un renforcement positif, une caresse sur l’encolure ou une friandise, après qu’il ait démontré un comportement exemplaire ou pour récompenser son courage face à la situation inquiétante.

Faut-il ignorer carrément les réactions de peur du cheval et ne pas y réagir ?

Certains cavaliers un peu trop dans l’anthropomorphisme ne comprennent pas et sont même révoltés à l’idée de ne pas réagir à la peur du cheval et pourtant…

Imaginons que votre cheval ait peur d’un vélo.
A votre avis quelle serait la réaction de votre cheval si vous vous mettiez vous aussi à avoir très peur du vélo comme lui ?
Est-ce qu’il se sentirait compris et rassuré par votre empathie ? Non.
Est-ce qu’il aurait encore plus peur du vélo ? Oui assurément !

Il faut garder à l’idée que si votre cheval a peur d’un vélo, vous n’êtes pas nécessairement concernés par sa peur simplement parce que vous, vous n’avez pas peur du vélo. En revanche vous êtes concernés par la réaction de votre cheval qui a peur de ce vélo qui ne vous fait pas peur.

Votre cheval a toujours peur du vélo.
A votre avis quelle serait la réaction de votre cheval si vous vous mettez à avoir peur de ses réactions ?
Est-ce que votre comportement peut rassurer votre cheval face à ce qu’il perçoit comme un danger ?
Non parce que vous avez peur aussi. Votre cheval ne sait pas de quoi vous avez peur et il va probablement penser que vous avez peur de la même chose que lui, ou pire que vous avez peur d’un autre danger qu’il n’a pas encore vu, ce qui serait probablement encore plus horrible !
Est-ce que votre propre peur peut contaminer et aggraver celle de votre cheval ? Oui assurément !

Donc si vous n’avez pas peur de ce qui fait peur à votre cheval, vous craignez peut-être sa réaction mais en fin de compte, vous pouvez être tout à fait détaché émotionnellement de lui. En restant détaché émotionnellement de la peur de votre cheval, cela vous donnera un énorme avantage sur tous les autres cavaliers, celui de devenir ce référent rassurant et qui donne confiance.

Votre cheval a peur du vélo mais vous restez totalement confiant et impassible.
A votre avis quelle serait la réaction de votre cheval si vous restez tout à fait confiant et sans peur tout en étant compréhensif par rapport à ce que vit votre cheval ?
Est-ce que votre confiance et votre sérénité pourrait l’aider à se rassurer sur le danger que représente le vélo ? Oui bien sûr.

Si vous ne réagissez pas émotionnellement à la peur de votre cheval, vous aurez l’avantage au moins de ne pas l’aggraver avec votre propre peur ce qui est déjà beaucoup mieux que ce que font la majorité des cavaliers.

Lorsque votre cheval se sent en danger et que le stress monte, il n’a pas besoin de se sentir rassuré par une caresse sur l’encolure. Il a besoin de quelqu’un de calme et sûr de lui qui lui indique ce qu’il doit faire tout en faisant preuve d’un minimum de compréhension.

En étant capable de ne pas réagir aux réactions de peur de votre cheval vous faites preuve de détachement émotionnel ce qui est la meilleure chose à faire pour ne pas aggraver davantage la situation.

Si en plus vous ignorez les réactions de peur du cheval car vous savez qu’elles sont normales et qu’elles font partie de sa nature, alors vous n’aurez plus besoin de vous demander si vous devez rassurer, sanctionner ou faire bouger les pieds.

Et cela ne vous empêchera pas bien sûr de faire preuve de compréhension et de tenir compte de son inquiétude en adaptant vos exigences envers lui pour le mettre en situation de réussite et qu’un apprentissage positif découle de cette expérience.

Quelle est la meilleure réaction à avoir quand le cheval a peur ?

La peur du cheval se gère avant tout en amont, d’abord par un travail de développement personnel qui vous permettra d’être en capacité de gérer vos propres émotions, d’avoir l’esprit clair et de rester conscient et dans l’instant présent. Ces compétences là vous apporteront une présence et une disponibilité avec les chevaux qui est indispensable pour être capable d’entrer en communication avec eux. Immédiatement, vous paraîtrez alors beaucoup plus intéressant aux yeux de votre cheval simplement parce que vous serez sur le même rythme que lui.

Il n’y a rien de pire qu’un cavalier qui vient monter son cheval vite fait, en étant pressé, stressé et contrarié par ses rendez-vous. Il est obnubilé et même noyé dans ses pensées et devient totalement incapable de voir, de lire ou de communiquer avec son cheval. Cette tempête de pensées et d’émotions viennent perturber et parasiter le cheval et il peut dans certains cas y réagir assez fortement.

Par votre manière d’être, vous pourrez plus facilement développer une relation de confiance avec votre cheval. Mais cela passe aussi par les expériences que vous vivrez avec lui, c’est là que les exercices de travail à pied peuvent vous être d’une grande utilité. Et tout cela dans le but de faire en sorte que vous deveniez le référent de votre cheval de façon à ce que les situations dans lesquelles votre cheval a vraiment peur deviennent de plus en plus rares. Cela ne l’empêchera pas de continuer à voir peur parfois mais il adaptera davantage ses réactions en fonction des vôtres.

Ensuite il faut également savoir gérer les situations de peur quand elles se présentent. Comme la peur est une émotion, lorsqu’elle apparaît c’est qu’elle met en lumière un besoin chez celui qui la ressent. Selon le niveau de peur de votre cheval et les circonstances dans lesquelles elle apparaît, vous n’aurez pas forcément les mêmes réactions.

Lorsque votre cheval est surpris par quelque chose de soudain et bref, il va avoir tendance à sursauter et sa réaction sera aussi complètement imprévisible pour vous. La peur apparaît sous le coup de la surprise mais redescend tout aussi vite une fois qu’il a pu identifier la source de sa surprise. La meilleure réaction à avoir est alors de simplement ignorer ce qui vient de se produire et de passer à autre chose.

Il peut arriver en revanche que votre cheval ne sache pas identifier ce qui l’a surpris et qu’il reste extrêmement tendu pendant plusieurs minutes, en cherchant à accélérer par exemple, ce sera à envisager comme une peur légère à modérée.

Pour toutes les autres situations pendant lesquelles votre cheval présente des signes de peur légère à modérée, il y a deux manières différentes d’y réagir qui dépendront du contexte.
Dans ces situations votre cheval aura besoin soit d’être un peu plus managé en lui bougeant les pieds, soit d’être un peu plus compris en faisant preuve d’empathie et en faisant davantage confiance à sa bonne volonté ce qui nécessite parfois de diminuer vos exigences avec lui.

Typiquement, si vous bougez les pieds de votre cheval et que la situation s’aggrave, que la peur augmente, c’est que devez relâcher la pression et accepter d’aller dans le sens de votre cheval. Cela peut être faire demi-tour et rentrer (au pas) ou le laisser accélérer voire trotter sur un passage délicat. En allant dans son sens, vous lui signifiez que vous avez bien compris son inquiétude et vous lui permettez de se retrouver à nouveau plus en sécurité. Il pourra par la même occasion prendre encore davantage confiance en vous parce que vous êtes capable d’écouter ses besoins et que vous ne le confrontez pas systématiquement à ce qui lui fait peur.

J’imagine que vous allez être nombreux à émettre quelques réticences en vous disant qu’en laissant faire votre cheval, vous risquez de lui apprendre des mauvaises choses et qu’il deviendra de moins en moins courageux. C’est effectivement vrai, mais seulement si vous allez A CHAQUE FOIS dans le sens de votre cheval dans ce genre de situation. Mais à ce moment là, vous ne vous comportez plus comme un leader ni un référent mais comme un suiveur, votre cheval commence à prendre les initiatives et ça peut devenir dangereux pour vous.

Lorsque votre cheval se trouve dans une situation de peur forte à intense, l’instinct est très présent et il est prêt à prendre le dessus sur la situation si ce n’est pas déjà le cas. Dans ce genre de situation, vous ressentez forcément vous aussi de la peur et l’urgence est de vous sentir à nouveau plus en sécurité pour garder le contrôle de vous-même.

En parallèle, votre cheval n’est pas tellement disponible pour répondre à vos demandes et vous n’avez donc pas vraiment beaucoup d’autres choix que d’aller dans son sens. Au plus vous allez aller contre lui, au plus vous allez vouloir le forcer et au plus sa peur et sa frustration vont augmenter. N’obligez pas votre cheval à aller au devant d’une situation qu’il ne semble à priori pas capable de gérer émotionnellement. Et si c’est un passage obligé, il peut être utile de le laisser prendre de la distance et observer un moment ou de descendre pour franchir le passage avec lui.

N’oubliez pas que votre cheval est une proie et donc sa réaction normale en cas de danger est d’abord de fuir et ensuite de s’arrêter et se retourner pour regarder. Vous remarquerez d’ailleurs que les cervidés aussi font ça : ils s’éloignent rapidement et ensuite se retournent pour voir s’ils doivent continuer à fuir ou si c’était une fausse alerte, ce qui nous laisse généralement le temps de nous arrêter pour les observer.

Mais l’avantage avec les émotions et donc avec la peur c’est qu’elles sont très variables et très subjectives. Ce qui veut dire que si votre cheval a peur intensément là maintenant tout de suite, c’est possible qu’après 5 minutes d’observation, sa peur revienne à un niveau plus modéré. Cela explique également pourquoi votre cheval peut avoir peur de quelque chose auquel il n’avait pas réagit la veille.

La gestion de la peur du cheval, ce n’est pas simplement savoir quoi faire quand le cheval a peur. C’est d’abord tout un travail sur vous-même puis sur votre relation avec lui afin de devenir quelqu’un qu’il apprécie et en qui il a confiance.

Ensuite, gérer la peur du cheval quand elle se présente c’est d’abord, être en mesure d’identifier et de lire les signaux de stress chez votre cheval pour pouvoir évaluer rapidement son niveau de peur. Vous devez être capable de faire ça tout en restant attentif à vos propres émotions et à vos propres besoins car vous ne serez pas un leader digne de confiance si vous ne savez pas gérer vos propres émotions.

Et enfin, selon les circonstances et le niveau de peur de votre cheval, il vous faudra choisir soit de faire bouger les pieds pour capter son attention et le concentrer, soit faire preuve d’empathie et de compréhension en acceptant d’aller un temporairement dans le sens du cheval, soit de ne pas réagir du tout et d’ignorer la réaction de votre cheval en faisant comme si elle n’était jamais arrivée ce qui vous permettra de rester émotionnellement détaché des peurs de votre cheval.

Évidemment, la colère et la sanction sont à bannir complètement car cela a pour effet de rediriger la peur de votre cheval sur vous ce qui a pour conséquence de détruire considérablement la relation que vous avez avec votre cheval.

 

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7 commentaires sur “Comment réagir lorsque le cheval a peur ?

  1. Bonnet Virginie dit :

    Je suis complètement d’accord avec toi, comme d’habitude ! Je découvre depuis un an, la confiance en moi à cheval et ça change tout. Je continue à travailler la pleine conscience. C’est excellent.
    Une petite question : comment faire pour ne pas anticiper le danger? Je suis une hypersensible. En cela, je comprends les peurs de mes congénères humains mais aussi assez bien celles de ma jument. Je  » sais, je sens, quand ça va « merder » ( ce qui est rare quandmême car Julie est plutôt une jument top) . Je crains plus en outre les situations de peur vécue à l’intérieur d’un groupe. ( type balade). Je peux développer deux situations qui t’en diront plus. Et là toutes les deux, on a envie de se jeter les bras dans les pattes l’une de l’autre….. tu vois le genre ?
    Merci à toi.

    1. Alexandrine Nobis dit :

      Coucou Virginie,
      Si tu es réellement en pleine conscience et dans l’instant présent, tu n’anticiperas pas le danger, tu le vivras simplement au moment où il arrive (si il arrive).
      Les peurs de ta jument et tes peurs sont bien différentes, cherches plutôt à être le pilier rassurant pour ta jument. Quand elle s’inquiète, qu’elle puisse te regarder et se dire « ah ouf tu es là, ça va mieux ». Il s’agit d’écouter l’inquiétude du cheval, d’en tenir compte mais pas de se l’approprier 😉
      Je suis sûre que tu vas y arriver 😉

      1. Virginie Bonnet dit :

        Et si tu sais que ce qui va arriver? Nous étions sur le tournage d’une pub avec un drone qui était sensé surgir de b’impirte où et un cinéaste qui ne connaissait pas les chevaux. Ça m »‘à stressée

        1. Alexandrine Nobis dit :

          Mêmes préconisations,
          Travailler le lien avec son cheval et la relation peut aussi aider beaucoup

          1. Virginie Bonnet dit :

            Ça s’est bien passé au final mais j’avoue être montée dans le stress et ma jument a tout de duite réagi. Ce qui prouve ce que tu dis… merci! On va donc continuer la TC. C’est extra pour les humains stressés !
            Bises

  2. Claire Sarazin dit :

    Merci pour cet article très clair et complet.

  3. Nicole dit :

    Un des meilleurs articles sur les peurs , à mon avis . A faire lire à tous les cavaliers !

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