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Débourrage : l’importance de la désensibilisation

La désensibilisation est une étape importante du débourrage durant laquelle on habitue le cheval progressivement à ne pas réagir à différents stimulus. La désensibilisation peut également nous servir sur des chevaux déjà débourrés de tous âges afin de les rendre moins réactifs et moins sensibles ou pour corriger un comportement jugé indésirable. Pour cet article on prendra l’exemple d’une désensibilisation à la chambrière, mais on aurait aussi pu choisir une bâche, au stick de dressage, un tapis, une couverture ou tout autre objet effrayant…

Décomposer

Lorsque l’on a l’objet de la désensibilisation souhaité, on a en quelque sorte déjà notre objectif. La première chose à faire est de décomposer les étapes qui permettent d’atteindre cet objectif en commençant ce que le cheval peut accepter le plus facilement. Ainsi on établira une progression qui nous permettra d’augmenter la difficulté au fur et à mesure que les sous-objectifs précédents sont acquis. Sans décomposition de la difficulté, pas de progression possible.

Si par exemple, je choisis d’aller directement à l’étape la plus difficile avec un cheval qui a peur de la chambrière en la faisant claquer au-dessus des oreilles du cheval, j’ai 100% de chance d’obtenir une réaction de ce dernier totalement incontrôlable et une expérience traumatisante pour mon cheval.

Contenir le cheval dans sa fuite amène la soumission et non la compréhension. Ici la désensibilisation n’est pas progressive.

En revanche si je commence par caresser avec la main toutes les parties du cheval, puis avec la main qui tient la chambrière, le cheval va rapidement associer ma main + la chambrière au pansage et comprendre qu’on ne lui demande rien d’autre que d’être immobile et tranquille comme pour un pansage.

Ensuite je vais pouvoir le toucher de partout avec la chambrière, en m’éloignant du cheval toujours avec cet objectif de conserver l’immobilité puis la décontraction.

L’étape suivante pourra consister à agiter lentement la chambrière à 3m du cheval puis à 2m, 1m de lui et de plus en plus vite tout en conservant l’immobilité. Plus l’objet se trouve loin du cheval et moins celui-ci se sentira concerné c’est pour cela que l’on commencera dans une zone assez éloignée du cheval. Toucher tout le corps du cheval avec la chambrière est une exception parce qu’un cheval déjà habitué au pansage fera facilement l’association.

Céder au bon moment

Qu’est-ce que c’est agir et céder ?

J’agis quand je bouge la chambrière, que je touche le cheval avec ou que je la fasse claquer près de lui : le cheval est soumis à un stimulus. Je cède lorsque je cesse de le stimuler avec la chambrière, mon regard vers le sol mais je peux aussi céder lorsque je m’éloigne volontairement ou non du cheval puisque ce dernier se trouve alors dans une situation plus confortable.

Pour désensibiliser correctement mon cheval je dois donc agir et céder au bon moment. Dans la désensibilisation, on recherche en premier lieu l’immobilité. Donc lorsque je commence à agir, c’est avec un cheval qui est déjà immobile puisque c’est ce que j’attends de lui. Par contre lorsque je vais le stimuler avec la chambrière, même si mes étapes sont progressives, il est possible qu’il réagisse par peur ou par habitude aux mouvements de chambrière. En se déplaçant il peut essayer de fuir et dans certains cas d’attaquer l’objet de ces craintes. Ces comportements là ne sont pas très importants, ils nous renseignent seulement sur l’état émotionnel du cheval à un instant T. Ce qui est important en revanche c’est à quel moment vous allez céder.

Lorsque vous cédez, le cheval est en quelque sorte récompensé et qui dit récompense dit aussi apprentissage. Or nous avons vu que nous recherchions l’immobilité. Donc, le meilleur moment pour céder c’est lorsque le cheval est immobile alors que vous le stimulez.

Pour désensibiliser efficacement vous devrez donc AGIR avec la chambrière, si votre cheval ne reste pas immobile, VOTRE ACTION SE POURSUIT ET SE DÉPLACE INDIFFÉREMMENT AVEC LUI EN CONSERVANT LA MÊME DISTANCE ET LA MÊME INTENSITÉ. Lorsque le cheval retrouve son immobilité, c’est le meilleur moment pour CÉDER.

Répéter

Une fois que vous avez bien compris les deux notions précédentes, il va falloir continuer et répéter la même chose pour que le cheval puisse apprendre. Le cheval apprend par association et chaque expérience qu’il vit est mémorisé et enregistrée selon qu’elle soit douloureuse, neutre ou agréable. Ensuite il y a deux possibilité, soit l’expérience a été violente et brève, soit l’expérience s’est répétée sur un grand laps de temps.

Dans le cas d’une expérience violente et brève c’est généralement une expérience douloureuse qui marque à vie et qui ne nécessite pas de répétition du fait de son intensité. On pourrait comparer ce système d’apprentissage à celui de l’enfant qui, pourtant bien averti, touche un objet de cuisine brûlant et se brûle, en général il y a des chances pour qu’il ne recommence pas de si tôt.

Dans le cas d’une expérience répétée sur un grand laps de temps, le cheval assimile une expérience d’intensité moins importante à quelque chose de positif ou négatif et y associe progressivement des comportements soit de bien-être et de joie, soit des stratégies d’évitement si c’est quelque chose de désagréable. Par exemple, un cheval qui subit des corrections après que le cavalier soit tombé et au fil du temps, à chaque chute, il est un peu plus difficile à rattraper car il craint la correction qui va suivre en l’associant au moment où le cavalier tente de le rattraper et pas à l’élément qui a provoqué la chute.

En répétant les actions de stimulation et en cédant au bon moment, le cheval commence petit à petit à comprendre ce que l’on attend de lui. Il va se décontracter et il sera alors possible de passer à une intensité plus élevée. En augmentant ainsi l’intensité du stimuli chaque fois que le cheval ne réagit plus et reste immobile, on peut aller, étape par étape jusqu’au dernier stade où le cavalier fait claquer plusieurs fois la chambrière tout près de cheval sans que celui-ci ne réagisse.

Cheval désensibilisé au feu

Pour désensibiliser un cheval, il faut d’abord décomposer les étapes de façon à découper le gros objectif en petit sous-objectifs qui seront plus faciles à atteindre. Ensuite il faut agir et céder au bon moment pour que le cheval apprenne de façon cohérente à ne plus réagir et à conserver son calme ou son immobilité. En répétant ces actions d’agir et céder au bon moment, le cheval va modifier l’association qu’il a avec la stimulation et modifier son comportement jusqu’à devenir parfaitement impassible. Il ne restera ensuite plus qu’à passer au sous-objectif suivant en reprenant la même procédure. Progressivement le cheval, complètement désensibilisé ne réagira plus aux stimulation mêmes violentes ou supposées inquiétantes (claquements, mouvements rapides, en zone aveugle…).

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