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L’équitation a-t-elle perdu son sens ?

La semaine dernière, pour la deuxième fois je redécouvrais un reportage particulièrement touchant sur l’équitation ou la relation que l’on a avec nos amis chevaux plus généralement. Je partage avec vous cette découverte et les réflexions fondamentales qui en découlent.

Un documentaire donc qui bouleverse les pensées, les habitudes et qui remet en question tout ce qui nous paraît étonnement normal. Nous sommes obligé de jeter un regard nouveau sur la relation entre l’homme, le cheval et l’équitation telle qu’elle est pratiquée à travers le monde entier.

Au commencement

Nous suivons d’abord une passionnée d’équitation devenue professionnelle dans le milieu équestre classique en tant que monitrice et cavalière professionnelle. Après avoir lu un bon nombre de livres, elle s’est finalement rendu compte qu’elle s’était éloignée de son but. Sa passion pour les chevaux n’était plus la même que ce que ses souvenirs lui avaient laissés dans son enfance, il manquait quelque chose d’important. Elle décide alors de faire une liste des personnes dans le monde qui ont su développé une relation particulière avec les chevaux et de venir les rencontrer personnellement pour mieux comprendre et s’inspirer d’eux. Elle laisse tout derrière elle et vend son ranch pour partir dans une nouvelle aventure qui lui permettra de retrouver ce qu’elle a perdu jusque là.

Mark Rashid

La première rencontre de ce long voyage est Mark Rashid, un cow-boy qui a choisis d’employer la douceur pour dresser les chevaux. Il nous explique comment il procède en se basant sur le comportement des chevaux sauvages avec un chef : le plus souvent une vieille jument à l’écart du groupe. Le chef est naturellement désigné dans un troupeau, non pas par le cheval le plus autoritaire mais celui qui a le plus d’expérience de la vie, celui qui est le plus fiable. Le dresseur imite ce schéma naturel et doit donc chercher à devenir un leader fiable auprès du cheval qui se placera à ces côtés en confiance et en paix.

Cette approche se différencie du calme obtenu chez le cheval par l’entraînement et la répétition. Placez un cheval dressé de cette façon dans une situation nouvelle et vous serez face à un animal complètement différent de celui que vous avez l’habitude de côtoyer. En employant la douceur vous obtiendrez le calme, la légèreté et la confiance quelque soit l’environnement.

Mark fait allusion au calme extérieur et intérieur, à l’importance d‘avoir un esprit calme pour que les réflexions soient claires. Je pense qu’il fait référence aux émotions, à la nécessité de garder son calme et d’être patient avec le cheval. Trop souvent les émotions interfèrent dans notre pratique de l’équitation et dénaturent nos rapports : stress, peur, colère, frustration…

Carolyn Resnick

51h-r0A+DxLAuteur du livre « Naked liberty » qui n’est malheureusement disponible qu’en anglais. Le livre est une autobiographie de sa jeunesse et de la relation très particulière qu’elle a su mettre en place au prix de longues heures passées auprès des troupeaux de chevaux sauvages.

La chose la plus importante pour elle est de permettre à ses chevaux d’exprimer leurs besoins naturels c’est-à-dire : partager un espace sans rien faire et être ensemble en faisant quelque chose.

Elle évoque ensuite l’importance qu’à eu la musique dans ces rapports avec les chevaux et comment elle s’est rendue compte que les chevaux aussi étaient attentif à la musique. Ce son commun était devenu un espace de communication mutuel entre elle et le cheval. Son approche se base davantage sur le mimétisme qui s’instaure entre elle et le cheval où l’on ne sait plus exactement lequel tente de copier les mouvements de l’autre.

Linda Kohanov

71rADEiJ09LAuteur du livre « Le Tao du Cheval » qui raconte son expérience de communication avec les chevaux par le langage des émotions et ce qu’elle a pu ressentir en prenant le point de vue du cheval.

Cette expérience lui est venue grâce à sa jument Rasa, une pur-sang arabe noire achetée à l’âge de 2 ans qui s’est ensuite révélée inmontable à cause d’une sévère blessure à l’antérieur. Il a fallu que Linda trouve un moyen différent d’être avec son cheval sans pour autant se limiter au travail à pied ou à la longe. Elle y est parvenue en passant de longs moments auprès de sa jument, dans son paddock ou à se promener dans le désert.

L’équitation n’est pas nécessaire pour être dans une relation gratifiante avec un cheval

Elle nous explique ensuite cet instant incroyable, où, en communion parfaite avec son cheval elle a perçu l’émotion de la peur au même moment que son cheval et avec la même intensité. En regardant de quoi il s’agissait elle a pris conscience qu’il s’agissait simplement d’un cycliste. Elle s’est immédiatement détendue, amusée par la situation, ce qui a rassuré également son cheval. Lorsque l’on se trouve en communion avec les chevaux il est facile de communiquer avec eux par les émotions qui se propagent entre les individus immédiatement.

Klaus Ferdinand Hempfling

Klaus accorde beaucoup d’importance aux symboles et à la mythologie. Quelque soit les cultures (celtes, indiens, mayas…) on retrouve toujours 3 choses similaires : il y a le domaine du visible, du matériel mais aussi le domaine de l’invisible quelque soit le nom que l’on peut lui donner et il y a entre ces deux domaines un animal qui se trouve juste à la limite des deux, le cheval.

La présence du cheval nous pousse constamment à devenir meilleur dans notre relation avec lui, à nous surpasser dans notre communication avec lui. Si le cheval tire, pousse, veut aller à gauche quand on veut aller à droite, il nous montre que nous ne sommes pas encore suffisamment en harmonie avec lui.

Alexander Nevzorov

La rencontre avec Alexander est également une prise de conscience de l’abus des cavaliers sur les chevaux ainsi que des moyens de luttes mis en oeuvre pour soumettre l’animal à la volonté de l’homme. Vous connaissez surement cette vidéo de l’école Nevzorov qui a étudié la force qu’exerce un mors dans la bouche du cheval.

Aïe ?

Aïe ?

Alexander énonce un élément très pertinent concernant la physiologie qui nous dirige en premier lieu : c’est l’instinct de survie. Il est donc important de respecter avant tout, nous même la physiologie du cheval en évitant de lui causer de la douleur.

Des études menées en Russie ont révélées que le mors pouvait exercer des pressions sur la bouche du cheval allant jusqu’à 300kg par centimètre carré qui de plus se situe dans une zone fortement innervée. Le poids du cavalier sur le dos du cheval n’est pas non plus sans conséquences puisque d’après les études, au-delà de 15 minutes les tissus du dos sont moins bien vascularisés ce qui conduit à une sensation de fourmillement puis à des lésions dans la structure du muscle dorsal dues à l’anémie causée par le poids du cavalier.

Le constat qui en ressort est alarmant. Nous ne connaissons pas si bien le cheval puisque nous avons encore besoin d’infliger de la douleur pour garder l’animal sous contrôle. L’équitation est-elle vraiment une bonne chose ? Ne vaudrait-il pas mieux tout remettre en question et recommencer autrement ? Qui aujourd’hui est prêt à prendre le temps de redécouvrir le cheval ? Qui aujourd’hui est prêt à abandonner l’équitation ?

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6 commentaires sur “L’équitation a-t-elle perdu son sens ?

  1. Briand dit :

    Très touchée par cette vidéo, qui hélas au fond de moi connaissait ces réponses mais par égoïsmes que nous sommes (humains ) pouvons croire que tout nous ai du , la planète et tous les animaux de cette planète .
    PAUVRES CHEVAUX , PAUVRES ANIMAUX
    PRENDRE CONSCIENCE , sera la clef de toutes ses souffrances animales faites par les soit disant ‘ humain ‘ , je ne pourrai hélas pas changer le monde mais apporter ma Pierre à l édifice en faisant partager cette vidéo !

  2. audereve dit :

    Merci pour ce rappel, j’ai vu ce documentaire il y a quelques temps et j’ai lu entre temps à peu près chacun des hommes et femmes de cheval que la personne a rencontrés… Aujourd’hui, je ne sais pas si c’est suite à ces lectures ou mon cheminement intérieur personnel, ou les 2, mais je n’ai plus cette envie de monter à cheval, le milieu équestre ne me parle plus, je partage mon temps avec mes chevaux à les regarder, les gratter, je clique-carotte pour les éduquer s’il le faut vraiment… Je ne sais pas où ça me mènera, mais je rêve plutôt de cheminer côté à côte sur les sentiers, comme avec un compagnon chien… faut dire que ça me saoule aussi toute la complexité qu’il y a à monter à cheval, entre assiette, aides, légèreté etc… je rêve d’une relation simple avec les chevaux…

    1. Alexandrine Nobis dit :

      Oui je comprends tout à fait ce cheminement et je pense que ce type de relation va devenir de plus en plus courant. En tant que propriétaire, il y a cette envie que le cheval s’épanouisse lui aussi dans sa relation avec nous. On ne veut plus le priver de liberté ni de son libre arbitre, c’est à lui de choisir d’être avec nous.
      C’est une forme de communication avec le cheval plus respectueuse de son être et plus authentique.
      Merci de nous avoir fait partager ton point de vue !

    2. Christina dit :

      Je suis un peu comme toi, audereve! J’ai vu « The Way of The Horse » il y a à peu près deux ans, entretemps j’ai lu « Naked Liberty » de Carolyn Resnick ainsi que son DVD sur les « WaterHole Rituals ». J’ai arrêté de monter ma jument pendant un bon bout de temps aussi, de crainte de lui faire mal au dos, etc. J’allais souvent à l’écurie juste pour lui parler, la brosser, avoir un lien avec elle. Et au lieu de travailler en manège, je lui mettais la laisse et j’allais marcher avec elle dans les trails de randonnée, comme avec un chien! Dans l’écurie où je suis, il y a peu de chevaux (un petit troupeau de 9 individus) mais chacun aime « son travail »; ils ont toute la liberté qu’ils veulent à l’extérieur mais ce sont des vrais pots de colle qui s’obstinent à venir souvent dans la porte de l’écurie pour avoir de l’affection et se promener avec leur cavalier. Il faut dire que ces chevaux sont très bien traités, aucun traumatisme, aucune frustration (liberté, foin, eau, congénères équins en permanence, vie en troupeau, etc.) Parfois ils vont en randonnée 2 ou 3 heures une journée, et ils en redemandent le lendemain, parce qu’aussitôt qu’un humain apparaît dans la porte de l’écurie, il y en a toujours un qui délaisse les amis pour coller dans la porte! J’avoue que desfois je ne sais plus…

  3. Marty dit :

    merci pour ces réflexions qui peuvent ouvrir des prises de conscience chez les cavaliers ou les amoureux des chevaux qui hésitent à changer par peur du regard des autres!

    1. Olivier du Roy de Blicquy dit :

      c’est une courageuse reflexion et je vous remercie de l’avor citée
      le cavalier pense que le cheval « n’est » que l’prolongement ( voir)l outil de son ego
      la generositée quasi illmitée du cheval fait que l’on est trop souvent  » inconscient  »
      et souvent pas a la hauteur de ce rapport ( ce qui est parfaitement injuste)
      en prenant de l’age j’a commencé a me faire a cette tres genante prise de conscience.
      changer du tout au tout n’est pas chose facile…
      un jour j’ai vu un cavalier( cousin de mon coach) il avais peur a l’obstacle et ne voulais pas sauter haut
      MAIS il avais une main de soie les chevaux natuerellement se grandisait s’arrondisait devenais souple
      et s’autait les obstacle rond repondissant utilant leurs dos un vrai regal a voir
      pas de longue sceances tout en douceur sans contrainte ni tirade
      l’image ma marquee a tout jamais et mon but est d’arriver a la meme chose
      le probleme de la communication est dans la tete du cavalier….
      j’obtiens des resultat considerable en montant avec un « walk man »
      j’obtiens ainsi une meilleure tonicitée est souplesse des muscle tout en etant parfaitement decontracté ..j’ai l’impression que mes mains sont l’extension de la bouche du cheval
      que mon corps fait intégralement partie du cheval … le temps est remplacé par la sensation
      c’est divin.. on exige rien on suggere..si cela ne viens pas aucune frustration ,prend place
      pour rien au monde on voudrai créé un desaccord , une tension au risque de porter ombrage
      au bonheure du resentir
      les sceances sont courtes 15 /20 minutes au plus
      je les gates pour compensér ma mauvaise conscience ( j’ai 4 vieux chevaux descendant
      dune jument que j’avais j’ai aoujourdhui deux petit enfants de 3 et six ans..
      ils sont toute le journee sur une prairie de 3 hectares ils ont des boxes ouvert mais ne rentrent quasi jamais
      Il a fallu 5 siécle pour arreter l’esclavage des africains..il faudra bien 20 siecle
      pour arreter l’esclavage ehonté des chevaux ..
      la prise de conscience est lente mais elle fait son chemin.. je pense que bien d’autres prise de conscience sont encore a realisée pour meriter la denomination Humain

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