On recule sa jambe, les hanches dérapent immédiatement mais impossible de garder la cadence : le cheval ralentit tellement qu’il passe à l’allure inférieure ou qu’il s’arrête. Mais il y a aussi le scénario inverse où le cheval prend de la vitesse et de l’amplitude dans le déplacement latéral mais il pèse à la main et s’effondre dans ses épaules. Les déplacements latéraux sont très bénéfiques mais à la seule condition qu’ils soient bien réalisés. Nous allons voir quelques indices qui vous aideront à mieux juger et comprendre les déplacements latéraux de votre cheval.
D’abord une question d’équilibre
Tout mouvement réalisé latéralement est plus difficile qu’un mouvement en ligne droite. Les abducteurs et adducteurs des épaules et des hanches sont sollicités de façon plus importante. Plus on augmente l’amplitude et plus cela est difficile pour le cheval qui n’en a pas l’habitude.
Pour bien réaliser un déplacement latéral, peut importe lequel, il faut déjà que le cavalier ait conscience de l’équilibre de son cheval et qu’il sache différencier un mouvement juste d’un mouvement produit dans le déséquilibre. Un peu comme quand on différencie un départ au galop par prise d’équilibre avec l’avant-main qui monte dans le galop de celui produit par déséquilibre lorsqu’il tombe dans le galop en accélérant.
Dans le mouvement latéral, comme il n’y a pas de changement d’allure, la sensation d’équilibre est forcément différente. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’amplitude du croisement n’a rien à voir là-dedans puisque c’est la juste répartition de poids entre l’épaule droite / gauche et entre l’avant-main et l’arrière-main qui définit la justesse du mouvement. C’est une notion assez subtile et difficile à ressentir au premier abord mais qui est essentielle pour évaluer la justesse du mouvement.
Et si le mouvement n’est pas juste ?
Un déplacement latéral dans lequel le cavalier ne fait pas attention à l’équilibre de son cheval n’apporte aucun bénéfice ni à l’un ni à l’autre.
Quels critères pour bien réaliser un déplacement latéral ?
Il y a différents critères à prendre en compte mais commençons d’abord par les critères habituels qui permettent de juger de la bonne exécution d’un déplacement latéral tel qu’on le souhaite généralement :
- Incurvation incorrecte
- Inclinaison incorrecte (angle formé par le corps du cheval par rapport à la piste)
- Amplitude et croisement des membres insuffisante
- Manque d’activité des postérieurs
- Entablement lorsque les hanches précèdent les épaules
Maintenant, tous ces critères peuvent être respectés sans pour autant que votre cheval n’en retire de réels bénéfices. Les déplacements latéraux ont beau être réputés pour donner de la force et de l’équilibre aux chevaux, si vous laissez votre cheval peser à la main, précipiter ou dans une attitude trop basse le mouvement ne pourra pas être juste et encore moins bénéfique.
Les idiots s’extasient devant l’amplitude des foulées mais les réels connaisseurs restent sceptiques face à cette illusion.
Il y a donc d’autres critères à prendre en compte pour évaluer les déplacements latéraux de son cheval et qui vous permettront de comprendre comment le cheval exécute réellement l’exercice que vous lui demandez. Bien sûr tous ces critères sont variables d’un individu à l’autre principalement en fonction du niveau de dressage, de l’âge, de l’équilibre, de sa musculature…
Généralement on observera les signes suivants que nous détailleront ensuite :
- Un ralentissement de la cadence de l’allure
- Une modification de la hauteur de nuque et du contact avec la bouche du cheval
- Un appui fort sur une des deux épaules, quand c’est l’épaule externe il est difficile de reprendre le cercle ou de marcher droit, quand c’est l’épaule interne on manque de croisement dans les membres
- Une irrégularité de l’allure (même sensation que pour une boiterie)
Comprendre comment améliorer les déplacements latéraux
Pourquoi mon cheval ralentit dans les déplacements latéraux ?
Ce n’est pas mauvais signe d’avoir un cheval qui ralentit dans un déplacement latéral, c’est même tout l’inverse. Le ralentissement manifeste en réalité une prise d’équilibre et un transfert de poids sur l’arrière-main. Si le cheval n’est pas suffisamment musclé dans ce sens là, la modification de son équilibre vers les hanches lui demande un effort auquel il n’est pas habitué.
Si vous forcez votre cheval à prendre de l’impulsion dans ses déplacements latéraux alors qu’il a tendance à ralentir vous vous exposez au risque de détériorer son équilibre et de le mettre sur les épaules. C’est ce qu’il finira par faire puisqu’il n’est pas capable de garder cette qualité d’équilibre avec une cadence plus importante.
Votre meilleur allié dans ce cas c’est de vous armer de patience et de multiplier les enchaînements de déplacements latéraux pour assouplir et muscler votre cheval.
Pourquoi mon cheval modifie sa hauteur de nuque et le contact sur les rênes ?
Encore une fois il y a deux cas de figure, l’une figurant un excès d’équilibre et l’autre pour le manque d’équilibre.
Une encolure qui remonte dans son ensemble manifeste une prise d’équilibre et un transfert de poids sur l’arrière main alors que si elle descend, le cheval charge ses épaules.
Pour le contact sur les rênes c’est beaucoup plus subjectif et difficile à déterminer car souvent ce sont vos aides qui sont en cause.
Dans tous les cas, il faudra impérativement éviter que votre cheval pèse soudainement sur les rênes ce qui aurait pour conséquences de mettre encore du poids sur les épaules ou qu’il se mette en arrière de la main.
Le contact peut être travaillé en dehors des déplacements latéraux et il ne doit pas changer lorsque le cavalier change d’exercice. Attention aux actions de mains et aux bras qui bloquent le balancier du cheval et peuvent provoquer des défenses.
Pourquoi mon cheval s’appuie / fuit sur son épaule ?
La meilleure image pour illustrer le cheval qui se déplace latéralement en s’appuyant sur une de ses épaules ?
C’est celle du poney shetland qui à un moment donné décide de prendre le contrôle de la situation. Le pauvre cavalier a beau vouloir enrailler cette malheureuse initiative en lui tournant la tête dans la direction opposé, le poney baisse la tête, s’appuie encore davantage sur son épaule et continue d’accélérer et de tourner sans s’occuper de son cavalier.
Le danger quand on demande un déplacement latéral c’est d’avoir justement le cheval qui met tout son poids sur une de ses épaules et se laisse entraîner latéralement par son propre poids au lieu de se tenir et de se propulser avec ses postérieurs. Vous comprenez bien qu’une telle habitude est très facile à mettre en place pour le cheval et qu’elle ruinera complètement les bénéfices supposés du déplacement latéral.
Pour résoudre ce type de difficulté le cavalier peut monter verticalement et sans tirer sa main du côté de l’épaule surchargée pour aider le cheval à se redresser et au besoin, réduire son amplitude.
Les déplacements latéraux sont très bénéfiques et importants pour l’assouplissement et la musculation du cheval, oui mais à condition qu’ils soient bien réalisés et qu’ils permettent au cheval de reporter du poids sur son arrière-main. Avec ces quelques explications vous ne pourrez plus passer à côté d’une faute d’équilibre et vous vous rendrez compte qu’il y a toujours matière à peaufiner les déplacements latéraux. C’est en commençant sur ce type de travail que vous pourrez un jour aborder le rassembler.
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