Je dirais qu’il n’y a pas un seul type de travail pour un cheval. En rĂ©alitĂ© on distingue diffĂ©rents types de travail avec des objectifs et des rĂ©sultats diffĂ©rents. La proportion et l’intensitĂ© de chaque type de sĂ©ance est le prĂ©curseur de la condition physique et du niveau technique du cheval. Quelles sont ces diffĂ©rents types de sĂ©ance ?
Le travail de fond
Plus connu sous le nom de trotting, il sert Ă amĂ©liorer la rĂ©sistance physique du cheval Ă l’effort et booste sa capacitĂ© de rĂ©cupĂ©ration. Aucune attitude particulière n’est demandĂ© car nous recherchons Ă muscler le coeur, amĂ©liorer la capacitĂ© respiratoire et renforcer la musculature gĂ©nĂ©rale. Vous pouvez demander une attitude basse si votre cheval est dĂ©jĂ suffisamment musclĂ© et habituĂ© Ă tenir cette attitude. Il se prĂ©sente sous forme de trotting ou de galopping Ă faible allure, maintenu constamment durant une durĂ©e dĂ©terminĂ©e. L’avantage du trotting est essentiellement qu’il est abordable y compris pour des chevaux ayant très peu de condition physique et que cette allure est parfaitement symĂ©trique. Le galopping en revanche est dans l’ensemble beaucoup plus physique pour le cheval car il sollicite davantage les muscles de l’arrière-main. Il peut ĂŞtre intĂ©ressant pour amĂ©liorer l’Ă©quilibre du cheval en douceur.
L’apprentissage
L’apprentissage correspond aux sĂ©ances qui intègrent des nouveaux exercices Ă pied ou montĂ©. Ce type de sĂ©ance cause principalement une fatigue intellectuelle. On utilise ces sĂ©ances avec les jeunes chevaux au moment du dĂ©bourrage et durant toute la pĂ©riode qui le suit notamment s’il est destinĂ© Ă la compĂ©tition. En principe, avec l’âge ce type de sĂ©ance finit par totalement disparaĂ®tre hormis pour les chevaux qui sont reconvertis Ă une autre discipline comme les chevaux de course rĂ©formĂ©s.
Le perfectionnement
Après les sĂ©ances d’apprentissage viennent naturellement les sĂ©ances de perfectionnement qui, comme leur nom l’indique, servent Ă amĂ©liorer un mouvement en particulier que ce soit dans l’exĂ©cution, la prĂ©cision, la lĂ©gèretĂ©, la fluiditĂ© du mouvement et ainsi de suite… Attention cependant Ă ne pas en abuser : Ă©tant donnĂ© le ciblage très spĂ©cifique de ces sĂ©ances, il est impĂ©ratif de ne pas se focaliser trop longtemps sur un mĂŞme exercice car cela solliciterait trop fortement les mĂŞmes groupes musculaires et donc causer des courbatures voire des crampes ou des myosites.
Les séances « détente »
Il peut s’agir de sĂ©ances Ă pied ou montĂ© sans recherche de progression ni de perfectionnement. L’objectif n’est donc pas d’obtenir une progression ni une amĂ©lioration entre le dĂ©but et la fin de la sĂ©ance. Le seul but ici est de remotiver et de stimuler le moral du cheval ainsi il prendra plus de plaisir Ă travailler et sera d’autant plus disponible pour progresser. De quel type de sĂ©ance s’agit-il exactement ?
Tout dĂ©pend de ce que vous savez faire. Si vous aimez jouer avec votre cheval en toute libertĂ©, faire une petite promenade tranquille en forĂŞt ou simplement une sĂ©ance de « rĂ©vision » en privilĂ©giant les exercices que le cheval aime bien faire tout en le fĂ©licitant abondamment. Faites ce que vous savez faire et ce qui devrait plaire Ă votre cheval et renforcer votre lien avec lui. Si vous ne savez pas ce que votre cheval aime il suffit d’essayer quelque chose et vous verrez le lendemain si ça lui a plu suivant l’accueil qu’il vous rĂ©servera. Justement j’ai une petite anecdote Ă ce sujet :
Je monte tous les jours une jument de polo qui est rĂ©cemment passĂ©e du prĂ© au box. Je sors avec elle tous les jours pour qu’elle ne reste pas constamment enfermĂ©e, simplement 20 minutes de pas en forĂŞt. Rien de bien fatiguant par rapport Ă ce qu’elle a l’habitude de faire. Lorsqu’elle joue les match en soirĂ©e, j’ai du mal Ă lui mettre la selle et le filet : elle essaye de m’Ă©viter. Son tempĂ©rament calme et gentil fait qu’elle s’exprime assez timidement et tout le monde ne le remarque pas. Depuis quelques temps elle sait que les sorties en forĂŞt se font le matin et au moment de la prĂ©paration elle prend immĂ©diatement son mors et marche d’un bon pas.
Je pense que ce type de séance est aussi important que les deux autres particulièrement avec un cheval qui a terminé son apprentissage et qui travaille à bon niveau ou dont le travail est répétitif. Malheureusement, encore trop peu de personnes les pratiquent car elles sont considérées comme une perte de temps.
Savoir s’adapter
Encore une fois le mot d’ordre est l’observation ! Observez votre cheval pour savoir ce dont il a besoin. Est-ce qu’il a le moral ? Est-ce qu’il a une bonne condition physique ? A-t-il des lacunes d’apprentissages Ă combler ou est-il simplement en « rĂ©vision » de ce qu’il sait dĂ©jĂ faire ? Quel est votre objectif ? Voulez-vous atteindre un certain niveau ou rĂ©sultat en concours ou simplement profiter de la relation privilĂ©giĂ©e qui s’est créée avec votre cheval ?Vous devez choisir le type de sĂ©ances et leur rythme selon votre cheval (âge, condition physique, moral, humeur, caractère…) et vos objectifs.
Racontez-moi comment vous organisez ces diffĂ©rents types de sĂ©ances pour votre cheval. Est-ce que vous les utilisez toutes ? Qu’attendez-vous de votre cheval ?
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4 Responses
Chouette synthèse ! J’avais dĂ©jĂ entendu que l’accueil que nous rĂ©serve le cheval a un lien avec la sĂ©ance de la veille ! Pour ma part, je l’ai souvent vĂ©rifiĂ©. Mais les signes sont parfois si lĂ©gers qu’on pourrait croire avoir rĂŞvĂ©…
Bonjour,
Lorsque mon cheval vivait en boxe, juste le fait de sortir du boxe le rendait « moins malheureux »… Mon arrivĂ©e aux Ă©curies Ă©tait accompagnĂ© d’un long hennissement et une impatience de sortir ! Quoi qu’on fasse !
Depuis avril il est au près! Depuis il ne m’acclame plus quand j’arrive 🙂 C’est un cheval de sport donc il continue Ă travaillĂ©, je remarquais bien que dernièrement (il a repris sĂ©rieusement le boulot, il paraissait moins « pressé » de sortir! Cela fait 3 jours que j’enchaine les rando avec le gros, bien-sur je n’ai pas retrouvĂ© le cheval qui m’attendait avec impatience ( pas fou l’animal il a des copains, du foin Ă volontĂ© et peut gambader autant qu’il veut) mais il a remis la tĂŞte dans le licol tout seul comme il le faisait avant… bref il fait plus froid, il n’y a plus d’herbe et on fait de la balade, je commence enfin Ă redevenir intĂ©ressante Ă ses yeux ^^
Bonjour,
J’ai 2 chevaux : une ponette qui va bientĂ´t avoir 20 ans et un ibĂ©rique de 8 ans.
La ponette a Ă©tĂ© achetĂ©e Ă un propriĂ©taire qui partait Ă l’Ă©tranger et l’ibĂ©rique au club oĂą je prends des cours car il faisait des tendinites Ă rĂ©pĂ©tition et Ă©tait laissĂ© « livrĂ© Ă lui-mĂŞme »…. et comme je n’ai pas l’intention de faire de concours en tout genre… il Ă©tait « parfait » pour moi si on oublie que je suis une dĂ©butante en Ă©quitation.
Mon ibérique :
Dans les premiers temps, je ne pouvais l’attraper au prĂ© qu’avec des friandises car il avait assimilĂ© que quand on allait le chercher c’Ă©tait pour travailler.
En 1 mois, je n’avais plus besoin de friandises car j’allais le chercher pour tout ou n’importe quoi : pour le faire brouter, pour le panser, pour le travailler en libertĂ© ou pour le monter ….. Il ne savait jamais Ă quoi s’attendre donc sa curiositĂ© (je pense) l’emportĂ©e. Aujourd’hui, je place le licol devant lui et j’attends qu’il descende un peu la tĂŞte pour lui mettre.
Maintenant, je pense qu’il commence Ă me faire confiance (après plus d’un an) car il y a eu plusieurs signes :
En libertĂ© dans le manège, quand il a envie de se dĂ©fouler un peu, il s’Ă©loigne de moi ce qui n’est pas le cas avec d’autres personnes. Une fois, j’Ă©tais avec un moniteur de voltige qui le titillait, mon gros n’a pas pris de prĂ©caution et Ă donner un coup de cul proche du moniteur.
Je dĂ©mĂ©nage bientĂ´t, le transporteur est venu pour un premier contact. Mon dadou a commencĂ© Ă monter dans le camion sans problème. Le transporteur m’a demandĂ© de me mettre de l’autre cĂ´tĂ© pour pouvoir attraper la chaine de sĂ©curitĂ© ; Quand mon cheval a vu que je me dĂ©placais, il a commencĂ© Ă faire marche arrière ; donc je me suis pressĂ©e de changer de place et quand il a vu que j’Ă©tais lĂ , il a continuĂ© de monter sur le pont.
Ce matin, je l’ai retrouvĂ© en dehors du prĂ©, en libertĂ© dans les Ă©curies…. J’ai eu la flemme (j’avoue) d’aller chercher un licol pour le ramener au prĂ©…. Alors j’ai tentĂ© de le ramener en libertĂ© (chose que je n’aurais jamais essayĂ© de faire il y a quelque temps) : j’ai juste posĂ© ma main sur sa crinière et je lui ai dit « viens » il m’a suivi. J’ai ensuite enlevĂ© ma main pour voir ce qu’il allait faire… il a continuĂ© Ă me suivre.Il a attendu que j’ouvre la clĂ´ture et il est rentrĂ© tout seul dans le prĂ©.
Je peux maintenant lui curer les pieds dans le prĂ© sans qu’il bouge et je n’ai rien fait de spĂ©cial pour cela. Je le regarde vivre sa vie de cheval dans son prĂ©. S’il vient, tant mieux, s’il ne vient pas, tant pis. Dès fois je ne m’occupe mĂŞme pas de lui, je viens pour faire le tour des clotures, voir si tous les rubans sont en place ou s’il n’y a rien de dangereux pour lui. Il finit pas venir voir ce que je fais.
Ma ponette :
Elle m’a appris tellement de choses que je ne la remercierai jamais assez.
Quand on est dĂ©butant, on ne s’aperçoit pas forcĂ©ment du mal qu’on peut faire Ă un cheval que l’on monte.
j’Ă©tais trop dure dans mes mains, je lui faisais mal Ă la bouche sans m’en rendre compte (c’est aussi une question d’Ă©ducation Ă©questre je pense, je reviendrais dessus), elle m’a appris Ă ĂŞtre plus lĂ©gère. Avant qu’elle n’arrĂŞte de travailler pour cause de suspicion de gestation, je pouvais la monter en reprise avec 2 doigts sur les rennes et pourtant c’est une ponette extrĂŞmement dominante.
Elle est très patiente aussi mais sa patience a des limites, donc elle m’a appris Ă ne demander un exercice que 2 ou 3 fois et ensuite de passer Ă autre chose. Par exemple, on apprenait les hanches en dedans. Sauf que mes aides n’Ă©taient pas bien placĂ©es donc elle ne faisait pas ce que j’attendais. Elle essayait quelque chose, les oreilles tournĂ©es ver moi en « me disant » : « c’est ça que tu attends ? » Non ce n’est pas ça. On recommencait avec les aides « plus justes » : « ah c’est ça que tu veux ? » Toujours pas… A la 3ème fois, le comportement de ma ponette changeait « tu fais ch…, tu attends quoi de moi ? » et lĂ on arrĂŞtait car je ne veux pas rentrer dans une Ă©preuve de force avec un cheval. Donc « c’est pas grave, on recommencera plus tard » et zou on fait autre chose.
Je sais que l’incomprĂ©hension vient de moi car elle a fait du CCE pendant des annĂ©es, donc elle connait très bien les airs de basses Ă©coles…. Elle attend que je sois plus juste dans mes demandes.
C’est Ă©galement une ponette qui me donne confiance car elle n’a pratiquement peur de rien. Donc c’est pratiquement elle qui me dit « t’inquiète, il n’y a rien » quand je stresse un peu en balade. Quand je la vois dĂ©tendue, ça me dĂ©contracte.
VoilĂ tout ça pour dire que pour moi, l’Ă©quitation ne s’arrĂŞte pas Ă monter sur le dos d’un cheval et de lui faire faire des airs de basses ou hautes Ă©coles….
L’Ă©coute, la comprĂ©hension et le respect du cheval devraient faire parti du monde Ă©questre.
Voir un travail en libertĂ© m’extasie plus qu’un cheval avec 2 mors dans la bouche, complètement soumis, Ă faire un piaffĂ© ou un pas espagnol.
Je ne vais pas faire mon laĂŻus sur les centres Ă©questres car j’en aurai long Ă dire sur celui dans lequel sont mes chevaux actuellement….
Bonjour Gaelle,
Je suis totalement d’accord avec toi. La relation avec le cheval est loin de se limiter Ă monter sur son dos. La complicitĂ© que tu as dĂ©veloppĂ© avec tes chevaux est superbe et tu verras qu’en progressant en Ă©quitation tu auras la mĂŞme complicitĂ© et la mĂŞme justesse dans tes aides.
Tu sais l’Ă©quitation dans la plupart des centres Ă©questres et en compĂ©tition n’est pas un exemple Ă suivre. On y voit rarement un cheval qui se plaĂ®t Ă exĂ©cuter des changements de pieds au temps ou des transitions piaffer passage ou mĂŞme des choses bien plus simples.
Je te conseille de t’intĂ©resser au grands Ă©cuyers comme Baucher ou Nuno Oliveira, tu verras que dĂ©jĂ Ă cette Ă©poque ils recherchaient la complicitĂ© avec le cheval plutĂ´t que la domination.
Il est plus facile d’obtenir un cheval Ă©panouis en travail en libertĂ© que montĂ© mais l’inverse est possible seulement c’est moins visible et seul un oeil aguerris sait faire la diffĂ©rence.