Pourquoi recherche t-on toujours cette position verticale du chanfrein ? Pourquoi certains ne jurent que par l’extension d’encolure ? Quelle position d’encolure du cheval adopter pour l’assouplir et le muscler ?
La position naturelle du cheval
Avant d’entrer dans toute la palette de positions de l’encolure plus ou moins artificielles je préfère parler d’abord de la position naturelle de l’encolure du cheval qui a elle aussi son intérêt. C’est la position que votre cheval prend naturellement lorsque vous le laissez rênes longues. Quel est la particularité de cette position ?
C’est la position qui demandera le moins d’effort au cheval et c’est aussi la moins néfaste pour lui. L’horizontalité de l’encolure n’engendre ainsi pas de zones de compressions excessives puisque c’est la position du milieu. Il n’y a pas de travail particulier de musculation ou d’assouplissement avec cette position. En laissant rênes longues on permet au cheval de choisir la position de son encolure en fonction de ce qui est le plus confortable pour lui.
Pour moi c’est la position d’encolure idéale pour la mise en route durant la détente ainsi que toute la phase de récupération après l’effort ou entre deux exercices.
J’aime également laisser l’encolure libre lors des trotting ou galoping qui sont souvent plutôt longs et dont l’objectif est d’améliorer les capacités pulmonaires et cardiaques et non de rechercher un mouvement ou une position particulière qui solliciterait les muscles durant une trop longue période de temps.
L’extension d’encolure
Les pratiquants de l’extension d’encolure lui attribuent de nombreuses qualités et avantages. Je vais garder un point de vue objectif et purement biomécanique. Cette fois encore on peut dire que l’extension d’encolure est plutôt naturelle bien qu’elle ne soit pas pratiquée à l’état naturel par le cheval au trot ni au galop. Quels sont les effets de l’extension d’encolure sur la biomécanique ?
- Surcharge de l’avant main par la position très basse de l’encolure
- Étirement du ligament nuchal et supra-épineux
- Étirement des muscles du dos et de l’arrière-main
- Montée du dos facilitant le port du cavalier
Par ses nombreuses qualités d’étirement du dos et de l’arrière-main, l’extension d’encolure doit être utilisée principalement dans une optique d’assouplissement et de récupération ; c’est un peu comme les étirements d’un gymnaste qui souhaite faire le grand écart.
Je rappelle que lorsque l’on étire un muscle, on ne le muscle pas. Pour le muscler il faut le contracter. Donc pour muscler le dos de votre cheval, l’extension d’encolure n’est clairement pas la meilleure option.
Le cheval ramené
Il existe tellement de termes différents pour désigner la position du chanfrein à la verticale qu’il m’est difficile de trouver un terme qui conviendra à tout le monde. Donc par « ramené » j’entends bien sûr un chanfrein à la verticale ou en avant de la verticale (jamais en arrière de la verticale) avec une nuque qui doit être le point le plus haut. Tous les défauts de contact avec la main (bat à la main, lourd dans la main, arrache les rênes, en arrière de la main) ainsi que l’absence avérée de décontraction dans cette position (pas de cessions de mâchoire) ne permettront pas à votre cheval d’en tirer tous les bénéfices.
Sans cette décontraction, le cheval ne travaille pas en champs détendu, il est alors crispé et retenu dans une attitude fausse imposée par la contrainte des aides ou d’un enrênement. Je ne rentrerais pas davantage dans les détails ici car ce qui nous intéresse ce sont surtout les conséquences biomécaniques d’une telle posture. Mais vous en saurez davantage en lisant mon petit livre sur le travail du cheval dans le respect de son bien-être.
Quels sont les effets de la position placée ? Il faut noter que c’est une position plutôt relevée mais qui n’atteint pas non plus les limites physiques du cheval et qui facilitera ainsi le report du poids vers l’arrière-main et l’engagement des postérieurs. Nous avons donc là une position qui a pour vocation de muscler le cheval dans son ensemble en lui donnant la possibilité d’utiliser toutes ses capacités en vue d’atteindre un équilibre davantage vers les hanches.
Pour être toujours dans une attitude juste et bénéfique pour votre cheval, vous devez chercher à ce que votre cheval pousse sur son frontal vers l’avant. Si vous voyez la têtière revenir vers votre visage, ce n’est pas bon.
Les attitudes néfastes
Toutes les autres positions qui ne sont pas décrites ici sont néfastes pour la locomotion du cheval car elles atteignent souvent les limites physiques du cheval ce qui sous-entend par exemple la compression excessive des cervicales pouvant causer des lésions irréversibles ou encore un risque de déchirure du ligament nuchal ou supra-épineux qui compromettra la locomotion du cheval de façon irréversible.
Dans les positions néfastes on trouve bien sûr le rollkür qui fait parler de lui depuis plusieurs années quand aux conséquences réelles de son utilisation physiques et morales. On reconnaît le rollkür par la position de la tête du cheval complètement collée au poitrail et maintenu dans cette position par la force. Plus fréquemment on voit une variante du « bas et rond » à mi chemin entre le rollkür caractérisé par un enroulement de l’encolure un peu est moins poussé mais tout aussi néfaste. Ces attitudes ne permettent pas un bon engagement des postérieurs et provoquent des douleurs au niveau des premières et dernières cervicales et du dos.
Ensuite on trouve aussi le « plaqué », il est bien moins courant (la mode est à l’enroulement) mais tout aussi néfaste puisqu’il comprime fortement les 2 premières cervicales. C’est une sorte de placé obtenu de façon incorrecte en tirant sur la bouche du cheval pour qu’il ramène son chanfrein tout en conservant l’encolure dans une position haute ce qui donne une encolure très étriquée. Vous pouvez très facilement comparer les mauvaises positions de la bonne avec les photos ci-dessous.
Voilà, je pense avoir fait le tour des positions de l’encolure pour la musculation et l’assouplissement du cheval. Pour le mot de la fin, j’ajouterais que l’alternance des différentes positions permet d’obtenir une musculation de l’encolure et des épaules homogène. Bien sûr ne négligez pas le travail de l’arrière-main et de tous le reste du corps du cheval, conservez l’harmonie et la légèreté des aides.
Prochainement nous verrons l’assouplissement et la musculation du cheval dans l’incurvation et les déplacements latéraux.
Mis à jour le 14/12/2020
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7 Responses
Bonjour !
Je ne sais pas si mon message à sa place ici ou dans la rubrique sur les transitions mais ma question repose sur les deux (il fallait bien faire un choix ^^)
Je travaille mon cheval en dressage de tel manière à l’assouplir et muscler son dos. Les photos que l’on a pu prendre quand mon cheval travaille me réconforte sur la position correcte de l’encolure. Néanmoins lors des transitions descendantes ( et non ascendantes) je perds le plie et mes transitions ne sont pas franche. Je pense d’ailleurs que c’est le fait que la transition n’est pas franche qui provoque la perte du pli. Comment pourrais je faire pour régler ce problème ? Auriez-vous des conseils sur des exercices qui me permettrait de faire des transitions sans perdre le plis ?
Bonjour Amélie,
Je suppose que par « pli » tu parle de mise en main de ton cheval. Il faut travailler la franchise de la transition séparément de ta mise en main. L’idéal est que tu travailles sur tes transitions pour les obtenir avec l’assiette et un simple redressement du buste. Quand ces transitions seront franches et légères (sans nécessiter d’appui sur le mors) tu pourras travailler séparément la mise en main.
Pour la mise en main commence par vérifier que tu as l’attitude souhaitée aux 3 allures puis dans les extrêmes de ces 3 allures : du plus ralenti au plus allongé le cheval doit rester dans ta main. Lorsque tout cela sera acquis je pense que tu ne rencontreras plus de problèmes…
Pour les transitions comment obtenir une transition déscendante franche sans arracher la bouche de mon cheval ?
Merci pour tous les conseils.
Ps: Ton blog est vraiment géniale
Pour t’aider dans les transitions descendantes tu peux profiter des lisses de la carrière ou du manège pour t’arrêter. En arrivant sur le grand côté en s’arrêtant dans le coin ou en effectuant un doubler et en t’arrêtant face à la lisse. Les variantes sont infinies…
Tu peux renforcer ton action en récompensant abondamment lorsqu’une transition te semble très réussie et accorder une petite pause à ton cheval pour qu’il l’assimile.
Je pense qu’avec tout ça tu as de la matière pour travailler 😉
Merci.
J’essaierai ça dès on prochain entraînement au plat.
Bonjour,
Ma jument est en hackamore et je ne sais pas comment faire pour la muscler car elle n’est pas très jeune et assez craintive (d’où l’utilisation de l’hackamore..) Auriez-vous des conseils ?
merci
laetitia
Bonjour,
Pour moi, le hackamore peut être utile sur un cheval déjà dressé et qui connaît les codes. Si ce n’est pas le cas, je pense que vouloir envisager un travail précis sur l’attitude de l’encolure est une mauvaise idée.
Le hackamore est un outil avec un levier très puissant, plus dur qu’un mors, il n’est pas conçu pour avoir un contact sur les rênes car ça exercerait une pression forte et permanente sur le nez. Il s’utilise plutôt avec des rênes longues en n’agissant que pour changer de direction comme en randonnée ou en western.
Mon conseil ? Travailler l’habituation au mors par les cessions de mâchoires et flexions d’encolure. Je ne connais aucun cheval qui ne l’accepte pas de cette manière.