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Quand le dressage donne l’illusion de la complicité

Être complice avec son cheval c’est toujours un rêve, un désir que l’on nourrit au fond de soi. Mais nous sommes tellement différents des chevaux qu’il est difficile de les comprendre et de savoir comment les intéresser et développer une relation complice avec eux. Commençons déjà par voir ce qu’est la complicité, à ne pas confondre avec un dressage très abouti.

Qu’est-ce que la complicité ?

La complicité avec un cheval est une entente réciproque entre le cheval et son cavalier. Cette entente suscite chez les deux protagonistes une sensation de bien-être et de plénitude.

Bien sûr on ne parle pas simplement du bien-être animal qui se résume à la bonne santé et à subvenir aux besoins primaires (nourriture, eau et abri). Ici on parle davantage d’un état psychique lié à l’harmonie de la relation cheval-cavalier. Cet état repose idéalement sur une base de compréhension mutuelle, de coopération voire même d’amitié.

Comment savoir si mon cheval se sent bien avec moi ? C’est une question essentielle à laquelle il est très difficile de répondre objectivement. Il faudrait pour cela d’abord un regard extérieur sur l’ensemble de la relation entre une personne et son cheval pour bien comprendre sur quoi est basée cette coopération.
Pour être objectif il faut avoir suffisamment de connaissances sur le comportement du cheval qui nous permettront de déceler des signes de bien-être ou à l’inverse une absence totale de signaux de stress ou d’inconfort. N’oublions pas l’origine de nos chevaux et leur génétique qui en a fait des proies en bas de l’échelle alimentaire. Le cheval est donc emprunt d’un grand nombre de mécanismes développés pour sa survie ce qui en fait l’un des animaux les plus difficiles à dresser.

Différencier dressage pur et complicité

Vous avez tous vu une de ces vidéos qui font pâlir d’envie n’importe quel cavalier. Un cheval qui s’exprime en totale liberté aux côtés d’une personne qui semble ne rien faire ou presque. Et pourtant je ne m’avancerais pas à appeler ça de la complicité. Pourquoi ?

Parce qu’en général dans une vidéo les éléments sont montrés sous leur meilleur jour et il est facile de donner l’illusion d’une relation parfaite en choisissant une musique épique et en coupant les mauvaises séquences où le cheval est en défense.

Pour pouvoir vraiment parler de complicité je pense qu’il faut avoir une vision d’ensemble de l’évolution de la relation entre quelqu’un et son cheval et pouvoir le regarder avant et après le travail, au quotidien quoi ! Et puis, il faut aussi avoir l’œil aguerri pour être capable de reconnaître sur ces quelques instants dévoilés les signes de bien-être chez le cheval ou à l’inverse les signaux de stress et d’inconfort.

Vous prenez n’importe quelle vidéo de travail en liberté plus ou moins abouti et vous verrez d’abord un cheval très bien dressé, fruit de nombreuses années d’efforts et de travail pour parvenir à la fois à ce niveau de dressage et à la fois à cette discrétion des aides.

La véritable liberté, la véritable complicité pour moi c’est celle où vous n’avez pas besoin de créer des comportements ou des conditionnements pour faire des choses avec votre cheval. C’est celle où vous n’avez pas besoin de harceler votre cheval ou de le contraindre en lui faisant faire une chose qu’il n’aime pas justement pour qu’il vienne vers vous.

Ce que vous voyez sur ces vidéos ou sur internet en général ne représente donc pas forcément la réalité et encore moins la quantité de travail nécessaire pour en arriver à ce résultat. En fin de compte il est facile de dresser un cheval et de lui apprendre des tours pour donner l’impression qu’il y a une belle relation de complicité alors qu’en réalité il n’en est rien.

Cette vidéo connue l’illustre bien, on voit une cavalière et son cheval en liberté jusqu’au moment où elle reçoit un coup de pied en pleine tête. Pourtant pour un amateur assez néophyte l’illusion de la complicité est parfaite. Bien sûr c’est un cas extrême mais globalement, méfiez-vous des apparences.

La complicité à votre échelle

Ne vous comparez pas

Dans la vidéo ci-dessus, le dresseur est un professionnel du spectacle équestre. Il consacre plusieurs heures par jour à améliorer et créer de nouveaux numéros avec ses chevaux pour toujours divertir son public. En gros, son métier c’est vendre du rêve. Aucune raison donc de douter de la qualité de la relation que vous entretenez avec votre cheval à votre échelle.

Se comparer aux autres est la pire chose qui soit, cela ne fera que vous sentir encore plus dévalorisé. Il faut voir les choses d’une autre manière car dans tous les cas vous n’avez pas les mêmes connaissances, les mêmes expériences vécues, les mêmes capacités et compétences que la personne à qui vous vous comparez. Vous avez sûrement des expériences équestres très différentes, des caractères très différents ce qui fait que vous n’avez pas le même parcours, pas les mêmes attentes et pas les mêmes résultats. Imiter quelqu’un et vouloir suivre la même voie que lui c’est risquer de s’égarer dans une voie qui n’est pas la meilleure pour vous : ce qui est une solution pour l’un ne l’est pas forcément pour l’autre. En revanche vous pouvez vous inspirer de ces cavaliers qui vous font rêver et apprendre d’eux en vous formant à leur méthode.

Profitez simplement du moment

Soyez objectifs, essayez de trouver les points positifs de la relation que vous avez avec votre cheval. Ne mettez pas la barre trop haute, tous les chevaux ne s’expriment pas de la même manière et parfois les signes de complicité passent presque inaperçus.

J’observais une cavalière et son cheval arrêtés au milieu de la carrière, elle lui caressait doucement l’encolure. Son cheval avait la tête tournée de façon à ce qu’il puisse la regarder dans son œil droit. Avec les yeux mi-clos, il clignait lentement à la manière d’un chat ronronnant de satisfaction. Ces deux-là semblaient respirer le bonheur de pouvoir simplement profiter l’un de l’autre.

Si vous avez un cheval depuis moins de 6 mois ou que vous ne pouvez pas le monter très souvent, laissez-vous davantage de temps pour qu’il apprenne à vous connaître et à vous faire confiance. Cela fonctionne de la même manière que de lier une amitié avec quelqu’un d’autre, cela demande du temps et de la confiance.

Parfois la complicité s’exprime très simplement dans un échange de regards. Il faut être attentif et savoir saisir ces instants de bonheur mais aucun doute, ils sont à la portée de tous ! Avec de la patience, de l’amour et de la bienveillance tout est possible…

Mis à jour le 07/06/2021

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9 commentaires sur “Quand le dressage donne l’illusion de la complicité

  1. Lucie dit :

    Bonjour je trouve cet article pertinent sauf cette phrase « si vous avez un cheval depuis moins de 6 mois ou que vous ne pouvez pas le monter très souvent…… », il faut arrêter de conforter cette croyance qu il faut forcément monter un cheval pour développer une relation avec lui.

    1. Alexandrine Nobis dit :

      Bonjour Lucie,
      Je pense que c’est un peu comme quand tu rencontre une personne pour la première fois, il faut toujours un certain temps pour apprendre à se connaître et à se faire confiance surtout pour des tempéraments un peu méfiants ou réservés.
      Petite anecdote, j’avais un cheval dont je m’occupais parmi d’autres et ce n’était pas celui avec lequel je m’entendais le mieux, comme si on ne se comprenait pas. Il a fallu un peu plus d’un an avant qu’il y ait une vraie complicité et qu’on s’adapte l’un à l’autre. Une fois sa confiance acquise je remarquais tout de suite la différence de comportement avec moi VS avec les autres.
      C’est pour cela que j’ai émis cette réserve. Je pense que les chevaux comme les hommes s’attachent aux personnes qu’ils voient le plus souvent (pourvu qu’ils passent un bon moment ensemble) tout simplement.

  2. BATIFOL Claudine dit :

    Bonjour Alexandrine,
    Pour que la notion de leader ne reste pas vague il faut vraiment regarder sur YouTube La leçon indispensable de JF et Frédéric Pignon ou mieux faire un stage avec eux comme j’ai fait pour comprendre qu’il n’y a pas de violence dans la notion de dominance. Le but est de parler cheval . Dans un groupe, les chevaux ne se bousculent pas. Celui qui fait déplacer l’autre est le dominant. Donc les exercices consistent pour le cavalier à faire bouger le cheval pour s’imposer comme dominant. Par exemple, en liberté, chasser les hanches, les épaules, le faire reculer, trotter à côté de nous ,changer de direction sur le cercle. On s’impose ainsi comme le dominant. Le cheval recherchant la protection du dominant va venir vers nous, il faut à ce moment là lui faire comprendre que quand il revient c’est confortable pour lui. Pour cela ,le mieux est de lui offrir quelques minutes de repos , de calme ,de contact doux.
    Pour vérifier si on est vraiment leader, il ne faut pas oublier que si le cheval vous fait reculer dans n’importe quelle situation comme le pansage par exemple ou cherche à vous mordre c’est que vous n’êtes pas vraiment le leader. Tant que des petites erreurs de votre part peuvent lui faire penser que cet équilibre peut être remis en question,il va vous tester. C’est ce qui est d’ailleurs le plus dur à atteindre.
    Claudine

    1. Alexandrine Nobis dit :

      Merci pour ces précisions c’est très intéressant !

  3. BATIFOL Claudine dit :

    Pas complètement d’accord :
    J’ai vécu un peu la même situation que dans la 2eme vidéo et je ne pense pas que se soit un manque de complicité car à ce moment là je passais beaucoup de temps avec mon cheval (il avait 2 ans) lors de promenade en main, travail en liberté … et pourtant. Mais en fouillant auprès des dresseurs utilisant l’ethologie ( comme la vidéo la leçon indispensable de JF et Frédéric Pignon) je me suis rendu compte que j’avais juste loupé une étape : devenir le leader de mon cheval. En effet, quand on voit 2 chevaux dans un pré,il y en toujours un qui est dominé et pourtant si on enlève celui ci du parc il réclame l’autre alors qu’il se fait mordre et tapé par son soit disant ami. En fait, même si parfois le dominant est agressif, il est surtout un protecteur rassurant pour l’autre. Et c’est ce qu’il faut devenir avant de se lancer dans le travail en liberté notamment. Bien sûr,cela ne veut pas dire que l’on doit être agressif,il y a d’autre méthode bien expliqué par les ethologues et ça marche. Le cheval vient au galop quand vous allez dans son parc même sans friandises.
    Je pense donc que la complicité commence par là : devenir un leader protecteur.
    Claudine

    1. Alexandrine Nobis dit :

      Bonjour Claudine,
      Je suis d’accord avec cette analyse et c’est ce qui est expliqué dans le dernier article. J’ai un peu de mal avec la notion de leader qui est trop vague pour pas mal de personnes et est sujette à des interprétations très variables. Certaines personnes le rejette même systématiquement en assimilant la dominance à de la violence. Je préfère parler de gagner la confiance de son cheval en lui montrant que l’on prend les meilleures décisions pour lui, c’est une belle image je trouve.
      Quels exercices t’ont permis d’acquérir ce leadership qu’il manquait dans ta relation avec ton cheval ?

  4. Angua dit :

    Tout à fait d’accord avec cet article !
    J’ai la chance de partager un relation privilégiée avec trois chevaux qui ne sont pas les miens ; c’est le grand amour avec un en particulier. Je ne sais pas si on peut aller jusqu’à dire que nous sommes complices, mais clairement, on est bien quand on est ensemble. Il y a avant tout beaucoup de confiance et de respect dans les deux sens (chacun des chevaux se laisse caresser avec plaisir même quand ils sont couchés, ce qui me fait me sentir à l’aise et en confiance avec eux), un grand amour des câlins, donnés et reçus (je me fais consciencieusement lécher de la tête aux pieds, et en retour je cherche les meilleurs endroits à gratouiller), et parfois le plaisir de faire la sieste ensemble (quand le cheval dors debout, j’aime me caler contre son encolure et fermer les yeux un moment, tandis que lui appuie son nez sur mon épaule). J’ai droit à un hennissement joyeux quand j’arrive, plaintif si je met trop de temps à rentrer dans le paddock, et des protestations quand je pars.
    C’est un plaisir partagé de passer du temps ensemble, tout simplement, qui fait que je n’envie pas du tout les prouesses d’un pro du dressage avec son cheval. Je suis bien avec ce que j’ai. Et pour bâtir ça, pas besoin d’être un grand cavalier talentueux : il faut comme tu dis beaucoup de temps, de patience, ne pas se laisser manger par ses attentes, et puis une petite part de « feeling » car certains caractères s’accordent mieux que d’autres.

    1. Alexandrine Nobis dit :

      Merci pour ce merveilleux témoignage !

  5. eva dit :

    Merci pour cet article, qui me parle … 🙂

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