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La meilleure méthode pour dresser un cheval

Sitôt le débourrage terminé, il faut démarrer l’éducation du cheval afin de le rendre perméable aux aides de son cavalier. Des codes vont s’instaurer entre le cavalier-dresseur et le cheval et se sont ces codes qui permettront au couple de communiquer. Un dressage approprié du cheval le rend facile et agréable à manier par le cavalier.

Le principe de la méthode

Chaque discipline équestre, chaque pays, chaque dresseur possède sa propre vision de l’éducation du cheval. Elles naissent souvent d’un héritage d’une culture, d’une tradition et parfois elles découlent simplement de l’expérience du dresseur et de ses convictions qui peuvent être en total désaccord avec les coutumes qu’on lui a enseigné.

Certaines de ces méthodes ont même fait le tour du monde pour leur efficacité, leur rapidité ou simplement leurs qualités. Je pourrais citer notamment l’équitation éthologique, le clicker training ou encore la très ancienne école française qui se base sur les maîtres tels que Baucher, La Guérinière et Oliveira.

Une méthode délivre donc différents moyens et objectifs à aborder avec le cheval dans un ordre précis. L’application rigoureuse des différentes étapes présentées dans la méthode permet d’atteindre l’idéal recherché et vanté par cette même méthode. Dans le cas de l’équitation éthologique il s’agit du travail en liberté à pied et monté, en équitation française du rassemblé dans la légèreté, en clicker training d’établir une relation de partenariat avec son cheval.

Toutes ces méthodes conduisent inéluctablement à des guerres de clochers, des interprétations et autres dérives. Existe-t-il pour autant une méthode qui soit meilleure que les autres ? Une méthode qui soit si simple et si claire qu’il est impossible d’en dévier ? Une méthode qui mette tout le monde d’accord ? Une méthode qui fonctionne avec tous les chevaux et pour toutes les disciplines ?

Faut-il longer son cheval pour le débourrer ou pas ?

L’apprentissage chez le cheval

Essayons d’abord de comprendre comment le cheval apprend de nouvelles choses et si cet apprentissage peut s’inscrire dans une méthode en particulier. Pour qu’un apprentissage soit possible le cheval doit être en bonne santé physique et surtout, il ne doit pas être dans un mouvement de fuite ou de peur.

Pour faire simple, la voie d’apprentissage du cheval la plus utilisée est le conditionnement. Un cheval conditionné est à la recherche de signaux chez son cavalier auxquels on lui a appris à répondre par une action précise. Pour le processus d’apprentissage et donc de conditionnement, le dresseur a deux façons de faire :

  • Par renforcement négatif : il provoque un inconfort et cet inconfort cesse dès lors que le cheval donne l’action attendue.
  • Par renforcement positif : le cheval réalise l’action souhaitée en premier puis il est immédiatement récompensé pour encourager cette bonne intention.

Quand le renforcement négatif survient après une action de la part du cheval c’est la punition. Si après une action bien réalisée on octroie au cheval du repos, une caresse ou une friandise c’est une récompense. La désensibilisation quand à elle correspond à un processus de conditionnement dont la réponse attendue est l’immobilité du cheval. Tandis que la sensibilisation vise à améliorer la réactivité et la précision du cheval à un stimulus.

Alors que je longeais un jeune cheval, je me suis rendue compte qu’il avait appris à effectuer des transitions montantes non pas par les mouvements de la chambrières ou par la voix, mais par la position de mon avant bras qui s’écartait plus ou moins en fonction de l’allure que je souhaitais. Au début je n’avais pas conscience de ces mouvements de bras et je ne comprenais pas pourquoi les autres cavaliers ne parvenaient pas à le longer sans utiliser de chambrière. En fait le cheval avait appris les transitions montantes en se basant uniquement sur mon langage corporel.

Il n’y a pas de meilleure méthode…

Nous avons vu rapidement que l’apprentissage était en fait un conditionnement et que ce conditionnement correspond donc à un code précis déclenchant une action précise chez le cheval. Il n’y a donc à priori aucune restriction dans l’apprentissage du cheval tout comme il n’y a pas de règles dans le choix des codes utilisés pour l’apprentissage du cheval.

Effectivement nous avons tous l’habitude d’utiliser nos jambes pour générer de l’impulsion et nos mains pour ralentir. Ces habitudes sont les mêmes quelque soit les pays, les continents ou même la race des chevaux. On pourrait penser que c’est une prédisposition génétique chez le cheval de réagir aux jambes par le mouvement en avant et pourtant…

Adamo Walti a démontré qu’il n’y a pas de prédispositions dans l’apprentissage. Il a en effet éduqué un cheval à s’arrêter au moindre contact des jambes et à partir en avant au contact des rênes. En fait il a dressé son cheval exactement à l’inverse de ce que nous avons tous l’habitude de faire.

C’est vraiment la preuve qu’il n’existe pas de règles particulières en terme d’apprentissage chez le cheval. Tant que le processus d’apprentissage est cohérent, on peut tout apprendre à un cheval. Il n’y a donc pas de méthode qui tienne et encore moins des méthodes qui soient plus naturelles que d’autres.

Comment choisir une méthode ?

Bien sûr vous n’avez peut-être pas le niveau, la technique ou l’imagination suffisante pour vous lancer dans de l’improvisation pure en matière d’éducation de chevaux. Vous vous sentirez peut-être plus à l’aise si l’on vous donnait une méthode, une marche à suivre pour l’éducation de votre cheval. C’est tout naturel et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’elles existent et ont tant de succès !

Pour bien choisir une méthode, intéressez-vous d’abord aux idéaux de cette méthode. Les objectifs de la méthode doivent correspondre à vos envies profondes et à vos objectifs équestres sur le long terme. Ensuite il faut que les valeurs de cette méthode ne remettent pas en cause vos propres valeurs. Par exemple, si vous faites intervenir un professionnel, il est important que sa manière de faire et ses pratiques vous conviennent. Certains professionnels se basent effectivement sur de bonnes méthodes mais l’interprétation qu’ils en ont fait peut s’avérer catastrophique.

Gardez toujours en tête que le cheval est un être vivant avec son tempérament, son vécu, ses peurs et qu’il n’est pas toujours facile de créer de nouvelles habitudes. L’apprentissage est un processus qui demande du temps et de la patience car il passe par la répétition et le perfectionnement des exercices les plus simples.

Demander peu, recommencer souvent, récompenser beaucoup

Les méthodes ont été inventées pour rendre l’éducation des chevaux plus facile et accessibles à ceux qui s’y intéressent. Prétendre qu’une méthode est meilleure qu’une autre ou qu’elle est plus naturelle sont des foutaises. En revanche, vous trouverez certainement une méthode ou un professionnel qui correspondra davantage à vos valeurs et à votre idéal équestre.


A voir aussi, article sur les dangers d’un conditionnement excessif

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8 commentaires sur “La meilleure méthode pour dresser un cheval

  1. jacques dit :

    j’arrive sur votre blog et viens d’en parcourir les articles. j’aime bien votre ouverture d’esprit et cet article est un bon exemple de cette qualité. j’ai particulièrement aimé celui ou vous évoqué l’importance de la gradation dans l’action des aides. il me semble que c’est la pierre philosophale de l’équitation, je dis souvent que le plus important pour réaliser des progrès rapides ce n’est pas ce que l’on fait mais à quel moment on arrête de le faire. La gradation est fondamentale et on a trop tendance a croire qu’en appliquant directement un niveau élevé (pour faire comprendre au cheval se que l’on souhaite qu’il fasse) on pourra venir a une aide légére quand le cheval aura compris. Une autre difficulté est d’appliquer la régle que vous rappelez demander souvent CE CONTENTER DE PEU récompenser beaucoup. on est jamais assez attentif a une amorce de réponse pour cesser notre action.
    merci pour vos articles.
    je monte a cheval depuis 50 ans et donc accumulé une quantité importante d’erreur que mes chevaux m’ont toujours pardonnés. je m’aperçois chaque jour que je n’ai pas encore épuisé ma capacité a en commettre de nouvelles, moins souvent tout de même.

    1. Alexandrine Nobis dit :

      Merci pour votre commentaire encourageant.
      Il est vrai que bien souvent certains cavaliers semblent plutôt à la recherche d’un remède miracle alors qu’il suffit de travailler sur les petits détails insignifiants qui paraissent si peu importants…
      L’important est de sans cesse se remettre en question et de garder l’esprit ouvert pour progresser !

  2. SCHIRO dit :

    Bonjour
    Pour que chacun trouve sa méthode, il faudrait déjà que nous ayons tous le même cheval, parce que la méthode dépend bien du dresseur mais aussi du cheval, pour ça on est tous d’accord je crois.
    Certaines personnes ont avec vous un certain comportement et d’autres en auront un autre parce que nous sommes tous différent et que nous ne ressentons pas ou ne sommes pas à l’écoute de la même façon. Vous ne pouvez pas demander à un artiste d’avoir la même sensibilité qu’un mathématicien et inversement.
    Nous n’avons pas tous le même feeling avec les chevaux et nous aurons beau faire des efforts certains seront plus doués que d’autre.
    Maintenant, essayons juste de les respecter et de faire en sorte qu’ils nous respecte, après on arrivera à les éduquer comme on pourra et si on arrive pas à ce que l’on souhaite, il ne faut pas avoir honte de faire appel à quelqu’un d’autre, parfois c’est une voix de sagesse.
    A tous je vous souhaite beaucoup de complicité avec vos chevaux.

  3. Bonjour. Complètement d’accord avec vous sur le fait qu’il n’y a pas de meilleure méthode. Pour ma part, j’aime beaucoup lire les méthodes de autres, je constitue ainsi une sorte de boîte à outils qui fait que face à chaque cheval, je vais pouvoir adapter mon travail, surtout au moment du débourrage. Cela fait plus de vingt ans que de par mon métier, je débourre des chevaux, et je crois que je n’ai jamais utilisé un processus identique. Je m’efforce de lire dans les attitudes de mon cheval, ces émotions, ces craintes et je puise dans ma « boîte à outils » ou tout simplement dans mon instinct pour trouver les bons exercices qui me permettront de développer une confiance avec lui. Il y a donc autant de méthodes que de chevaux et de dresseurs !

  4. Henriane dit :

    Pour une fois, je ne suis pas tout à fait d’accord avec votre article : il y a quand même des données physiques : le cheval se déplace sur 4 jambes et sa colonne vertébrale ondule pour permettre le déplacement des membres. Son encolure lui sert de balancier et bloquer les cervicales entraîne une série de blocages, pouvant à terme provoquer de sévères lésions dans différentes parties du corps. De plus, le cheval monté est perturbé dans son équilibre naturel. Il est donc important que le cavalier ne contrarie pas cette locomotion, s’attache à ne pas déstabiliser l’équilibre de son cheval, et parfois l’aide à corriger ses déséquilibres. À partir de ce constat et à l’aide des techniques modernes d’observation du corps (humain ou équidé) on devrait voir émerger des méthodes convergentes adaptées en fonction de l’utilisation du cheval ( randonnée, Cso, loisir, promenade etc..) avec pour base commune le respect de l’équilibre et des ressorts du cheval monté. Imaginons simplement que nous portons sur nos épaules un enfant un peu lourd qui gesticule et se penche d’un côté puis d’un autre.. nous finirons au mieux par avoir mal et au pire, nous tomberons… il y a donc bien des fondamentaux permettant de valider les qualités d’une méthode.

    1. Alexandrine Nobis dit :

      Bonjour Henriane,
      Je suis d’accord avec ce qui est évoqué. Je voulais dans cet article mettre en avant que l’on peut tout apprendre à un cheval et que celui-ci se moque éperdument de la préférence d’un cavalier qui va être d’obtenir d’abord la décontraction de la mâchoire alors qu’un autre pensera que c’est l’impulsion qui est la plus importante à un même instant. Tout comme certains envisagent le débourrage après un long travail préparatoire à la longe tandis que d’autres s’en passent complètement.
      Les considérations de locomotion et d’équilibre ne sont malheureusement pas au coeur de toutes les méthodes, il suffit pour cela de regarder les chevaux de western, les Tennessee walker ou simplement l’ignorance d’un cavalier inexpérimenté. Parce qu’il faut aussi penser aux cavaliers du dimanche qui n’ont pas l’habileté ni les connaissances des meilleurs dresseurs et qui font un peu comme ils peuvent, plus pour s’amuser d’ailleurs que dans un but de performance.
      Je comprends que cette notion de bien-être, de respect de la locomotion et d’équilibre vous semble totalement indispensable en équitation tout comme elle l’est pour moi : ce sont nos points de vue concernant les fondamentaux d’une méthode qui nous semble idéale. J’imagine que certains, trop pressés de goûter aux joies d’un galop dans une prairie la trouveront trop contraignante, barbante et compliquée.

  5. fizzy.horse dit :

    Je vous avoue que, quand j’ai vu le titre, j’ai commencé la lecture de cet article un peu à reculons !
    Et en fait, votre article est super ! C’est exactement ça, il n’y a pas une meilleure méthode, cela dépend de chacun.
    Juste un bémol quand vous dites qu’il n’y a pas de méthodes plus naturelles que les autres. Je pense quand même que si ! Les méthodes qui utilisent le langage corporel sont quand même plus naturelles (à mon avis).
    Sinon, super, merci beaucoup pour cet article 🙂

    1. Alexandrine Nobis dit :

      Bonjour,
      Et oui je suis d’humeur blagueuse parfois !
      Alors le langage corporel, oui bien sûr c’est la base même du langage des chevaux. J’émets quand même un doute parce qu’il faut une certaine expérience de l’être humain pour que le cheval comprenne vraiment son langage corporel tout comme nous pouvons avoir du mal à comprendre le langage corporel d’un poisson, d’un ours ou d’un koala simplement parce que nous n’avons pas l’habitude de côtoyer ces animaux. Et puis le langage corporel on ne peut l’utiliser que lorsqu’on est à pied…
      Après c’est vrai que parfois l’apprentissage se fait tellement rapidement qu’on pourrait penser que c’est la méthode qui est meilleure. Là encore je persiste à dire que ce n’est pas la méthode mais le dresseur qui, par sa perspicacité et son tact facilite la compréhension de ce qui est demandé au cheval.
      Mais bon, qui sait, peut-être que je dis ça parce que je n’ai pas encore découvert la meilleure méthode tout simplement ! 😀

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