Pourquoi doit-on toujours travailler les chevaux ?

Que l’on soit un cavalier débutant ou expérimenté, que l’on ait envie de se perfectionner techniquement ou simplement de passer un moment agréable avec son cheval. Dans la grande majorité des cas on se retrouve le plus souvent en tête à tête avec ce noble animal simplement juché sur son dos. Il est donc important de prendre des dispositions pour l’y préparer correctement par un entraînement physique régulier et des exercices d’assouplissement adaptés.

La contrainte qu’est le cavalier

Vous avez bien conscience que lorsque vous montez à cheval vous exercez une pression sur le dos du cheval et vous créez une surcharge. Il y a aussi votre propre équilibre qui, en fonction de la position de votre buste, va déplacer le centre de gravité de l’ensemble cheval-cavalier.

Le cheval est un être vivant et comme il est fait d’os, de tendons, de ligaments et de muscles il mettra en place différentes stratégies pour s’adapter à ce nouvel équilibre et au poids supplémentaire que représente le cavalier. Cet exercice prolongé et répété aux 3 allures, avec un cavalier parfois instable, demande au cheval à la fois de la force pour se propulser, de l’équilibre pour répartir le poids de façon adéquate et par la suite de la souplesse.

A l’origine, le travail du cheval et donc tous les exercices que l’on est amené à effectuer sur le plat ont deux objectifs :

• Améliorer l’obéissance du cheval aux aides de son cavalier comme nous l’avions vu dans la première partie de l’article sur sortir en extérieur.
• Le muscler pour l’aider à porter plus facilement le poids de son cavalier sur le dos en se fatiguant le moins possible, comme nous allons le voir aujourd’hui.

Les chevaux sont tous différents et selon leur âge, leur conformation et leur niveau de dressage, ils peuvent être plus ou moins à l’aise avec ce poids supplémentaire sur le dos à gérer. Si le cavalier est lui-même instable dans son équilibre cela aura aussi une incidence sur la locomotion du cheval qui devra être compensé par un effort musculaire.

Méthode de travail et santé du cheval

En plus du poids du cavalier il faut aussi prendre en compte le niveau technique de celui-ci et la façon dont il aura décidé de travailler son cheval. C’est ainsi que l’on constate que certains cavaliers blessent ou abîment plus facilement leurs chevaux tandis que d’autres sauront leurs préserver une longévité exceptionnelle. Vous me direz que tout ça c’est une histoire de bons aplombs, de morphologie, d’intensité de travail, de mode de vie… Alors, oui bien sûr ces éléments rentrent en compte aussi, et pourtant certains vétérinaires ont fini par admettre eux aussi que la façon dont les chevaux sont travaillés a aussi une grande incidence sur la santé du cheval.

Prenons comme exemple un cheval que l’on contraint avec force dans une certaine position (et dont il essaiera de sortir par tous les moyens). Non seulement il y a des chances que l’on ne respecte pas sa biomécanique (ce qui est bon pour l’un ne l’est pas forcément pour l’autre) mais en plus on créé de nouvelles résistances et raideurs. La situation peut aller ainsi en s’aggravant dans un cercle vicieux de ce type :

• Le cheval travaille en luttant contre son cavalier
• Il est handicapé par la posture contraignante dans laquelle il se trouve
• Il ne peut plus gérer le poids du cavalier et ne fait plus que de le subir
• Le manque de variété de postures pendant le travail aggrave les contractures
• Le cheval se retrouve totalement bloqué dans sa musculature haute : les membres inférieurs sont en surcharge puisque le cheval perd sa tonicité
• La posture contraignante + le poids du cavalier viennent surcharger les zones affaiblies jusqu’à la lésion

Ce type de scénario est particulièrement bien expliqué dans les livres du Dr Heuschmann qui a été confronté de nombreuses fois à des chevaux dont les pathologies ont trouvé leur origine uniquement dans la façon dont ils étaient travaillés. Vous savez, le fameux « il est naviculaire »…

Il arrive que certains chevaux présentent des défauts physiques qui les rendent particulièrement fragiles et sujets à pathologies et pourtant, des cavaliers talentueux parviennent à obtenir d’eux des résultats exceptionnels. Tout cela simplement en tenant compte des difficultés spécifiques à ce cheval et en restant à l’écoute pour trouver la progression idéale. Pour obtenir de tels résultats il faut une grande expérience et un large panel de connaissance mais n’importe qui peut y parvenir avec de la patience et de bons conseils.

Aider son cheval à mieux porter le poids de son cavalier

Alors concrètement, comment éviter le scénario catastrophe ? Quels sont les éléments à maîtriser pour éviter les erreurs ?

J’ai listé 3 principes simples à respecter pendant le travail du cheval pour éviter de s’engager dans une impasse et de faire des erreurs :

• Eviter d’utiliser la force et la contrainte
• Varier les attitudes au travail pour créer une musculature homogène
• Choisir une fréquence et une durée de travail adaptée à son cheval

L’utilisation de la force et de la contrainte est la plus néfaste de toute car ce serait le signe que vous empêchez le cheval de s’exprimer. Vous choisissez alors de « cacher la misère » en employant un enrênement ou des aides trop dures et contraignantes pour obtenir une certaine posture. Vous pensez sûrement que cette posture que vous imposez est la meilleure pour lui et pourtant, elle n’a plus aucun bénéfice si le cheval est en train de lutter contre vous. C’est la preuve que vous ne savez pas écouter votre cheval et que vous n’avez pas les compétences ou l’ouverture d’esprit pour chercher à comprendre les défenses de votre cheval au lieu de les combattre.

D’autre part, il faut savoir que lorsqu’on réalise un exercice en particulier ou que l’on demande à son cheval de prendre une certaine attitude ou posture, ces derniers vont avoir des effets sur l’ensemble du cheval en renforçant une partie ou un muscle et en défavorisant une autre partie. La façon la plus simple pour éviter de faire des erreurs est de travailler sur une grande variété d’exercices et de postures. En évitant les excès on favorise une musculature homogène qui, même si elle n’est pas idéale par rapport à la discipline que vous pratiquez, elle vous permettra tout de même de garder votre cheval dans une excellente condition physique.

Et enfin, le choix de la durée et de la fréquence de travail est à adapter en fonction de votre cheval (âge, condition physique, santé, aplombs) et de l’environnement dans lequel il se trouve (qualité du sol…). Si vous choisissez une durée et une fréquence trop importante vous risquez d’augmenter les risques de blessures liées à un effort trop prolongé ou intense. Si vous ne travaillez pas assez votre cheval vous risquez de ne pas voir les bénéfices de votre travail sur votre cheval et sa condition physique peut se détériorer.

Il est essentiel de bien comprendre la grande influence que votre équitation va avoir sur votre cheval. Il ne s’agit pas seulement d’une bonne ou d’une mauvaise séance mais d’un ensemble, de l’état d’esprit dans lequel vous travaillez, en gros de la façon dont vous vous y prenez.
Alors pour éviter de monter uniquement aux 3 allures ou encore de s’enfermer dans une seule pratique (éthologie, extension d’encolure…), cherchez plutôt à vous intéresser aux autres pratiques, posez-vous des questions et au besoin, tentez l’expérience pendant quelques temps afin de vous faire un avis, une corde à votre arc supplémentaire.
Pour illustrer la nécessité d’être en perpétuelle recherche d’amélioration je vous propose ce proverbe de Maslow « Si le seul outil que vous avez est un marteau, vous tendez à voir tout problème comme un clou ».