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Faut-il forcément se battre avec son cheval ?

Est-il nécessaire pour avoir de bons résultats et pour progresser de devoir user voire abuser de la cravache, la punition, la contrainte, une main dure et toutes sortes de réprimande imaginable à l’encontre du cheval ? Peut-on vraiment dire que les cavaliers qui refusent d’employer ces moyens de force et de contrainte sont des bisounours ? Comment savoir quand on est allé trop loin ? Comment trouver la limite entre autorité et dictature ?

Se battre avec son cheval : le revers de la médaille

Si cela peut être parfois indispensable voire bénéfique comme une punition donnée au moment opportun prouve son efficacité pour canaliser un enfant turbulent, ou encore pour sortir d’une situation grave ou dangereuse tant pour le cheval que pour le cavalier. Il arrive cependant que certains cavaliers en abusent ce qui engendre des séquelles irréversibles dont le cheval se souviendra toute sa vie du fait de sa grande mémoire. Ce type de comportement entraîne :

  • Baisse de moral
  • Perte de confiance en son cavalier
  • Détruit sa générosité et son envie de bien faire
  • Créé des atteintes physiques parfois invisibles dues aux contractions engendrées par un travail en force

Les bisounours

Pour les bisounours de l’extrême, l’usage du mors est une source de douleur tout comme la cravache, les éperons et peut-être même aussi les fers et la selle. Comme tout point de vue extrême il a aussi ses défauts car le cavalier, devenu fanatique des méthodes douces semble ne pas se rendre compte du mal qu’il peut faire malgré toutes les bonnes intentions dont il se pare.

  • Pas de vrais résultats ni de vraie progression en tant que cavalier car trop peur de faire mal ou de se tromper
  • Pratique de l’équitation limitée
  • Soins apportés parfois totalement inadaptés par rapport à l’état du cheval : pieds douloureux, refuse d’appeler le vétérinaire, choix de vermifugation peu voire pas efficace…

Le juste milieu

Après cette petite caricature des deux extrêmes que l’on rencontre parfois dans les clubs ou sur internet, vient enfin la large et vaste voie du milieu. Bien sûr quand on est au milieu on penche souvent soit d’un côté soit de l’autre côté mais essayons de nous rapprocher le plus possible du juste milieu.

La première chose à prendre en considération c’est votre situation exacte afin de bien comprendre le contexte dans lequel vous évoluez :

  • Quel est votre niveau à cheval ?
  • Êtes-vous encadré lorsque vous montez ?
  • Avez-vous un cheval attitré ?
  • Êtes-vous propriétaire du cheval que vous montez ?
  • Connaissez-vous les capacités du cheval que vous montez ?
  • Dans l’exercice que vous lui demandez, est-ce que votre cheval semble de bonne volonté ?

Un cheval qui poursuit son parcours après la chute de son cavalier, gage de bonne volonté

Un cavalier de petit gabarit d’un niveau faible monté sur un grand cheval de club blasé aura besoin davantage de s’imposer qu’un cavalier de grande taille galop 7 propriétaire de son propre cheval qu’il a lui-même dressé. Aussi, si vous êtes cavalier de club et/ou encadré par un moniteur, surtout, tenez-vous en à ses consignes car il est encore le mieux placé pour vous aider à progresser.

Ensuite la deuxième étape c’est de savoir vous interroger dès que vous êtes confronté à une défense, à un comportement indésirable ou à une difficulté. Essayez de regarder les choses d’un point de vue externe et bannissez toute forme d’émotion ou d’anthropomorphisme qui viendrait compromettre la neutralité de votre jugement. Gardez en tête ces 4 questions, si besoin arrêtez-vous au milieu de votre séance pour chercher à comprendre à quoi vous êtes confronté :

  • Quel comportement je souhaite éliminer ?
  • Est-ce que ce comportement compromet le bon déroulement de ma séance et à quel degré ?
  • Qu’est-ce qui a provoqué ce comportement ? Au besoin, recommencer pour vérifier si le comportement se produit une nouvelle fois et dans quelles circonstances
  • Quels sont les différents moyens à ma disposition pour lutter contre ce comportement ?

Prenons un premier exemple pour illustrer ce cheminement intellectuel :

Mon cheval secoue sans cesse la tête, du coup mes rênes se rallongent et je ne peux pas travailler correctement. Je voudrais que mon cheval arrête de secouer la tête. Ce comportement est gênant mais il ne me met pas en danger et je peux partiellement poursuivre ma séance. Les insectes semblent provoquer ce comportement car mon cheval continue de secouer la tête même lorsque je ne touche pas aux rênes. Pour lutter contre ce problème je peux lutter plus fort dans mes mains pour conserver mes rênes à la même longueur, punir mon cheval lorsqu’il essaye de se gratter ou de secouer à nouveau la tête pour le garder concentré, choisir de travailler davantage au trot et au galop ou encore descendre et aller chercher un spray anti-insecte ou un bonnet.
Dans ce cas précis, il semble absurde d’utiliser une méthode de force et on se doute qu’elle serait douloureuse pour le cheval et complètement inefficace tant que l’origine du problème n’est pas résolue.

Prenons maintenant un deuxième exemple :

Mon cheval n’avance pas autant que je le souhaiterais. Ce comportement met en cause l’efficacité de ma séance de travail et je sais que mon cheval a tendance à être mou sans pour autant présenter un problème de santé. Je vérifie que mes mains ne bloquent pas le mouvement en avant et que mes jambes ne provoquent pas de contractions en étant trop serrées. Il ne semble donc pas y avoir de raison valable à ce comportement. Pour faire avancer davantage mon cheval je peux utiliser la cravache jusqu’à ce qu’il parte au galop avec le risque de provoquer une défense type ruade, je peux utiliser des éperons, faire une leçon de jambe, attendre la fin de la détente avant d’utiliser la cravache car mon cheval est peut-être juste un peu raide ou multiplier les transitions pour le rendre plus réactif à mes jambes.
Ici, tous les choix semblent cohérents par rapport au problème rencontré et dépendent aussi du cheval, de la personnalité du cavalier et de ses habitudes. Mon choix le plus courant serait d’introduire dans la détente des exercices incluant des transitions rapprochées pour rendre mon cheval plus réactif à mes jambes. J’évite ainsi l’usage de la cravache qui peut le rendre un peu susceptible et je privilégie ainsi la coopération à la domination. Même si cela me prendra un peu plus de temps pour obtenir de la bonne volonté de la part de mon cheval qu’en utilisant une méthode contraignante.

Être le plus juste possible avec son cheval et faire preuve de compréhension devrait être nos préoccupations principales en tant que cavaliers. La façon dont vous réagissez à chaque comportement, à chaque défense de votre cheval déterminera la nature de votre relation avec lui. A vous de faire l’effort de vous remettre en question, de vous informer, de réfléchir, de chercher des solutions à vos problèmes et d’adopter celle qui sera la plus adaptée à la relation que vous souhaitez entretenir avec votre cheval. Les actes que vous posez, permettent-ils de favoriser la confiance et la générosité dans votre relation avec le cheval ou favorisent-ils votre suprématie en tant que dictateur en rendant le cheval simple exécutant ?

PS : Je vous recommande également la lecture de cet article : Votre cheval veut vous faire plaisir

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2 commentaires sur “Faut-il forcément se battre avec son cheval ?

  1. Claudine dit :

    Parce que je sors d’une semaine de randonnée avec nos propres chevaux que nous avons échangé une journée, faire monter son cheval par une autre personne permet de se rendre compte parfois que nous pouvons être responsable sans le vouloir de difficultés . Mais surtout cela peut nous permettre de trouver des solutions…
    Bonnes réflexions

  2. Christine Canale dit :

    Je lis toujours avec autant de plaisir les sujets postés… j’ai l’impression que les articles sont calqués sur l’évolution de ma relation avec Pocholo…
    Je ne suis pas une internaute qui communique à tout va… mais je tenais à remercier l’animatrice de ce blog !
    Jamais dictatoriale, pas de bla-bla doucereux… chaque article est une porte qui s’ouvre et un soutien pour nous cavaliers…. amoureux de cet animal qui nous tolère dans son espace et sur son dos uniquement parce qu’il le veut bien.
    Belle journée à tous

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