La nécessité de la légèreté

Conserver la légèreté en toutes choses et à tout moment est un indispensable pour pratiquer une équitation exclue de violences. A partir du moment où le cavalier à l’impression de devoir fournir un effort pour conserver son cheval dans le mouvement en avant, dans une attitude particulière ou pour exécuter un mouvement précis c’est que la légèreté s’est envolée. Nous allons voir ici à quel point c’est une nécessité absolue.

Légèreté : Qui ? Quoi ?

La légèreté doit être mutuelle, c’est-à-dire qu’elle vient à la fois du cheval qui répond avec générosité aux aides. Mais aussi et surtout du cavalier qui se refuse à forcer ses aides pour arracher un mouvement à son cheval là où la patience et le travail quotidien d’assouplissement amènent aux mêmes résultats sans passer par les cases : défenses, contractions ou accoutumance aux aides de fortes intensités menant à la rétivité.

De toute évidence la légèreté est aussi subjective que pouvait l’être le poids avant l’invention de la balance. Elle dépend des individus tant cavaliers que chevaux, de leur sensibilité tactile et de la conscience qu’ils ont de leur propre corps. Quoiqu’il en soit, le cavalier applique à son cheval une certaine force avec ses aides dans le but d’atteindre un objectif qu’il s’est fixé, par exemple partir au galop.

On peut se considérer dans la légèreté à partir du moment où l’aplomb du cavalier et l’équilibre du cheval ne sont pas perturbés par l’application des aides.

Si les aides sont trop fortes, le cavalier se tord, se fatigue et se raidit, il a moins de liant avec son cheval. Le cheval, peut être perturbé par la perte d’aplomb de son cavalier ou gêné par les aides soit de par leur intensité, soit de par son incapacité à atteindre l’objectif fixé par le cavalier.

Jean-Claude Racinet, l’exemple parfait de légèreté

L’aplomb du cavalier

L’aplomb c’est la position stable du cavalier à toutes les allures et dans tous les airs lorsque celui-ci conserve le liant et reste assis symétriquement sur ses deux ischions. Toute modification d’orientation du bassin, de report de poids sur une fesse ou sur l’autre doit être maîtrisé et maîtrisable y compris dans les transitions. Le cavalier qui se « raccroche » à son cheval avec le bassin, les mains ou les jambes n’est pas d’aplomb. Ces variations subtiles sont très nettement perceptibles pour le cheval et constituent un véritable langage pour le cheval finement dressé.

Au-delà du simple défaut de mise en selle, le cavalier perd son aplomb lorsqu’il intensifie ses aides car il n’est plus assis de façon égale sur ses deux ischions, il se tord, se penche et se contracte. Il n’est plus non plus à même d’écouter son cheval ni de ressentir un défaut ou une anomalie dans sa locomotion au travers de son assiette car celle-ci est elle-même perturbée par la force déployée pour l’usage des aides.

En recherchant en permanence la verticalité la plus juste et le centre du cheval dans chaque mouvement le cavalier devient à même de ressentir la balance des épaules*, les reports de poids vers l’arrière-main ou d’un latéral vers l’autre et d’adapter très subtilement la répartition de son poids de façon à aider le cheval et donc SUBLIMER le mouvement.

La perte d’aplomb du cavalier entraîne chez le cheval un inconfort certain mais souvent silencieux. Cet inconfort se manifeste à différents degrés :

  • Modification de l’équilibre dans lequel se trouve le cheval ce qui entraîne irrégularités et modification de la posture, le cheval n’est pas stable, il sort de la main, perd son impulsion, l’allure et le mouvement se détériorent…
  • Défenses en tout genre consécutives à :
    • l’intensité des aides: le cheval n’est pas prêt à donner le mouvement demandé sur des aides légères du fait de l’incompréhension ou du fait du manque de préparation physique.
    • la perte d’aplomb du cavalier : l’équilibre est rompu par la perte de l’aplomb du cavalier et le cheval entre en défense pour rétablir cette perte d’équilibre.

Si l’équitation est un sport alors on peut appeler art équestre celle que l’on pratique dans une optique de légèreté. Le confort du cheval et du cavalier sont préservés. Le dialogue s’installe entre les deux protagonistes au travers du langage des aides qui suggèrent au cheval davantage qu’elles n’imposent. Le cheval correctement assoupli et physiquement préparé se livre facilement et sans résistances aux demandes de son cavalier.

Sans un minimum de CONFORT, l’équitation n’est plus un plaisir ni pour le cheval qui se sent brutalisé par des aides de plus en plus violentes, ni pour le cavalier qui doit lutter à chaque instant pour obtenir ne serait-ce que le mouvement en avant de son cheval. Pour que la légèreté soit maximale, le cheval doit vouloir toujours en faire le plus possible et le cavalier doit vouloir toujours en faire le moins possible.


* Sur le même thème :
Légèreté : préambule ou finalité ?
Le secret invisible de l’équilibre du cheval pour mieux comprendre l’auto-grandissement, la montée de la base de l’encolure et du garrot
L’équitation de légèreté de Jean-Claude Racinet

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7 Responses

  1. Merci pour ce rappel à l’ordre!
    Je sors justement d’une séance épuisante où j’avais l’impression de porter mon cheval à chaque foulée…
    Il me faut changer d’attitude immédiatement et garder en tête l’objectif « en faire de moins en moins ». Mais comment? Avez-vous des références de livres ?

    • Bonjour et bravo pour cette prise de conscience !
      Pas facile de passer de la théorie à la pratique, je suis en train de créer une méthode simple et facile à mettre en pratique qui permettra d’obtenir la légèreté du cheval aux jambes et à la main. Si vous ne l’êtes pas déjà, pensez à vous abonner pour ne pas rater sa sortie ici
      Je peux vous recommander « L’équitation de légèreté » de JC Racinet qui est parmi les spécialistes sur le sujet, mais encore une fois c’est de la théorie, bien que le sujet soit passionnant et intarissable.

  2. Merci pour cet article . Mais pourquoi la légèreté est-elle aussi peu enseignée? Ma monitrice ne parait pas gêné quand je lui dit que mon cheval s’appui par moment très fort sur le mors donc elle ne propose pas de solution….

    • Bonjour Claudine,
      Dans la formation classique des moniteurs, on ne se pose effectivement pas tellement de questions à ce propos car la notion de « contact » entre en opposition avec la légèreté de la main. Entre les deux c’est le contact qui est considéré comme primordiale et indispensable à leurs yeux peut importe la quantité et la qualité de ce contact.

  3. Merci beaucoup pour cet article et pour tous les autres ! J’ai monté mon cheval tout à l’heure, l’article en tête… J’ai fait attention à mes mains, à la tension des rênes, je me suis grandi et mon cheval était complètement décontracté. Il mâchouillait son mors, ce qu’il fait rarement…
    Merci pour ces rappels essentiels !

  4. Bonjour,
    Merci pour cet article et j’y penserai aussi, mais je ne suis pas une cavalière de haut niveau mais j’ai la chance d’avoir mon propre cheval.Malheureusement pour lui et je le déplore, il doit supporter mes manques et parfois il n’est pas content. Je suis navrée de ne pas être la cavalière mais il n’y a rien à faire, je dois apprendre avant d’être!

    Sylvie

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