Après avoir parcouru le livre de Pascale Berthier « Légèreté : témoignage d’une femme de manège » je me suis penchée en toute hâte sur l’ouvrage principale de son mentor, Jean-Claude Racinet. Toujours sur le thème de l’équitation de légèreté, il aborde tous les éléments techniques et philosophiques propres à l’équitation de légèreté.
Philosophie
L’ouvrage commence par quelques principes indispensables à la légèreté, on y parle de descente des aides, c’est-à-dire cesser toute action lorsque le cheval se porte en avant de lui-même. Celui-ci est le principe essentiel pour ne pas devoir « porter » son cheval à chaque foulée dans les jambes.
Ensuite le principe de séparation des aides qui permet de n’agir qu’avec le strict minimum, pour illustrer ce principe on dit que les jambes corrigent les excès des mains et inversement. Mais on pourrait également dire que la main droite corrige les excès de la main gauche, vous savez la fameuse rêne régulatrice…
La mesure des aides correspond en réalité à la façon dont on va les utiliser sur le cheval pour qu’elles soient le plus efficace possible. Le grand débat entre pression continue et pression discontinue que j’ai évoqué sur cet article.
L’optimisation des demandes ou le timing correspond au moment idéal auquel les aides du cavalier doivent intervenir. Il s’agit en fait du timing et demande au cavalier énormément de sensation pour être capable d’agir en fonction du poser des membres. Chaque mouvement a ensuite son timing idéal.
Enfin, cette première partie se clôt sur une définition du rassembler ou plutôt des rassemblers tels qu’ils ont été définis au fil des siècles.
Procédés et mise en oeuvre
Ici sont abordés tous les principaux exercices à cheval en partant de la position du cavalier, du maintien de chaque allure en allant jusqu’aux changements de pieds au temps en passant bien sûr par tous les déplacements latéraux. Quelques particularités par rapport aux autres ouvrages dans la même catégorie, une partie sur l’éducation à la main et à la jambe pour aborder tout ce qui concerne les transitions. Mais aussi les flexions et cessions de mâchoire, la flexion impulsive, l’effet d’ensemble et l’usage de l’éperon qui sont des notions à connaître lorsque l’on s’intéresse à l’équitation française.
Chaque mouvement est décrit et analysé de façon presque scientifique en incluant les posers des membres, les possibilités anatomiques du cheval et les effets obtenus sur lui. Parfois les avis divergent entre différents courants de pensées ou différentes méthodes qu’elles soient d’hier ou d’aujourd’hui mais toujours dans le domaine de l’équitation classique, ils sont là aussi évoqués et confronté à l’analyse, l’expérience et le vécu de l’auteur dans le dressage et le redressage des chevaux. Les aides du cavalier ne sont pas toujours détaillées explicitement sauf s’il y a débat sur ce sujet. Donc, partant du principe que le lecteur connaît déjà son sujet, la question du timing des aides est souvent évoquée pour nous aider à comprendre le moment idéal de la demande et faire ainsi preuve de légèreté.
Le dernier élément que j’aimerais souligner est l’ordre d’importance que le cheval doit prendre en compte : le timing prend le pas sur tous les autres (position des aides, position du cheval). Ainsi pour mettre un cheval progressivement au contre-galop puis aux changements de pieds il faudra l’accoutumer par exemple, à partir au galop sur le pied droit en étant incurvé à gauche.
Mon avis
Je cherchais depuis plusieurs années, un livre qui expliquerait davantage comment utiliser ses aides au bon moment en se référant aux posers des membres du cheval. C’est chose faite.
C’est donc un ouvrage très technique, qui s’adresse aux cavaliers possédant déjà un bon niveau à cheval car ce n’est pas un manuel d’équitation. Il raviera ceux qui possèdent déjà quelques connaissances car il est très fourni et donne, après lecture, l’impression que le chemin à parcourir est encore long. L’opinion riche d’expériences de notre auteur vis-vis des différentes méthodes enseignées donnera un éclairage aux cavaliers ayant reçu des enseignements très divergeants voire contradictoires.
Je regrette un peu que le poids du corps ne soit pas vraiment détaillé, en tout cas pas à la hauteur de l’utilisation que j’en fait au quotidien.
Sur certains mouvements complexes comme les changements de pieds, une progression d’exercices est proposée ce qui peut s’avérer très utile pour le cavalier propriétaire qui souhaite aborder ces mouvements seul.
Tous ceux qui sont passionnés et attirés par l’idée même de légèreté en équitation se doivent de posséder ce livre. Je ne le connaissais pas du tout et je ne m’attendais pas à me retrouver autant en accord avec tous ce qui y est écrit, je le trouve même beaucoup plus intéressant et instructif que celui de Nuno Oliveira qui est plus grand public et parle beaucoup de l’état d’esprit dans lequel monter à cheval. Enfin je le recommande aussi vivement à tous les esprits carthésiens en quêtes de démonstrations et d’explications aprofondies.
