Après l’incurvation, la suite logique était bien évidemment les déplacements latéraux. Mais que dire des déplacements latéraux ? Sont-ils des moyens d’assouplissement et de musculation ? Ou sont-ils des mouvements pour lesquels on recherche une certaine souplesse et musculation ?
Notions biomécaniques
Le déplacement latéral n’est possible que par l’action des muscles abducteurs et adducteurs des épaules et des hanches. Ces muscles permettent dans un premier temps l’éloignement du membre par rapport à l’axe du cheval puis la propulsion de l’ensemble du cheval sur le côté, le membre passant alors sous la masse. Ce mouvement n’étant pas couramment utilisé par le cheval, il peut représenter quelques difficultés pour un cheval non habitué ou très raide.
Il est possible d’associer ces déplacements latéraux à une incurvation, c’est par exemple le cas lors de l’exécution d’une épaule en dedans ou d’un appuyer. A l’inverse la cession à la jambe est le seul mouvement latéral n’associant pas d’incurvation. L’ajout de l’incurvation augmente la complexité de l’exercice mais elle permet aussi un travail encore plus complet du cheval. Le postérieur intérieur doit s’engager d’autant plus fortement. A cela est associé le travail des chaînes musculaires latérales ainsi que des muscles entourant la colonne vertébrale et rendant possible une incurvation.
Les déplacements latéraux peuvent être variés à l’infini, en ligne droite ou sur le cercle, en changeant l’incurvation, en sollicitant davantage les épaules ou les hanches, en associant des transitions dans l’allure… Cette multitude de possibilités fait des déplacements latéraux des exercices très complets et permettant un assouplissement et une musculation générale. La souplesse et la musculation ainsi acquises améliorent l’ensemble de la qualité des allures du cheval et l’aisance de ces déplacements.
Assouplissement
L’assouplissement lors des déplacements latéraux est plus important qu’en ligne droite. En effet, on associe au mouvement en avant un petit effet latéral. En l’alternant d’un côté puis de l’autre c’est l’ensemble des muscles qui entourent les épaules et les hanches qui sont sollicités.
Au plus le mouvement sera latéralisé et au plus il fera intervenir les muscles abducteurs et adducteurs, donc internes et externes aux membres. A l’inverse un déplacement latéral très dans le mouvement en avant (et peu sur le côté) sollicitera davantage les muscles de la propulsion, renforçant ainsi l’ensemble de la musculature qui entoure les épaules et les hanches.
Musculation
Chez le cheval, tous les muscles abducteurs et adducteurs ont une importance moindre par rapport à l’ensemble des muscles propulseurs qui sont constamment sollicités. Aussi tout le travail d’assouplissement effectué avec les déplacements latéraux aura un impact sur la musculation par le simple fait d’utiliser ces muscles.
Je pense qu’on pourrait comparer les déplacements latéraux à la pratique de l’équitation. Mettez un novice sur un cheval, au bout de 20 minutes, le simple fait d’être assis sur le cheval au pas lui provoquera des douleurs dans les muscles abducteurs. Je pense que la sensation devrait être assez similaire pour un jeune cheval qui débute les déplacements latéraux.
Sur les schémas ci-contre vous voyez l’action de contraction et d’étirement des muscles au niveau du poitrail lors d’un déplacement latéral. Il en est de même pour les muscles de l’arrière-main ainsi que ceux du garrot, de l’épaule et du dos qui rendent possible le glissement de l’omoplate.
Les exercices
Commençons par les plus simples d’entre eux qui s’effectuent à l’arrêt mais aussi au pas et au galop dans le cas de la pirouette. Nous avons le demi-tour autour des épaules (ou pirouette renversée) et le demi-tour autour des hanches (ou pirouette). Ces exercices ne sollicitent le déplacement que des antérieurs ou des postérieurs : le cheval pivote alors sur lui-même. Si cet exercice est effectué à des fins éducatives, le cheval n’a pas forcément la bonne incurvation. En théorie, le cheval doit regarder du côté de ses hanches. L’incurvation est la même pour la pirouette et la pirouette renversée que celle de l’appuyer.
La cession à la jambe, comme je l’ai dit précédemment, ne fait pas intervenir d’incurvation : le cheval se déplace latéralement sans aucune sorte de ploiement. C’est un exercice que je n’utilise que très peu ou seulement à des fins éducatives pour effectuer la transitions vers l’appuyer qui est bien plus élégant et intéressant au niveau biomécanique.
L’épaule en dedans est l’exercice d’assouplissement par excellence puisqu’elle était utilisée par les plus grands maîtres depuis qu’elle fut mise en lumière par La Guérinière au XVIIème siècle. C’est le seul exercice de deux pistes qui utilise principalement la jambe intérieure à la sangle puisque tout les autres s’appuient sur la jambe extérieure en arrière de la sangle pour entamer le mouvement latéral. Pour ne pas vous tromper dans l’incurvation, souvenez vous que dans l’épaule en dedans, le cheval regarde du côté d’où il vient.
L’appuyer est le Graal du déplacement latéral, effectué principalement sur les diagonales de la carrière il nécessite un vrai tact pour que les hanches se maintiennent au même niveau que les épaules sans jamais les dépasser sinon c’est la faute : l’entablement. Pour ce qui est de l’incurvation, le cheval regarde où il va ce qui correspond à l’inverse de l’épaule en dedans.
On pourrait rapprocher la pirouette et la pirouette renversée de l’appuyer puisque les aides et l’incurvations sont les mêmes. La seule différence réside dans l’activité des épaules par rapport à celle des hanches. Dans l’appuyer, le déplacement se fait sur une ligne droite alors que la pirouette est une sorte d’appuyer sur un cercle. Les hanches décrivent une très petites voltes alors que les épaules décrivent un cercle plus grand.
La pirouette renversée qui consiste à faire déplacer les hanches autour des épaules a peu d’intérêts comparé aux autres types de déplacements latéraux puisqu’elle a tendance à reporter du poids davantage vers l’avant-main et compromet l’équilibre. Cependant c’est un excellent exercice d’un point de vue éducatif pour apprendre la jambe isolée à un jeune cheval.
Si cet article vous a aidé, n’hésitez pas à le partager ! Dans le prochain article de cette série nous parlerons de l’assouplissement et la musculation du cheval dans le travail à pied…
APPRENDRE LA JAMBE ISOLÉE ET RÉALISER VOS PREMIERS DÉPLACEMENTS LATÉRAUX
Vous aimeriez faire de jolis déplacements latéraux avec votre cheval mais vous ne savez pas comment vous y prendre pour commencer ?
Suivez la méthodologie avec ces 2 audios à écouter à cheval + les 3 fiches théoriques
Vous n’avez plus qu’à vous laissez guider jusqu’à vos premières foulées de déplacement latéral.
Abonnez-vous à mes cours en ligne
Si mon approche vous plaît, que vous aimeriez prendre des cours avec moi mais que vous êtes trop loin,
La plateforme de cours en ligne est justement faite pour ça,
En vous abonnant, vous recevrez chaque semaine un nouveau cours audio à écouter à cheval accompagné de sa fiche dédiée ainsi que de nombreux autres avantages
2 Responses
Bonjour,
L’épaule en dedans est un travail sur 3 pistes, voir 4 pistes si l’angle du cheval avec la piste devient supérieur à 30° et non 2 pistes comme vous l’indiquez.
Cordialement.
Bonjour,
Vous confondez deux expressions qui se ressemblent mais qui ne signifient pas la même chose.
Il faut distinguer le travail de deux pistes qui englobe tous les déplacements latéraux et qui se dit en opposition au travail que l’on fait dans la rectitude en gardant les épaules devant les hanches.
Ensuite, dans le travail de deux pistes, notamment dans l’épaule en dedans, on peut parler du nombre de pistes pour désigner l’angle de cette épaule en dedans à savoir donc de 3 pistes ou de 4 pistes.
Attention de ne pas confondre ces deux termes, le travail de deux pistes ne désigne donc pas le nombre de pistes dans l’épaule en dedans mais les déplacements latéraux en général.
Merci de votre compréhension