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Mettre son cheval en main : les 3 ingrédients magiques

Avoir un cheval dans une attitude stable, qui l’aide à fonctionner correctement et dans le bon sens est la difficulté majeure que rencontrent la plupart des cavaliers. Si en plus vous avez fréquenté différents club, vous avez peut-être remarqué que toutes les méthodes que l’on a pu vous enseigner ne marchaient pas forcément avec tous les chevaux. Je pense que lorsqu’on parle de mise en main, on passe à côté d’un élément essentiel et indispensable : la décontraction de la mâchoire.

Définition

La mise en main correspond au cheval qui a son chanfrein à la verticale ou légèrement en avant de la verticale. Sa nuque est le point le plus haut et cette attitude doit, dans l’idéal, rester stable aux 3 allures et dans tous les mouvements demandés. En général c’est le signe d’un bon fonctionnement biomécanique du cheval, mais il existe toujours des exceptions avec les chevaux qui se mettent en arrière de la main, qui lâchent le mors ou qui creusent le dos.

Les différentes méthodes

  • Cisailler la bouche

C’est le fameux droite – gauche, que l’on peut observer au niveau du mors dans la bouche qui semble se promener d’un côté à l’autre et qui se répercute parfois sur toute l’encolure du cheval que l’on observe alors faire « non » de la tête. Cette façon de faire est disgracieuse et oblige le cavalier à le faire constamment puisqu’elle n’est plus efficace lorsque le cavalier cesse. Sur des chevaux qui ont été monté par un ou des cavaliers ayant le défaut de le faire constamment, on observe qu’ils continuent de le faire d’eux-même au trot particulièrement même lorsque le contact est identique sur les deux rênes.

  • Utiliser un enrênement

Hormis pour des chevaux de club ou des cavaliers pas suffisamment expérimentés pour mettre un cheval sur la main je ne recommande pas l’usage d’un enrênement. Les chevaux ont tendance à s’appuyer et à peser sur cet enrênement sans jamais céder vraiment et lorsqu’on le retire complètement, le problème reste le même.

  • Le tire-pousse

Cette façon de faire consiste à résister de façon égale dans les doigts et en fermant les jambes, le cheval cède dans sa nuque et vient se mettre en place. Si elle est utilisée avec tact, ce qui est plutôt rare à mon sens, cette façon de faire ne pose pas de problèmes. Il y a certains chevaux qui ne supportent pas du tout cette méthode et refusent d’avancer, deviennent lourd à la main et à la jambe.

  • Jouer dans ses doigts

Qui veut tout dire et rien dire à la fois et qui s’apparente souvent à du cisaillement comme on a vu plus haut. Il y a aussi les adeptes du cercle pour la mise en main et qui alors ne jouent plus que sur une seule rêne, souvent la rêne extérieure au pli. C’est une façon de faire plutôt efficace mais lorsque l’on revient sur des lignes droites, c’est le flou artistique.

L’ingrédient magique

D’après mon expérience, il y a plusieurs « ingrédients » à avoir pour faciliter la mise en main. En revanche cela peut demander plusieurs séances avant que cette dernière soit effective

  • La décontraction

C’est l’élément essentiel à obtenir du cheval pour avoir un début de mise en main, même si le chanfrein ne vient pas se placer à la verticale tout de suite. Pour qu’il y ait décontraction il faut qu’il y ait absence d’effets de force : on ne demande pas à quelqu’un de se décontracter en lui mettant 3 gifles, donc pour le cheval c’est pareil.
Soyez attentifs à la relation que vous avez avec la bouche du cheval, il ne doit pas grincer des dents, passer la langue ou lâcher le mors ce serait un signe évident d’inconfort. Recherchez par l’intermédiaire de votre main à agir sur la commissure des lèvres ce qui peut demander de lever un peu les mains en les avançant pour ne pas tirer. A chaque instant, recherchez d’abord à avoir un cheval qui mâche son mors et cédez immédiatement même s’il n’est pas encore sur la main. Voir l’article sur la décontraction de la mâchoire.

  • Rééquilibrer

On dit que lorsqu’on a un problème avec le bout du devant, il faut rechercher la solution derrière et inversement. Cela signifie que les problèmes de mise en main peuvent aussi découler de l’arrière-main. En mobilisant l’arrière-main par des déplacements latéraux, on reporte du poids sur l’arrière-main, on rééquilibre le cheval et on améliore la propulsion. Ce simple rééquilibrage peut suffire à faire tomber le cheval dans la main. Encore une fois, c’est un déplacement qui doit s’effectuer sans force, dans une allure confortable pour le cheval afin de susciter la décontraction.

  • Être patient

Si vous avez un cheval qui ne cède pas facilement, qui ne mâche pas son mors ou autre, cela peut prendre un certain temps avant qu’il ne soit réceptif à vos actions de mains. Gardez en tête que vous recherchez la décontraction de la mâchoire, la mise en main est en fait le résultat de cette décontraction.
Si malgré tout cela vous ne trouvez pas la solution, ne perdez pas patience et posez-vous les bonnes questions pour trouver ce qui correspondra le mieux à votre cheval. Prenez du recul et remettez-vous en question, peut-être que vos aides sont trop fortes, vous bougez vos bras au lieu de bouger uniquement vos doigts sur les rênes, vérifiez que le contact est constant, apprenez à céder au bon moment, repassez à l’allure inférieure pour que ce soit plus confortable…

Le principal défaut des cavaliers d’aujourd’hui c’est qu’ils sont toujours trop pressés d’avoir leur cheval en place. Ils s’agacent lorsque ce dernier sort de la main à l’occasion d’une transition ou dans un déplacement latéral or c’est la meilleure façon de nuire à la mise en main et de provoquer des contractions chez le cheval : la situation se dégrade.

Un cheval qui sort de la main exprime simplement, un manque de souplesse et de force parce que l’exercice demandé nécessite un effort inhabituel de l’arrière-main. Les chevaux un peu vert dans le travail réussissent souvent beaucoup mieux des exercices qui demandent un abaissement des hanches lorsqu’ils sont au-dessus de la main. Il faut comprendre que la mise en main est un résultat et que la décontraction de la mâchoire avec un cheval qui mâche son mors est le point de départ de ce travail.

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6 commentaires sur “Mettre son cheval en main : les 3 ingrédients magiques

  1. Le Guillou dit :

    Bonjour ! Mon cheval à 14 ans et n’a jamais appris la « mise en main », de ce fait j’essaie tant bien que mal toutes les techniques possible mais rien n’y fait… J’ai l’impression qu’il ne comprend pas ce que j’attends et je ne sais plus quoi faire pour y arriver.. Je me demande si je devrai changer de mors (il a toujours eu un mors a olive simple) ou carrément essayer le sans-mors je ne sais pas…

    1. Alexandrine Nobis dit :

      Bonjour,
      La mise en main nécessite une préparation et surtout du tact et un bon timing de la part du cavalier. Je l’enseigne dans mon abonnement en ligne et tous mes élèves y parviennent assez rapidement. Le fait de changer de mors n’aidera pas pour la mise en main, je le recommande seulement pour les chevaux ayant de gros problèmes de décontraction et des signaux d’inconforts de la bouche lorsqu’ils sont montés.

  2. Sandy dit :

    Bonjour ☺️, heureuse de vous trouverez .

    J’ai vraiment besoin d’aide je remet tout en question !
    J’ai repris un cheval Lusitanien croisé Arabe il y a 1 ans maintenant.
    Bon niveau de dressage autant pour moi que pour lui mais …..
    Il a été monter en double rênes mors droit espagnol pendant 10 12 ans…
    Il était très léger voir un peut trop (moi j’aime les chevaux léger mais là je n’avais rien absolument rien) .
    J’ai rencontré un écuyer de l’école de légèreté de Philippe Carl et je prend des cours avec mais c’est une catastrophe car il dis que mon cheval casse sa nuque et que nous devons lui apprendre à ouvrir sa nuque (mon cheval ne s’encapucheonne pas ) ou que très peut parfois.
    Il m’a fait également changer de mors , mors espagnol droit à un filet à aiguilles brisé.
    Mon cheval à 14 ans Aujourd’hui et sincèrement c’est autant difficile pour moi que pour lui que ce soit un niveau phsycologique ou physique!

    Je dois monter mes mains tellement hautes pour lui apprendre à s’appuyer sur le mors et à essayer de descendre en ouvrant sa nuque que j’ai juste l’impression que tout notre passer n’est que déchet !

    De plus depuis je trouve qu’il devient monter à l’envers de plus en plus et l’ostéopathe à décelé une faiblesse qu’il n’avait pas avant au niveau du dos à l’emplacement de la selle.

    L’ostéo me dit de l’aider parfois avec des entraînements en longe .. lui dit non!
    De monter parfois en rênes allemandes où je peux moi gérer … Lui dit non!

    Alors voilà en gros je suis perdue !

    Si tu peux m’aider .
    Merci sandy

    1. Alexandrine Nobis dit :

      Bonjour Sandy,

      Je pense qu’il faut que tu te pose d’abord la question de savoir ce que tu recherche toi.
      Quel genre d’équitation t’intéresse ? Qui sont les cavaliers que tu admire ? Comment ils montent exactement ?
      C’est très important de choisir ton enseignant en fonction de ses envies là.

      Tu ne peux pas suivre l’enseignement de P.Karl si tu veux monter comme I.Werth et inversement. Les deux sont incompatibles tout comme on ne monte pas avec un enseignant western quand on veut faire du cso…

      Il faut déjà que tu prennes conscience qu’il n’y a pas une équitation mais des équitations et qui si tu rencontres des avis aussi contradictoires c’est parce qu’il ne s’agit pas de la même façon de travailler. Il semblerait que ton ostéo ait une vision un peu mécaniste voire fédérale de l’équitation qui est en opposition avec les principes de l’école de légèreté de P.Karl.

      En fait il faut choisir.
      Il n’y a pas de mauvaises méthodes, il n’y a pas une façon de faire mieux qu’une autre.
      Par contre il y a la façon de faire, la méthode, l’enseignement que tu as envie de suivre.
      C’est possible aussi de se tromper, d’aller dans une direction et de te rendre compte que ce n’était pas exactement ça que tu cherchais.
      Il n’y a pas de problèmes avec ça, il suffit de l’accepter et de passer à autre chose.

      En tout cas si tu as besoin d’en parler, n’hésites pas à m’envoyer un mail 😉

  3. Margot dit :

    Je découvre ce site en recherchant des conseils sur internet et je dois dire que je ne suis pas déçue ! Je reviendrai volontiers y faire un tour. J’ai maintenant un programme de travail plus clair avec ma jument qui manque d impulsion, et donc qui n’est jamais sur la main « légèrement ». Petite question tout de même : j’aimerais travailler l’impulsion sans rien lui demander devant, pour lui apprendre une chose à la fois et que mes demandes de se porter en avant ne soient jamais contredites par mes mains. Seulement, si je ne la « met » pas en place devant, elle lève la tête, creuse son dos et est rétive à mes jambes. Alors que si je la « force » un peu à venir sur la main, ses postérieurs travaillent mieux et elle travaille dans le bon sens. Je sais que ce n est pas dans le bon ordre car elle manque d impulsion à la base, mais je n arrive pas lui en donner sans la mettre en main devant. Je ne sais pas si je suis assez claire? Un conseil?

    1. Alexandrine Nobis dit :

      Bonjour Margot,
      Je pense avoir compris le problème que l’on pourrait résumer à : mise en main = impulsion et pas de mise en main = pas d’impulsion.
      Pour moi ce n’est pas forcément une mauvaise chose.
      Une question tout de même, est-ce qu’elle vient sur la main à l’arrêt ? Il faut toujours commencer par là pour que le cheval comprenne que la main ne signifie pas forcément de ralentir.
      Un conseil pour développer l’impulsion, travailler énormément sur les transitions (en faire tout le temps) aussi bien dans une même allure que pour passer d’une allure à une autre et tout ça en conservant un cheval sur la main. Mon exercice préféré est de passer d’un pas ralenti à l’extrême au trot le plus allongé possible, le cheval doit être alors au pas ralentit mais prêt à jaillir vers l’avant. On peut avoir besoin d’utiliser la cravache au début mais après plusieurs répétitions, le cheval devient très attentif et disponible.
      Au plus le cheval est « mou » au moins il faut utiliser ses jambes.

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