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Monter le dos de son cheval, une fausse solution…

Travailler son cheval en extension d’encolure, autrement dit, monter le dos de son cheval, pourquoi est-ce une fausse bonne idée ? Explications et biomécanique sur cette pratique de plus en plus répandue et encouragée…

A quoi sert l’extension d’encolure et quels en sont les effets ?

L’extension d’encolure c’est lorsque le cheval baisse la tête vers le bas de la même manière que s’il s’apprêtait à brouter. Lorsqu’il baisse la tête ainsi, de façon plus ou moins prononcée, la colonne vertébrale du cheval se retrouve étirée sur toute sa longueur avec une tendance à remonter vers le haut dans sa partie dorso-lombaire. Ce voussement du dos du cheval évite les atteintes directes sur la colonne vertébrale et permet de façon passive, de rendre le poids du cavalier plus facile à porter.

L’ennui c’est que l’encolure est un balancier et cette position vers l’avant et le bas déplace le centre de gravité du cheval dans cette même direction et entraîne un affaissement du garrot et une surcharge des épaules du cheval.

L’extension d’encolure est donc à double tranchant, on soulage une partie mais on en surcharge une autre. Pourtant, la majorité des pathologies rencontrées chez les chevaux de sport concernent essentiellement, non pas la colonne vertébrale qui est une structure osseuse et cartilagineuse très rigide et protégée par de nombreux ligaments et muscles mais les articulations antérieures inférieures (tares, tendinite, syndrome naviculaire…) qui elles sont constitués uniquement d’os, de tendons et de ligaments dont l’usure est quasiment irréversible.

Autre remarque qu’il est important de souligner, que le cheval soit au pré ou au box, il passe naturellement plusieurs heures par jour dans la position de l’extension d’encolure pour se nourrir. Il est difficile je pense de vouloir affirmer ensuite qu’il a besoin d’être placé encore dans cette position pour étirer son dos puisqu’il le fait déjà à longueur de journée.

Comment aider le cheval à mieux porter son cavalier ?

La discipline du dressage en équitation a pour but, entre autres, d’aider le cheval à mieux porter son cavalier par un travail d’assouplissement et de musculation.

Pour cela, plutôt que de vouloir préserver le dos au détriment des articulations inférieures, on recherchera le report du poids sur l’arrière-main. Ce report de poids vise à aider le cheval à porter le cavalier non pas en montant son dos mais en répartissant le poids excédentaire que représente le cavalier sur son arrière-main. Pour que ce report de poids s’effectue correctement il est indispensable que la nuque du cheval soit la plus haute possible.

L’équilibre du cheval est bien mais le postérieur devrait s’engager davantage sous peine de creuser le dos du cheval

Au niveau des articulations inférieures, l’arrière-main est mieux pourvue que l’avant-main pour supporter une surcharge car elle possède un plus grand nombre de bras de leviers qui peuvent se ployer ensemble à la manière d’un ressort (grasset, jarret, boulet). L’avant-main, avec son épaule entourée de muscles et plaquée contre les côtes a un rôle locomoteur et permet aux antérieurs de s’avancer et de se reculer sous la masse. Le coude et le genou antérieur permettent aux pieds de se soulever du sol, comme ils ne peuvent se plier que dans une seule direction il n’ont aucun rôle pour amortir un choc ou une surcharge, il ne reste alors plus que le boulet pour jouer ce rôle. On comprend alors pourquoi cette zone est si fragile et si sujette aux pathologies chez le cheval.

Comment reporter du poids sur l’arrière-main ?

Tout d’abord, c’est un travail qui doit être progressif et qui demande du temps car lorsqu’on parle de report de poids sur l’arrière-main on parle aussi d’abaissement des hanches et donc de rassembler. Nous n’allons pas rentrer dans les différentes subtilités qui le composent mais j’aimerais que vous compreniez l’esprit général de cette recherche.

Différents exercices peuvent amener le cheval à l’abaissement de la hanche s’ils sont rigoureusement exécutés.

  • L’incurvation, abaissement léger de la hanche interne
  • Les déplacements latéraux
  • Le reculer, abaissement des deux hanches

Une fois que la hanche est abaissée, le report de poids est facilité mais il n’est pas systématique. Pour cela il faut prêter attention à plusieurs choses :

  • Conserver un contact léger avec la bouche du cheval
  • Obtenir un relèvement de l’encolure (même si le cheval s’ouvre légèrement)
  • Surveiller que le cheval ne fuit pas le mouvement en s’échappant sur son épaule
  • Accepter que le cheval ait besoin de ralentir l’allure / ne pas le laisser précipiter

Pour conclure cet article, l’extension d’encolure aide bien le cheval a porter plus facilement son cavalier tout comme les anti-inflammatoires permettent de soulager une douleur lombaire à court terme. En revanche, la recherche du report de poids sur l’arrière-main est une solution plus profitable sur le long terme comme la pratique d’un sport tel la natation pour muscler et faire travailler le dos de quelqu’un atteint de lombalgie. Si la première méthode est instantanée et rapide à mettre en place elle présente cependant des effets secondaires indésirables que l’autre méthode, qui résoudra de façon définitive mais au prix d’une implication et d’un travail plus important.

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15 commentaires sur “Monter le dos de son cheval, une fausse solution…

  1. Yves Samain dit :

    Bonjour, J’ai pris un trotteur de 9 ans qui n’a jamais vraiment travaillé, il a tendance à lever la tête et creuser le dos(comme un jeune cheval). je le travaille depuis 4 mois et j’essai de lui faire baisser la tête par des flexions d’encolures.il est maintenant dans une attitude un peu plus basse, J’ai compris votre article mais en tenant compte de son état d’avancement, dans quelle attitude je dois travailler pour le faire progresser ?
    Merci

    1. Alexandrine Nobis dit :

      Bonjour Yves,
      Au tout début du dressage, mon conseil est d’avoir avant tout la mobilité de mâchoire et laisser le cheval choisir sa hauteur de nuque. La mobilité de mâchoire amène effectivement la décontraction et le confort.
      Une encolure relevée ne rime pas nécessairement avec un dos creux, si les postérieurs sont actifs et mobiles il n’y a pas de raisons de s’inquiéter.
      En parallèle, pour que votre cheval varie la hauteur de son encolure et qu’il travaille différemment, un travail sur des barres au sol et à l’obstacle est très profitable car il va s’orienter pour regarder le dispositif sans que vous ayez besoin de faire quelque chose en particulier ni de lui apprendre à baisser sa tête.
      Le travail du galop vous aidera aussi à obtenir de la rondeur à la fois devant et derrière.
      Si vous avez d’autres questions n’hésitez pas.

      1. Yves Samain dit :

        Un grand merci pour vos conseils, concernant le galop, c’est un trotteur à qui on a interdit de galoper, auriez-vous un conseil à me donner à ce sujet sachant que le piste ne fait que 30 m sur 15m ? Merci

        1. Alexandrine Nobis dit :

          Pour initier le galop, faire sauter en longe pour déclencher le galop après l’obstacle c’est la solution la plus courante pour ce genre de cas. Lorsqu’il prendra facilement le galop en longe et qu’il commencera à être à l’aise de tourner au galop, vous pourrez faire pareil monté.

          1. Yves Samain dit :

            Un grand merci pour ces précieuses informations.

  2. Isabelle dit :

    Merci Alexandrine pour cet article. Le poids du cavalier surchargeant les épaules du cheval, il me parait plutôt logique de vouloir reporter du poids sur les hanches pour retrouver l’équilibre. Après on peut laisser le cheval étendre son encolure, ne serait-ce qu’au pas rênes longues, pour lui donner un break et ne pas lui demander d’utiliser ses muscles en permanence mais cela ne nie en rien l’importance du rassembler. Car un cheval rassemblé et qu’on ne dirige qu’à l’assiette (voir par la pensée) c’est un petit bout de paradis sur terre et tellement plus agréable qu’un cheval qu’on porte à bout de bras—pour lui comme pour nous.

    1. Alexandrine Nobis dit :

      C’est tellement ça Isabelle !

  3. allukard dit :

    Il s’agit du faux placй. Le cavalier « met en main » son cheval dans une attitude haute. Il n’a sollicitй que la bouche avec ses mains et non les postйrieurs et le dos avec ses jambes. Cela donne une attitude artificielle, obtenue par la force des bras, et absolument nйfaste pour le dos du cheval.

    1. Alexandrine Nobis dit :

      Bonjour,
      On ne sait pas de quoi vous parlez exactement,
      Dans le doute je vous laisse étudier cette vidéo de P.KARL sur le relèvement de l’encolure qui lorsqu’il est bien fait ne creuse pas le dos et reporte même du poids sur les postérieurs (à l’arrêt en plus, c’est incroyable non ?)
      https://www.youtube.com/watch?v=UbG-AGdDrt4
      PS : Et vous avez raison d’un côté parce que ce n’est néfaste que quand c’est demandé par la force des bras (ça me semblait tellement évident que je n’ai peut-être pas pensé à préciser, vous devriez lire mon article sur la décontraction de machoire)

  4. Clémence dit :

    Bonjour,
    J’ai trouvé l’article très intéressant et avec une logique qui se tient mais j’ai quand même quelques petits points que je ne comprends pas forcément… propriétaire depuis quelques années d’un trotteur français qu’on a réformé tranquillement avec ma coach, les premiers galop de mon loulou au était bien évidement en déséquilibre et sur les épaules. Pour éviter ça on a d’abord travaillé la nuque assez haute et avec un cheval très ouvert, le plus simple pour qu’il se tienne. Mais depuis 4 ans maintenant on travail beaucoup en extension d’encolure également.
    Ce que je ressens et ce que j’observe lorsqu’il travail en extension avec moi est le mécanisme suivant : mon cheval vient chercher son mors en décontraction, prend contact dessus et exerce une légère tension sur ma main que je tiens avec mon dos, le maintient de mes jambes, très présentes à ce moment, lui permette de venir engager ses postérieur assez fort sous la masse et il y a une contraction de ses abdos et une remonté de son dos. Je suis d’accord avec le fait que la masse de mon cheval soit alors plus importante sur ses antérieurs, mais je ne comprends pas l’affaissement du garrot puisque dans cette attitude mon cheval reste dans un bon équilibre, léger, et son garrot reste son point le plus haut.
    Par contre lorsque que je le regarde trotter ou galoper la tête en bas au pré, son garrot est effectivement le point le plus bas parce que les postérieurs ne servent alors plus du tout de moteur, puisqu’il ne les pousse plus sous la masse et dans se cas son garrot s’affaisse et il « court » en déséquilibre sur ses antérieurs.
    Par conséquent au vu de ces 2 attitudes différentes avec moi sur son dos ou sans moi je veux bien croire que l’usure n’est pas la même. Dans le cas où je suis sur son dos, je suis d’accord que sa masse étant reporter sur ses antérieurs, ces derniers subissent plus (+) de contrainte mais je ne suis pas d’accord sur la tenue du garrot et de l’équilibre dans ce cas.
    Après c’est possible que je fasse une grosse confusion entre extension d’encolure et descente d’encolure ^^ mais à chaque fois que ma coach me demande de le mettre dans cette attitude elle me demande de le mettre en extension d’encolure c’est pour ça que je me suis sentie concernée par l’article.
    Après ce n’est en aucun cas une critique de votre article je cherche vraiment à comprendre étant donné qu’il s’agit du travail de mon cheval, je cherche à optimiser ce travail au mieux pour optimiser les résultats et la préservation de mon cheval sur les années, par conséquent je cherche la meilleure attitude pour ne pas l’user prématurément.

    1. Alexandrine Nobis dit :

      Bonjour Clémence,
      Je répondrais à vos interrogations par une autre question : A votre avis et à partir des ressentis que vous avez décrits, comment se déplacerait votre cheval si vous effectuiez le même travail mais nuque au point le plus haut ?

  5. Alain Mahieu dit :

    « On se demande juste » si… Philippe Thomas sait lire ! Ou peut-être a-t-il de la paille dans les yeux… Perso, avec mon expérience de 59 ans d’équitation dont 10 ans de compétition en endurance, cette discipline nécessitant une connaissance des structures du cheval afin de le muscler adéquatement et de l’épargner des blessures au maximum, j’adhère depuis longtemps au principe énoncé par Alexandrine Nobis. Je lui tire donc mon « chapeau de paille ». Cela dit, on apprend tous les jours, et dès lors peut-être que Philippe Thomas nous fera découvrir son point de vue en l’expliquant et le démontrant. Voyons.

  6. GERBER dit :

    Bonjour,

    M THOMAS je trouve votre commentaire bien dommage. Si encore vous aviez pris la patience de bien expliquer vos propose sans juste dénigrer les informations données dans cet article, votre avis aurait plus de valeur. Vous avez peut être raison comme vous avez tort. Mais juste dénigrer le travail d’une personne – qui a pris le temps d’écrire et de faire ses recherches pour cet article – montre non seulement votre patience et votre passion … j’espère que vous n’êtes au moins pas pareil à cheval.. vous avez le droit d’être de l’avis inverse ou juste différent, mais pensez à l’exposer clairement qu’on puisses bien comprendre ou bien abstenez vous.

    Je suis tombée très franchement par hasard sur ce site et bien que je n’adhère pas à toutes les dires écrits je le trouve bien construit et enrichit !

  7. philippe thomas dit :

    on se demande juste si vous savez de quoi vous parlez !tans de confondus ! exemple : « l’avant main … a un role locomoteur  » et jamais vous ne parlez du niveau de l’extention , à ne pas confondre avec la descente … bref le but est de vendre … aux chapeaux de paille !

    1. Alexandrine Nobis dit :

      Je ne parle pas de descente d’encolure mais de l’extension d’encolure utilisée de façon active dans le travail (d’où l’utilisation de ce mot et uniquement celui-là), plus l’encolure est basse et plus la surcharge des épaules est importante.
      Après je comprends bien que cet article ne plaise pas à tout le monde.

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